L’attaque des rebelles en province de Cibitoke et les différentes réactions et commentaires des uns et des autres donnent l’occasion de faire une analyse profonde afin de mieux comprendre les méandres de ces agissements et leurs finalités. Dans cette analyse nous allons nous poser des questions et essayerons de répondre par des scénarios probables.
Premièrement, qui sont ces rebelles ? Sont-ils des Tutsi ? Sont-ils des Hutu ? Sont-ils Tutsi et Hutu ? C’est justement l’équation de type complexe qu’il faut décrypter.
Si ces rebelles sont des Tutsi, au vu de la situation actuelle du Burundi, qu’est-ce qui peut les pousser à faire la guerre ? De part leur nombre plus ou moins 15% de la population, ils sont fortement représentés dans l’armée (plus de 50%), dans la police nationale, dans le gouvernement et dans d’autres institutions du pays. Depuis 2005 et dans l’ensemble du territoire nationale, on peut compter sur les doigts le nombre de tutsi assassinés pour des raisons politiques, ils sont présents et bien implantés presque partout, ils sont bien présents dans les ONG, dans la société dite civile, dans les médias, dans tous les partis politiques, dans les églises, dans l’Islam, ils sont nombreux et grands professeurs des universités, ils sont nombreux spécialistes en médecine. Du point de vue économique, ils occupent une bonne place car ce sont des véritables investisseurs. Alors qu’est ce qu’ils maquent quitte à déclencher une guerre ? Est-ce les actions de la Commission Nationale des Terres et autres Biens qui leur dérangent ? Peut être, mais ce n’est pas la raison nécessaire et suffisante. Est-ce le complexe de supériorité de par notre histoire ? Si c’est le cas, ce serait dommage au 21e siècle d’autant plus qu’il faut bien se rappeler que nous ne sommes pas à l’ origine de nos propres talents, comme de notre physique ou autres choses qui nous constituent. Que ce soit la nature ou autre, nous n’avons rien que nous ne l’ayons reçu. Ainsi l’orgueil et le mépris qui en découlent, ou la vengeance due à la frustration sont tout simplement ridicules. Donc, prendre la direction de Cibitoke en tant que rebelles tutsi c’est prendre le grand risque.
Si ces rebelles sont des Hutus, là on ne peut rien dire, ils ont déjà fait la guerre, ils ne l’ont pas gagné mais ils sont parvenus à négocier des accords de partage du « gâteau ». Souvenez-vous que ce n’est pas ni pour des raisons économiques, ni pour des postes politiques que les hutu ont pris les armes, c’est uniquement pour des raisons de sécurité c’est-à-dire de faire partie de la police et de l’armée nationale. D’autant plus que l’histoire avait montré qu’il était impossible pour un hutu de faire la politique sans le soutien des corps de défense et de sécurité. Les exemples ne maquent pas, comme celui du président Ndadaye, du président Ntaryamira et du président Ntibantunganya. Actuellement, les choses ont radicalement changé, les hutu sont bel et bien dans la police nationale et dans l’armée nationale. Du point de vue des observateurs et de nombreux hutu, l’intégration a été parfaitement bien réussie. De plus, sans se voiler la face, ça fait 10 ans que les Hutus sont au pouvoir. Que voudraient alors ces rebelles hutus ? Voudraient-ils 85% du pouvoir ? Non c’est impossible, les accords d’Arusha ne le permettent pas et en plus les tutsi se sentiraient menacés. Voudraient-ils prendre le pouvoir ? Si oui, pas au nom des hutus car la majorité est satisfaite, en plus le terrain d’accéder au pouvoir est déjà tracé, c’est par des élections démocratiquement organisées. Donc logiquement, les rebelles hutus n’ont plus d’arguments pour replonger le pays dans la guerre. A moins que l’adage qui dit qu’un Hutu affamé est prêt à tout, soit vrai ou tout simplement que « Uwushaka umuhutu amutuma uwundi » soit aussi vrai, comme il peut aussi être vrai que « Umuhutu ahaze, yibagira vuba ». Donc prendre la direction de Cibitoke en tant que rebelles Hutu et se faire massacrés tel que ça s’est passé est un signe que le peuple de cette province en a marre de la guerre.
Si ces rebelles étaient des hutus et des tutsi, non seulement ce serait une première dans l’histoire du Burundi mais aussi et surtout une alliance d’intérêts individuels et non d’intérêt national. Toutefois, c’est vrai qu’au Burundi les hutus et les tutsi ont le même ennemi qui est la pauvreté. C’est très idiot de penser que c’est la guerre qui va éradiquer la misère, la corruption et la mauvaise gouvernance. La guerre ne fait que des morts, des refugiés, des handicapés, des veufs et des orphelins, elle ne fait que détruire et c’est tout. Qu’est ce qui peut alors faire en sorte que les hutus et les tutsi s’unissent pour former une rébellion ? Contre qui ? Contre le gouvernement où il y a des tutsi et des hutus ? Contre l’armée où il y a des tutsi et des hutus ? Non il me semble peu probable que ce soit le cas, car plus tard les uns trahiraient les autres.
Deuxièmement analysons le récit des événements
D’abord fin 2011, la télévision française France 24, par son journaliste Pauline Simonet de mère rwandaise, nous informe et nous montre un rebelle rwandophone, s’alignant comme un ex de la force armée Burundaise et déclarant vouloir faire la guerre au Burundi. Du coup, on s’est posé beaucoup de questions : pourquoi un journaliste d’un grand medium comme France 24 quitte Paris jusque dans les hauteurs du sud Kivu, juste pour interviewer un tel rebelle ? Pourquoi cette importance ? Qui ont été derrière cette mascarade ? Signalons que quelques jours avant la diffusion de cet interview, certains sites internet en faisaient avec fierté la publicité. C’était un lobby de communication important, peut être pour préparer la suite.
En octobre 2012, Une attaque des rebelles en provenance de la RDC est signalée en Province de Cibitoke et fut anéantie par les Forces de la Défense Burundaise. La déception fut totale dans les rangs des collabos.
Signalons qu’en RDC, en plus de ces rwandophones qui se disent rebelles burundais, il y a aussi d’autres rebelles du FNL qui eux aussi voudraient lancer des attaques au Burundi mais aussi la présence des FDLR, rebelles hostiles au pouvoir de Kigali.
Alors quel pays au monde, quel gouvernement au monde laisserait tranquille les groupes qui déclarent faire des attaques contre sa population ? Les USA ? Non. La France ? Non plus. Le Rwanda ? Encore moins. Or il se pourrait que le gouvernement burundais se soit convenu avec celui de la RDC pour une patrouille militaire commun à l’intérieur de la RDC. Curieusement, cette présence militaire burundaise au Congo, dérangeait plus les burundais et certains étrangers que les congolais. Alors qui a intérêt à ce qu’il n’y ait pas des soldats Burundais au Congo ? Tout d’abord ce sont les fans et les collabos de ces rebelles burundais qui sont au Congo. Pourquoi ? Parce que l’anéantissement de ces rebelles et leur base arrière hypothéquerait leurs ambitions de contraindre le gouvernement du Burundi à négocier avec eux afin de pouvoir retourner dans les phases de transition interminables. Les autres mécontents de cette présence des soldats Burundais au Congo sont certainement le Rwanda et l’Uganda. Pourquoi ? Parce qu’il y a entente entre les militaires Burundais et Congolais qui n’existe pas entre ceux de l’Uganda et du Congo, encore moins avec ceux du Rwanda. Parce que, les ambitions du Rwanda avec son grand frère l’Uganda sont claires et nettes : sous prétexte d’une vaste couverture sécuritaire, créer une République du Kivu pour mieux étendre leur influence politique et sociale, mais surtout contrôler économiquement la richesse naturelle de cette région. Les militaires Burundais au Congo constituent alors un obstacle majeur dans l’accomplissement de ces futures conquêtes.
Premier complot, vers aout 2014 des cadavres sont repêchés dans le lac Rweru frontalier entre le Burundi et le Rwanda, la tension monte entre les deux pays voisins à propos de la provenance de ces cadavres ? On en a beaucoup parlé mais le Burundi a su évité le piège.
Deuxième complot, vers fin 2014, une vaste campagne est menée contre la présence militaire au Congo. Pour mieux rendre sensible cette campagne, on commence par dire que ce sont plutôt des Imbonerakure qui sont au Congo pour apprendre à tuer, on n’a pas même hésité à montrer des cadavres soit disant des Imbonerakure tombés sur les champs de bataille. Même certains hauts fonctionnaires du BNUB s’en mêlent pour relayer les fausses informations jusqu’au siège des Nations Unies. Certains médias aidés par certains activistes dit « de la société civile » montent au créneau pour crier haut et fort que les militaires Burundais sont au Congo pour entrainer la milice Imbonerakura, dans le but de perpétrer des massacres de type génocide au Burundi. Grâce à cette pression médiatique et un lobby de communication savamment orchestrés et malgré le démenti du gouvernement congolais par le biais de son porte parole, les militaires burundais sont obligés de quitter le territoire congolais laissant le champ libre aux rebelles et aux détracteurs du Burundi à s’organiser.
Troisième complot, quelques semaines après, les mêmes médias et activistes propagent des rumeurs de la présence des gens aux menteaux longs et armés qui circulent pendant la nuit dans certaines communes de Bujumbura. Ils osent dire même que ce sont des Imbonerakure en provenance de la RDC.
Quatrième complot, décembre 2014, des rebelles en provenance de la RDC attaquent dans la province de Cibitoke. Les mêmes médias et activistes pleurent les morts parmi les rebelles, sans même compatir avec la population attaquée. Certains vont même jusqu’à proposer des sanctions contre les militaires burundais qui tuent les rebelles. Pourquoi ces rebelles voulaient entrer dans la Kibira frontalière avec le voisin du nord ? N’est-ce pas stratégique ?
Cinquième complot qui risque d’être le plus déterminant, c’est la suite réservée aux prochaines élections et qui sera candidat à l’élection présidentielle ? Ils disent haut et fort qu’ils sont opposés au 3e mandat comme si autrement, l’opposition gagnerait les élections. Non, c’est une stratégie, ils savent très bien qu’ils ne peuvent pas gagner les élections. Ils maintiennent la pression médiatique et diplomatique sur la candidature de Nkurunziza non pas pour l’empêcher de se porter candidat mais pour préparer les esprits et faire peur aux Bagumyabanga. Dans la suite, juste après les élections ils vont alors passer à l’action en organisant des protestations, des manifestations, des désordres, des désobéissances civiles, des affrontements avec les forces de l’ordre et s’il y a des victimes, ils commenceront à brandir le mot « génocide ». Par là des mains extérieures jusque-là invisibles tenteront d’intervenir soit directement, soit en utilisant certains hauts gradés « achetés » de connivence avec certains milieux civils burundais qui occupent déjà le haut du pavé, ce qui selon leur plan mettrait fin au système CNDD-FDD.
En conclusion, rien n’est le fruit du hasard, tout est planifié, ces rebelles qui ont attaqué Cibitoke en cachent d’autres quelque part, peut être même dans nos quartiers à Bujumbura. Ces coups médiatiques accablants de tous les jours ne sont pas à prendre à la légère. Cette empathie envers les rebelles en dit long. Ces rapports des experts de l’ONU, ces avertissements lancés par certains occidentaux présagent quelque chose. Prenez garde !! Faites en sorte que l’intelligence prime sur les avoirs. « Abansi barakaka » !! Peut être que le Bon Dieu des Burundais va aider à déjouer ces complots.
Bacinoni Roberto