Le Parti démocratique vert rwandais, petite formation d’opposition, a engagé une action en justice contre des agences gouvernementales, qu’il accuse de ne pas utiliser la langue française, pourtant considérée comme l’une des trois langues nationales par la Constitution.

« Le Parti démocratique vert du Rwanda a (…), le 8 décembre, déposé une requête devant la Cour suprême concernant le non-respect de la langue française », explique le parti dans un communiqué – en anglais – reçu mardi par l’AFP.

« L’article 5 de la Constitution stipule que le Rwanda utilise trois langues: le kinyarwanda, le français et l’anglais. Cependant, de nombreuses institutions gouvernementales (…) ont choisi d’utiliser l’anglais seul ou avec le kinyarwanda et délibérément laissé de côté le français », regrette-t-il.

Depuis l’arrivée au pouvoir, en 1994, du Front Patriotique rwandais (FPR) de l’actuel président Paul Kagame, rébellion majoritairement constituée d’exilés tutsi souvent nés et éduqués en Ouganda voisin anglophone, l’anglais est devenu la troisième langue officielle du pays. Les deux autres sont le kinyarwanda – langue nationale – et le français, langue du colonisateur belge.

Paul Kagame est lui-même bien plus à l’aise dans la langue de Shakespeare que dans celle de Molière.

L’anglais a depuis largement éclipsé, dans l’enseignement et la vie quotidienne, le français, qui a perdu du terrain à mesure que se dégradaient les relations entre Kigali et Paris, que le Rwanda accuse d’avoir joué un rôle dans le génocide.

Mais de nombreux Rwandais restent très attachés au français et certains ont eu du mal à prendre le virage de l’anglicisation du pays.

Le parti considère que le rejet du français dans les institutions publiques constitue « un obstacle au processus d’unité et de réconciliation nationale car il rend les gens mécontents et incapables de faire valoir leurs droits ».

Le Parti démocratique vert, fondé par des transfuges du FPR est le dernier parti en date à avoir été légalement enregistré au Rwanda, en août 2013. Il est l’une des rares voix critiques, dans un paysage politique ultra-dominé par le FPR et sans véritable opposition.

Récemment, le Parti vert s’était opposé à une éventuelle réforme constitutionnelle devant permettre au président Paul Kagame de briguer un troisième mandat.