Beaucoup d’interrogations après l’arrestation au Rwanda d’un ancien proche collaborateur du président Paul Kagame. Le général à la retraite, Frank Rusagara, a été arrêté par la police militaire dimanche soir 17 août 2014. Une information donnée par des proches sous couvert d’anonymat et finalement confirmée mercredi par le ministère de la Défense. L’armée refuse pour l’instant à donner les motifs de cette arrestation, puisque l’enquête serait encore en cours. Mais selon ses proches, Frank Rusagara est un « esprit critique ».
Frank Rusagara était secrétaire général à la défense quand Paul Kagame n’était encore que vice-président et son ministre de tutelle. Celui qui est devenu le chef de l’Etat au Rwanda l’appréciait pour son éducation et ses capacités intellectuelles.
Frank Rusagara a occupé différents postes dans l’armée, essentiellement administratifs : à l’état-major, en charge du personnel, directeur des finances. Il a aussi été président de la cour militaire de justice. Depuis dix ans, il écrit également des articles ou livres sur l’histoire militaire du Rwanda et sur les politiques gouvernementales comme les tribunaux collaboratifs, dits «gacaca». Son dernier poste en date était en Grande-Bretagne, il en a profité pour se lancer dans une thèse à l’université de Londres sur les ingandos, les camps dits « de solidarité nationale ».
Attaché militaire à l’ambassade, Frank Rusagara a été soudainement rappelé l’an dernier, puis démobilisé en octobre 2013 parmi 700 autres officiers. Derrière cette façade très lisse, se cache, selon ses proches et anciens collaborateurs, « un esprit libre, quelqu’un qui n’hésitait pas à critiquer le gouvernement ».
Attaché militaire à l’ambassade, Frank Rusagara a été soudainement rappelé l’an dernier, puis démobilisé en octobre 2013 parmi 700 autres officiers. Derrière cette façade très lisse, se cache, selon ses proches et anciens collaborateurs, « un esprit libre, quelqu’un qui n’hésitait pas à critiquer le gouvernement ».
Contacté par RFI, aucun des membres de sa famille, parmi lesquels David Himbara, ancien conseiller du président Kagame devenu critique, n’a souhaité s’exprimer. Seule sa belle-sœur, Winnie Byanyima, la directrice générale d’Oxfam International, a simplement dit sur Twitter qu’elle espérait qu’il aille bien. D’autres sources évoquent comme motif possible à cette arrestation des liens présumés avec des opposants en exil, dont le parti, le Congrès national rwandais (RNC), est accusé par Kigali d’être une organisation terroriste.
Le RNC, c’est le parti fondé en exil par d’anciens proches du président Kagame, dont Patrick Karegeya, l’ancien chef des renseignements, retrouvé mort assassiné en Afrique du Sud au début de l’année et Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’état-major qui a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat.