L’Assemblée nationale a, tout récemment, rendu publique une déclaration dans laquelle elle demande à la Communauté internationale de laisser la Justice burundaise suivre, en toute indépendance et en toute souveraineté, le dossier se rapportant à l’assassinat, le 21 octobre 1993, du président Melchior Ndadaye et de ses plus proches collaborateurs ; assassinat aussitôt suivi par des massacres interethniques d’une rare violence qui emportèrent plusieurs vies humaines, et mirent plusieurs autres sur la route de l’exil. L’Assemblée nationale s’inscrit en faux contre les propos du président de la Commission africaine, selon lesquels les mandats d’arrêt émis par la Justice burundaise contre des présumés coupables sont de nature à compromettre l’unité des Burundais et toute démarche visant à la solution de la crise, comme si crise il y avait.
Les élus du peuple ont tenu à souligner que le dossier Melchior Ndadaye en vue d’être rejugé est purement judiciaire et non politique, la séparation des pouvoirs étant une réalité dans notre pays, le Burundi, une République démocratique moderne où l’exécutif, le législatif et le judiciaire travaillent l’un, indépendamment de l’autre, guidés par le seul souci de l’intérêt général de la nation burundaise.
L’intérêt de la nation ne pouvant, en aucun cas, se confondre avec l’impunité, la Justice burundaise a décidé de réexaminer le dossier Melchior Ndadaye, ayant été à maintes reprises, saisie par les membres de la famille des victimes qui estimaient que, comme d’autres nombreux citoyens burundais, le premier jugement n’était qu’un procès ridicule. Ce n’est donc pas le gouvernement du Burundi qui a demandé que le dossier en question soit reconsidéré et rejugé. Ne pas y croire relève tout simplement de la mauvaise foi de la part de ceux qui, ici et là , au Burundi, en Afrique et Outre Méditerranée, affirment haut et fort que l’affaire est politique, alors qu’il n’en est rien. Comme c’est dit plus haut, laissons la Justice burundaise travailler en toute indépendance et en toute sérénité, au nom de la vérité.
Qu’en est-il de la Justice burundaise ? Cette dernière a un seul droit et le plus grand est celui d’actionner la Constitution burundaise. Elle ne peut, en aucun cas, répondre à des jeux politiques dépassés dans le temps et qui ignoreraient ses responsabilités constitutionnelles. Et il faut toujours rappeler que si l’on tient compte de cette légalité, on n’est point obligé d’être en accord avec tout ce qui paraît être un travail illégal.
Notre édifice juridique et réglementaire est bâti sur l’engagement, la compétence et l’intégrité de ces hommes et de ces femmes désireux de défendre les acquis de notre indépendance et de notre souveraineté, et de garantir à chaque citoyen la défense de ses droits. On ne peut, en effet, concevoir une justice indépendante et une défense renforcée, sans une composante humaine constituée d’éléments patriotiques, intègres, compétents et efficaces.
Terminons cet éditorial en réaffirmant que le dossier Melchior Ndadaye n’est pas de nature politique et que ceux qui demeurent aveugles ou sourds à la réalité de la Justice burundaise ne sont que des pêcheurs en eau trouble.
Louis Kamwenubusa