Le putsch manqué du 13 mai est encore dans les mémoires. A son retour à Bujumbura, Nkurunziza avait déclaré: » Igiti ntikigukora mu jisho kabiri! Chat échaudé craint même l’eau froide ». Plusieurs envoyés spéciaux de l’ONU, de l’Union Africaine et de la région ont tenté de persuader Nkurunziza de se rendre de nouveau à Dar es salaam. C’est hier que le porte parole du president Nkurunziza a levé le doute. Pour Gervais Abayeho, le président Nkurunziza « ne va pas se rendre à Dar es salaam et il en a informé son homologue tanzanien. Il est pris dans la campagne pour les élections des conseils communaux et des législatives qui se clôture ce 2 juin. ». Le message est clair. Le motif très pertinent. Car, pour le gouvernement du Burundi, les élections doivent se tenir pour éviter un vide institutionnel. C’était d’ailleurs l’avis du Secrétaire général de l’EAC, Richard Sezibera après sa dernière visite au Burundi. Même son de cloche du côté de la CIRGL.

RFI publie sur son site internet que les opposants et la société civile réclament plus que jamais le départ de Nkurunziza. Nul n’ignore que cette demande est restée figée, un point d’achoppement du dialogue organisé par la MENUB et en présence des émissaires de l’Union Africaine, de la CIRGL et de l’Union Européenne. Autrement dit, c’est une demande qui doit évoluer. Les chefs d’Etat savent que quand on veut avancer, il faut pouvoir faire des concessions. L’opposition et la société civile ne peuvent pas obtenir tout: l’abandon du verdict de la cour constitutionnelle et un nouveau report des élections. C’est l’un ou l’autre. On note déjà que la cour de l’EAC vient de se déclarer incompétente de juger l’arrêt de la cour constitutionnelle du Burundi. Au niveau de la CIRGL, le président Edouardo de Santos vient de souligner que Nkurunziza ne brigue pas un troisième mandat et qu’il a le droit de son côté. Donc la légalité et ceux qui l’attaquaient pour violation de la constitution voient le mensonge éclater entre leurs mains comme un colis piégé!

RFI tente de diviser le sommet du moins à l’attention de l’opinion: « la Tanzanie et le Kenya comme étant favorables au maintien de Nkurunziza et le Rwanda et l’Ouganda comme farouches opposants au maintien de Nkurunziza ». Or, ces deux pays (Ougabda et le Rwanda) sont les plus concernés par le non respect des standards occidentaux en matière de démocratie! Le président Museveni est au pouvoir depuis plusieurs décennies. Il compte y rester. Le président Kagame organise une mascarade de pétitions attribuées à la population pour obtenir la révision de la constitution. Les Occidentaux laissent faire pour le moment. Kagame a le culot d’accuser son homologue burundais de ne pas être à l’écoute de son peuple! Le Rwanda n’a pas de leçon à donner au Burundi en matière de libertés publiques. Ne parlons pas des réfugiés.

Ce qu’il faut souligner: le sommet de l’EAC à Dar es salaam de ce dimanche doit donner une orientation claire sur la question du mandat et du calendrier électoral. La demande d’envoi des forces de protection des civils est sans objet. C’est un secret de polichinelle que les organisateurs des manifestations ont violé toutes les lois dès le début et qu’ils ont encouragé les violences. Dire que les manifestants lèvent les mains et chantent l’hymne national, c’est du cynisme. Car c’est une stratégie qui n’a été utilisée qu’une fois et sans arrêter de brûler les pneus, de mettre des barricades et de prendre en otage les élèves et tous ceux qui ne veulent pas participer à l’insurrection. Tous ces faits graves ont été portés à la connaissance de l’EAC. Le sommet doit décourager les fauteurs de troubles et remettre le respect des institutions à l’honneur. Ses décisions sont attendues avec impatience au Burundi.

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