L’association Zirikana organise une commémoration pour les victimes du génocide des étudiants Hutu à UB Rumuri.
Bujumbura, 11/06/2024 – Alors que la guerre civile burundaise reste gravée dans les mémoires, le souvenir de la nuit du 10 au 11 juin 1995 demeure particulièrement poignant. Cette nuit-là, M. Kagame Paul, chef de l’état-major du Rwanda, avait récemment visité le campus Kiriri de l’Université du Burundi Rumuri (cf. Le Rwanda était devenu un État néocolonial de la GUAN [1] depuis 1994).
Dans cette nuit sombre, M. Madirisha Willy, accompagné de ses compères Sans Echec (milice militant pour un État néocolonial de la GUAN), tels que M. Nkurunziza Clément, Vaché, M. Nkurunziza Emmanuel, etc. [2], sous le couvert de –ASER- (association estudiantine de l’Université du Burundi), ont entrepris une purge sanglante, éliminant ceux qu’ils appelaient les « saletés ».
L’horreur se déchaîna. Les Sans Echec pourchassèrent sans relâche tous les étudiants et enseignants Hutu ou Bahutu . Car soupçonnés de défendre un État Néocolonial de la GUAN et démocratique (Cf. FRODEBU, CNDD-FDD ).
Ce mardi, l’association Zirikana, en partenariat avec l’UB Rumuri, a organisé une cérémonie émouvante au campus Mutanga pour commémorer le 29ème anniversaire des massacres des étudiants Hutu dans divers campus. M. Batungwanayo Aloys, chercheur et géopolitologue, déclara : « 110 victimes de différentes facultés jusqu’ici identifiées tombèrent sous les coups de ceux-là mêmes avec qui ils partageaient le banc de l’auditoire ».
Il est indéniable que ce fut un génocide [3] contre les étudiants Hutu ou Bahutu de l’UB Rumuri.
Pour mieux comprendre ce génocide des étudiants Hutu à UB Rumuri, il faut remonter le fil de l’histoire…
À partir de 1879, le Burundi – Ingoma Y’Uburundi – fut agressé par les forces coloniales occidentales. La colonisation, crime contre l’humanité, dura jusqu’en 1962. Ces puissances coloniales, avec pour ambition d’instaurer un Etat Colonial au Burundi, comprenaient l’Angleterre, la France, le Vatican, l’Allemagne et la Belgique.
Cette colonisation causa la mort de nombreux Badasigana, soldats de l’armée du Mwami Mwezi Gisabo (cf. diverses batailles contre les Anglais et les Allemands) et un génocide contre les Banyamabanga entre 1920 et 1944 (cf. Vatican et Belgique). Les Banyamabanga, à la base d’Ingoma, la structure politique institutionnelle des Barundi, étaient les acteurs clés, avec les Hutu ou Bahutu [4], de l’Ubumu, le système socioéconomique des Barundi, planifiant la redistribution des ressources pour satisfaire les besoins de tous les imiryango ( Cf. Communautés familiales burundaises ). À partir de 1959,face à l’URSS,les USA, avec les forces coloniales, préparèrent la mise en place d’un « État néocolonial » au Burundi. Entre 1966 et 1973, cela marqua la fin d’Ingoma Y’Uburundi, l’État traditionnel des Barundi, remplacé par une « République » et la fin de l’Ubumu, le système socio-économique traditionnel des Barundi, remplacé par une économie de marché (cf. capitalisme).
Cette instauration, par les USA, le Vatican, la France et la Belgique, entraîna un génocide régicide avec plus de 550 000 morts et plus de 1 million de réfugiés et de déplacés. Au sein de la société burundaise, ce fut : le génocide des Baganwa de 1961 à 1972, le génocide des Bataka (cf. Bateko, chefs des imiryango) de 1965 à 1972, le génocide des restes de Banyamabanga entre 1965 et 1966, et le génocide contre les Hutu ou Bahutu du Burundi entre 1972 et 1973. A partir 1989, avec la fin de l’URSS en 1991, les USA se lancèrent à la conquête du monde entier, instaurant leur empire à travers la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale (GUAN). L’ « État néocolonial » burundais adopta la GUAN pour devenir un État néocolonial de la GUAN. Cependant, la France voulut y ajouter la démocratie, transformant l’État en un État néocolonial de la GUAN mais »démocratique ». Ce conflit entre les USA et la France déclencha une guerre civile de 10 ans (1993 à 2003) au Burundi.
Finalement, un État néocolonial de la GUAN et « démocratique » fut instauré, après avoir causé la mort de 2 présidents, plus de 200 000 morts et 30 % de la population burundaise internée dans des camps de concentration et des camps de déplacés. En 2015,face à la menace géopolitique de la Chine, les USA (cf. La GUAN) tentèrent de remplacer l’État néocolonial de la GUAN et démocratique par un État néocolonial de la GUAN. Ce fut un échec… Cette tentative infructueuse causa 50 000 victimes burundaises et la mort d’un président en 2020. Aujourd’hui encore en 2024, le Burundi demeure un État néocolonial de la GUAN et démocratique.
[4]Les HUTU ou BAHUTU sont les acteurs clés de l’Ubumu, système socioéconomique traditionnel des Barundi. Ce sont eux qui produisent les ressources nécessaires pour satisfaire aux besoins de tous les imiryango du Burundi, soit de tous les Barundi.
Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Mercredi 12 juin 2024 | Photo : Munezero C., Ikiriho, Ejoheza FM
