Discours du Président Nkurunziza au Sommet Etats-Unis Afrique
1er Sommet « Etats-Unis d’Amérique-Leaders africains »
Washington, 6 août 2014
Présentation de S.Exc. le Président Pierre Nkurunziza, sur le sous-thème « Paix et Sécurité régionales »
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Avant tout, permettez-moi d’exprimer, au nom de ma délégation, notre gratitude au Président Obama, au Gouvernement et au Peuple américains, pour l’accueil chaleureux, qui nous a été réservé, depuis notre arrivée dans cette belle ville de Washington.
Les dernières années ont prouvé que l’insécurité ne connaît ni barrières, ni frontières. La mise à mal de la Sécurité dans une région a certainement des conséquences, à court, moyen ou long terme, sur d’autres régions.
Les défis de l’Afrique liés à la Paix et à la Sécurité, ne sauraient être considérés comme étant propres à notre continent. Une approche globale est nécessaire, parce que, faire l’économie des conséquences outre mers de nos conflits, serait une erreur, aussi monumentale et fatale que les conflits eux-mêmes. Nous avons tous besoin de la Paix. Nous devons tous, œuvrer pour la Paix.
Ainsi donc, la Paix, la sécurité et la stabilité sont d’une importance capitale pour une Afrique libre et prospère. Au cours de la dernière décennie, des efforts soutenus ont été déployés pour lutter contre le fléau des conflits et de la violence à travers le Continent africain. Des avancées significatives ont été réalisées dans l’opérationnalisation de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (APSA). Nous en voulons pour preuve le fonctionnement effectif du Conseil de Paix et de Sécurité, que mon pays a l’honneur de présider ce mois d’aout 2014.
Nous pourrions aussi citer le lancement du Groupe des sages et la mise en place d’autres composantes majeures de l’APSA comme le Système Continental d’Alerte rapide (SCAR) et la Force Africaine en attente (FAA),…Une Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC) a été créée, pour permettre de faire face aux situations d’urgence. En outre, l’Union Africaine a adopté un certain nombre d’instruments relatifs aux droits de l’homme, à la Gouvernance, à la Démocratie,…, qui constituent un cadre juridique consolidé pour faciliter la prévention structurelle des conflits. Et c’est, entre autres, grâce à ces instruments que, sur le terrain, l’on fait le constat d’une diminution considérable de conflits armés traditionnels.
Beaucoup de défis demeurent, car, en dépit des progrès enregistrés l’Architecture Africaine pour la Paix et la Sécurité n’est pas encore entièrement opérationnelle. Ceci limite la capacité de l’Afrique à faire face aux problèmes de Paix et de Sécurité. De même, l’Afrique continue de faire face aux problèmes financiers, surtout en rapport avec le deploiement de troupes et la soutenance des operations de maintien de la Paix.
Le développement de l’Afrique est freiné par les conflits qui l’assaillent. De la Libye au Soudan du Sud via la Somalie, de la République Centrafricaine au Mali et au Sahel, les conflits armés et le terrorisme sapent sérieusement nos objectifs de Développement, inscrits en lettres d’or dans notre Agenda Agenda 2063 pour l’Afrique.
Les dernières semaines ont vu la situation se détériorer en Libye, où des milices très armées défient le Gouvernement et le Parlement légitimes. Beaucoup de pertes en vies humaines et matérielles ont été enregistrées.
Des demarches visant à régler ce conflit ont commencé, notamment avec la nomination de l’Envoyé Spécial de la Présidente de la Commission de l’UA pour la Libye et les pourparlers régionaux à l’effet d’enterrer la hâche de guerre dans ce pays. Les réunions de Hamamet et Alger s’inscrivent dans cette logique. Nous soutenons toutes ces demarches pour la Paix en Libye.
Nous appelons le nouveau Président du Parlement élu de travailler avec toutes les parties pour trouver une solution à la crise qui se poursuit.
En ce qui concerne la République Centrafricaine, des progrès louables ont été enregistrés, ces derniers mois. La tenue de la 5ème réunion du Groupe international de Contact pour ce pays à Addis-Abeba et le lancement du dialogue intra-centrafricains par les pourparlers de Brazzaville, au mois de juillet, constituent un pas dans la bonne direction.
Nous saluons le travail de la Mission de Stabilisation de la RCA sous conduite africaine, la MISCA. Nous formulons le vœu que la Mission des Nations-Unies, MINUSMA, qui prend la relève en septembre 2014, saura bâtir sur les progrès déjà engrangés par la MISCA.
La situation au Soudan du Sud demeure préoccupante, malgré les quelques progrès enregistrés dans le processus de paix. Nous saluons les efforts de la mediation menée par l’IGAD. La guerre dans ce pays a trop duré et a causé une situation humanitaire terrible. D’où un appel à l’application stricte des accords déjà signés.
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Concernant la situation au Mali, nous nous réjouissons de l’espoir renouvelé par les pourparlers d’Alger, qui ont ouvert la voie à la signature le 24 juillet 2014, d’une feuille de route pour le dialogue inclusive malien. Ce processus qui se poursuivra le 17 de ce mois a le potentiel d’écrire une nouvelle et belle page dans l’Histoire du Mali. Il mérite donc nos encouragements.
L’Afrique et les Etats-Unis d’Amérique coopèrent également en Somalie contre les Al Shabaab qui ont perdu, les dernières années, la plupart de leurs bastions traditionnels.
Le terrorisme et le crime organisé, étroitement liés à la piraterie maritime, le traffic d’êtres humains et d’animaux, la drogue,…tuent énormément en Afrique. Des groupes comme Boko Haram et Al Shabaab font des ravages partout, tant en Afrique de l’Ouest qu’en Afrique Centrale et de l’Est. Le terrorisme est véritablement un défi pour tous. Ainsi, le Sommet de Nairobi début septembre sur le thème du terrorisme en Afrique, vient à point nommé.
Excellences Mesdames, Messieurs,
L’Union Africaine et les Etats-Unis d’Amérique, peuvent se réjouir de l’existence d’un solide partenariat dans le domaine de la Paix et de la Sécurité. Ainsi, un Protocole d’accord a été signé en janvier 2013 entre l’UA et le Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique et sa mise en oeuvre a commencé. Le groupe de travail a tenu sa première réunion en juin 2013, et a discuté d’un certain nombre de questions d’intérêt commun comme la Force Africaine en Attente, les mécanismes d’alerte précoce et de prévention de conflits, les questions relatives à la reconstruction et au développement post-conflit, la lutte contre le terrorisme, la sécurité maritime, tous, des sujets de grande portée dans nos relations.
Enfin, la Coopération Afrique-Etats-Unis dans le domaine de la Paix et de la Sécurité demeure fondamentale, dans le domaine des Renseignements, de l’entraînement, du déploiement de troupes et du renforcement des capacités. C’est ensemble que nous pourrons faire véritablement taire les armes. Ainsi, nous aurons preparé l’Afrique de demain.
Je vous remercie.