Ce n’est pas pour un Safari que Thereza May se rendra, ce 30 Août à Nairobi, mais du tourisme il en sera beaucoup question à l’occasion de sa rencontre avec le président Uhuru Kenyatta. Pour sa première visite sur le Continent depuis son arrivée au 10 Downing Street, la première ministre britannique a en effet choisi le Kenya. Au menu des échanges entre les deux chefs d’Etat, la State House, la présidence kényane, a annoncé des sujets d’intérêts communs notamment la coopération bilatérale, le commerce, la sécurité ainsi que la lutte contre la corruption.

Bien que ça soit la première visite de Thereza May au Kenya, c’est la quatrième fois qu’elle s’entretiendra avec le président Kenyatta. Autant dire que les deux hommes d’Etat se connaissent après leur première rencontre, en mai 2017 à Londres, à l’occasion de la 3e conférence sur la somalie avant qu’ils se revoient en avril de la même année lors du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Commonwealth. A ces rencontres s’ajoutent également deux autres entretiens entre May et Kenyatta lors des deux derniers sommets du G7 au cours desquels le président Kényan a été invité spécial au même titre que certains de ses pairs africains.
A Nairobi, Theresa May tentera de convenir avec le président Kenyatta, des voies et moyens qui devraient permettre de protéger les intérêts commerciaux du Kenya après le « Brexit », en plus d’apporter le soutien de Londres au programme de développement socioéconomique du gouvernement à travers, entres autres, de nouvelles pistes destinées à améliorer les échanges commerciaux entre les deux pays. Plus de 100 entreprises anglaises opèrent en effet au Kenya où elles devront faire face à une concurrence qui sera encore plus rude après le Brexit et il va falloir renégocier certains accords de partenariats entre les deux pays, lesquels viendront remplacer ceux existants mais scellés au nom de la communauté européenne avec laquelle la Grande Bretagne est en voie de divorce.

Le Kenya, un marché important pour la Grande Bretagne
Le choix du Kenya, une des économies les plus dynamiques de l’Afrique de l’Est, n’est pas anodin pour la première ministre britannique en charge de négocier le Brexit et donc de nouveaux débouchées commerciaux après la fin du processus de sortie de la zone européenne. Le Kenya est en effet, un des premiers partenaires commerciaux de la Grande-Bretagne en Afrique bien que le solde commercial entre les deux pays est en faveur de Nairobi.

Selon les chiffres officiels, les exportations kényanes vers le Royaume-Uni ont atteint 35,55 milliards de dollars de marchandises en 2017. Ce qui fait du pays de Sa majesté, la reine Elisabeth, le premier marché européen des marchandises kényanes. Il s’agit principalement du thé, des roses ou des haricots dont les ventes en Europe ont rapporté au pays près de 125 milliards de shilling l’année dernière. Le volume des échanges commerciaux connait également une bonne dynamique sur les cinq dernières années avec un niveau record enregistré en 2015 de 40 milliards de shillings de revenus à l’export.
Selon les mêmes statistiques du gouvernement, en 2017, les importations kényanes ont été estimées à quelques 30 milliards de shillings, alors qu’ils se hissaient à 49 milliards de shillings en 2013. « La balance commerciale entre le Kenya et le Royaume-Uni est en notre faveur, et nous envisageons des mesures afin d’améliorer cette tendance » s’est ainsi réjoui, Monica Juma, la secrétaire d’Etat aux affaires étrangères qui a détaillé à la presse, les enjeux de la visite de la première ministre britannique à Nairobi.
Parmi les secteurs potentiels qui permettront de promouvoir les échanges entre les deux pays, celui du tourisme, un des moteurs de la croissance de l’économie kényane. La Grande-Bretagne, un des principaux pourvoyeur d’IDE du pays, est en effet le plus grand marché émetteur de touristes vers le Kenya avec 168.000 ressortissants britanniques qui ont choisi de visiter le pays du Safari en 2017, soit plus d’un tiers du demi-million de touristes européens qui ont visité le pays la même année.
Rayonnement diplomatique

La visite de Theresa May sera la deuxième visite d’un premier ministre britannique au Kenya après celle historique de Margaret Thatcher en 1988 durant le règne de l’ancien président Daniel Arap Moi. La rencontre entre les deux chefs d’Etat interviendra quelques jours après celle prévue, le 27 Août, à la Maison Blanche entre Kenyatta et Donald Trump, le président américain. Par la suite, le président Kenyan s’envolera pour Beijing en Chine pour participer au Forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) qui démarrera le 1er septembre prochain et au cours duquel, il est revu également une rencontre avec Xi Xinping, le président chinois. De quoi réjouir les autorités de Nairobi qui voient par-là, un rayonnement diplomatique de leur pays grâce à l’offensive du président Kenyatta mais aussi à la place qu’occupe désormais le Kenya sur la scène régionale et internationale.

« En l’espace de deux semaines à peine, nous aurons à échanger avec les leaders des Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine, et cela prouve notre position dans la communauté international », n’a pas manqué de mettre en exergue, la secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Monica Juma.
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Aboubacar Yakouba Barma – La Tribune