Ces dernières années dans les domaines de la politique, de l’économie et de la sociologie en général, nous avons assisté à une profusion de nouveaux mots les uns plus extravagants que d’autres tous nés de contextes bien connus et identifiables, ces nouveaux vocables laissent indifférents les néophytes et/ou les je m’enfoutistes, alors que toute l’humanité en est concernée. Cependant, à y regarder de près, sous le soleil rien ne change car ce sont jusqu’à présent les mêmes rapports de forces qui dominent. Il est temps que les Africains s’inventent un nouveau paradigme pour imprimer leur propre renaissance.
Tenez, l’Afrique de nos ancêtres savait ce que voulait dire l’hospitalité, l’étranger était toujours le bienvenu, socialement on faisait des échanges gagnant-gagnant qu’on désigne habituellement de don et contre don, tout le monde devait y trouver son compte si non, tout simplement, l’échange ne se faisait pas. Cela n’empêchait pas qu’historiquement il y ait des périodes chaudes et des périodes froides, compte tenu du fait que des royaumes se faisaient et se défaisaient, les empires aussi. Les valeurs d’Ubuntu n’inhibaient pas la créativité, l’innovation, les ambitions ni les dynamiques socio-politiques que du contraire.
Et puis sont venus d’autres sans être invités mais avec la force de la croix et de la bannière, poussés par le goût du lucre et de la convoitise, partout où il y avait moyen de prélever quelque chose, en faisant fi des populations autochtones, il fallait y planter son drapeau et commencer directement l’exploitation économique, tout était économiquement valorisable notamment l’esclavage avec ses 400 millions d’individus producteurs, pas mal pour s’enrichir, la colonisation pour piller le sous-sol et aujourd’hui sous l’ère du néo-colonialisme on nous parle de mondialisation et de globalisation, blanc bonnet – bonnet blanc (umwungu wa rwa ruyuzi), on continue la mise en œuvre de la stratégie qui gagne et tant pis pour les faibles, les dominés.
Pour adoucir ou pour mieux faire passer la pilule, on nous chante les vertus du partenariat et des droits de l’homme, comme dirait l’autre il n’y a que les gouvernements africains qui doivent se soumettre au partenaire avant de décider quoi que ce soit, autrement déstabilisation, coup d’état avec ou sans assassinat. Les plus sages peuvent jouir d’une bonne coopération au bénéfice des populations des entités en présence, mais après analyse le constat est amer, le bénéfice se fait de façon inégalitaire et à géométrie variable. Le gain suit le rapport de force le plus dominant.
On n’apprend rien de nouveau, nos ancêtres disaient déjà que la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit, le plus dramatique est que pour le continent africain, la main qui donne retire la modique aumône sous les pieds de celui qui reçoit et le gros du butin lui passe sous le nez. On affirme alors qu’il s’agit d’un pays développé qui aide un pays pauvre ! Le moment est enfin arrivé pour étudier la forme de cette pauvreté pour qu’en définitive on y apporte les réponses adéquates, sans faux-fuyants et avec détermination. Même au dernier G7, on a reconnu que l’avenir du monde est en Afrique, il ne reste plus qu’à identifier cet avenir.
Le seul langage qui signifie quelque chose et agréable à entendre pour les néo-colons c’est celui qui rapporte un intérêt mercantile, qui assure leur domination, sur cette base depuis les années 60, le continent africain a connu des dizaines de coups-d’état, rien qu’au Burundi le Major Buyoya en a réussi deux et en 2015 il a failli réussir un troisième. Dans ces conditions il ne faut pas s’étonner qu’il soit le champion et le préféré de ces milieux, comme « démocrate » on ne fait pas mieux.
Quand le soleil brille on voit l’arbre et son ombre, on peut même profiter de cette ombre et se mettre à l’abri d’une canicule mais quand le vent souffle fort, il ne faut pas surveiller l’ombre, non non non, c’est de l’arbre que pourrait venir l’éventuel danger. De même, il ne faut pas regarder le doigt qui montre la lune, c’est l’astre qui est concerné le doigt ne montre que la direction, il en va de même pour l’écho et la voix. Quelles que soient les circonstances, le discernement doit rester de rigueur ? Tout discours, tout geste en cette période, avant les élections de 2020 doit faire l’objet d’une analyse approfondie, pesé et soupesé (ingwe yagukanze).
Ceux qui vilipendaient le Burundi hier, aujourd’hui font semblant de s’amender, si c’est sincère applaudissons des deux mains mais restons, tout de même, vigilants.
Ruvyogo Michel