Accord historique de coopération entre la Somalie, l’Erythrée et l’Ethiopie

Dans la Corne de l’Afrique, les dirigeants de l’Erythrée, de l’Ethiopie et de la Somalie ont signé un accord. Dans ce texte, nouvelle avancée dans leur rapprochement, ils réaffirment leurs liens et renforcent leur coopération. Ce réchauffement fait suite à la paix signée entre Addis-Abeba et Asmara et à la visite du président somalien en Erythrée.
L’accord est court, général, mais à forte portée symbolique. Les trois nations promettent de coopérer les unes avec les autres, de construire des liens politiques, culturels et même sécuritaires étroits. Passage important : chacun s’engage à respecter « l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale des autres ». Une phrase lourde de sens, alors qu’Erythrée et Ethiopie ont été en guerre et que le conflit s’exportait régulièrement en Somalie.

Signer cette entente représente « un honneur », a déclaré le président somalien Farmajo, ajoutant qu’une bonne coopération permettra le développement des trois nations. Le Premier ministre éthiopien a lui prolongé son séjour, notamment pour discuter économie, d’autant qu’Addis-Abeba cherche à tout prix des accès à la mer.

Abiy Ahmed et le président érythréen Issayas Afeworki ont ainsi visité, ensemble, le port d’Assab, parcouru les 71 km de route le reliant à la ville frontière du Bure, avant de se rendre au port de Massawa. Là-bas, le navire Mekele les attendait. Il s’agit du premier bateau éthiopien à accoster à Massawa depuis deux décennies. Il est chargé de transporter le zinc de la mine érythréenne de Bisha.

Enfin ce matin, autre symbole fort : les deux dirigeants ont inauguré une nouvelle ambassade éthiopienne à Asmara. La première en plus de 20 ans.

Déplacement à Djibouti

Dans la foulée, à la surprise générale, les trois ministres des Affaires étrangères de Somalie, Ethiopie et Erythrée se sont rendus ce jeudi à Djibouti. Et c’est un petit événement diplomatique, car l’Erythrée et Djibouti ont un conflit frontalier depuis des années concernant la région de Ras Doumeira.

Accolades et sourires entre le ministre érythréen et son homologue djiboutien, réunion de travail, déjeuner collectif, les délégations ont multiplié les signes d’apaisement. Le litige territorial a été évoqué et les deux camps se sont tendu la main.

« Nous cherchons une solution pacifique. Aujourd’hui est le temps de la paix et nous souhaitons des relations normalisées avec notre voisin », a expliqué le ministre djiboutien des Affaires étrangères Mahmoud Ali Youssouf, décrivant l’Érythrée comme un « pays frère ».

Même bonne volonté chez son homologue érythréen. « La paix dans la Corne de l’Afrique doit être inclusive », a déclaré Osman Saleh. En effet depuis le réchauffement des relations dans la région, Djibouti se retrouvait mis à l’écart.

Pour l’opposant djiboutien Abdourahman Mohamed Guelleh, « cette initiative peut aider à enterrer la hache de guerre et nous sortir de l’isolement dans lequel note gouvernement s’est enfermé ». Le chef du parti RADDE estime toutefois qu’un médiateur est nécessaire et que la justice internationale doit trancher définitivement le litige frontalier.

Par RFI