La Chine a remplacé les États-Unis en tant que moteur de l’économie mondiale. C’est ce qui ressort des chiffres que le Fonds monétaire international (FMI) a rassemblés dans ses Perspectives de l’économie mondiale.
Entre 2013 et 2018, la Chine a représenté plus de 28 % de la croissance mondiale, soit plus du double de celle des États-Unis. Selon le FMI, la Chine fera de même au cours des 5 prochaines années. La Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Russie et le Brésil représenteront ensemble plus de la moitié de la croissance mondiale jusqu’en 2024. Mais l’économie mondiale ne peut connaître une croissance saine que si ces cinq économies en général, et la Chine en particulier, voient leur production et leurs revenus augmenter fortement.
FMI : la résolution du conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis est cruciale
Selon le FMI, une solution au conflit économique entre les États-Unis et la Chine est cruciale. Seule la fin de la guerre commerciale pourra stimuler la croissance mondiale dans les années à venir. Si, de 1970 jusqu’à la fin du siècle dernier, il était de coutume d’appeler les États-Unis « la locomotive de l’économie mondiale », l’économie américaine ne se développera plus suffisamment aujourd’hui pour fonctionner comme l’unique locomotive du train économique mondial.
La Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Russie et le Brésil : les moteurs de la croissance de demain
Les États-Unis sont toujours importants. La Réserve fédérale reste également l’acteur dominant sur le marché mondial. Mais la Chine et les autres grandes économies émergentes sont désormais des moteurs plus importants pour l’économie mondiale. Ces pays sont de plus en plus interdépendants, parce que la Chine est à la fois un grand importateur de matières premières et un fournisseur de produits finis ainsi que de capitaux pour de grands projets d’investissement.
La position de la Chine est d’autant plus importante que la classe moyenne, qui connaît une croissance rapide, est à un stade de développement économique. La demande de pétrole, d’automobiles, de transport aérien, de tourisme et d’autres industries ne cesse donc de croître.
L’armistice dans la guerre commerciale : les Etats-Unis et la Chine gagnent-ils du temps ?
L’accord commercial en cours de négociation entre la Chine et les États-Unis ne réglera probablement qu’un nombre limité de différends. Un accord sur les tarifs douaniers, la propriété intellectuelle et le commerce des produits agricoles et de l’énergie est probablement en cours d’élaboration. Mais les désaccords les plus importants resteront probablement en suspens. Songez aux règles relatives à l’accès au marché, au transfert de technologie, à la cybersécurité, aux subventions industrielles, aux chaînes d’approvisionnement et au pouvoir économico-militaire.
La question de savoir si le cessez-le-feu pourra se poursuivre une fois que les élections américaines de 2020 seront terminées reste sans réponse. Les analystes ne voient guère plus dans ce cessez-le-feu que gagner du temps pour séparer les économies américaine et chinoise et pour réorienter les chaînes d’approvisionnement mondiales de la Chine. Mais il est peu probable que les Etats-Unis puissent faire encore plus de mal à la Chine sans provoquer un ralentissement mondial de la croissance. Le rôle de la Chine dans la croissance mondiale est devenu trop dominant pour cela. Il est donc difficile pour les deux pays de coexister de manière constructive. S’ils ne le font pas, il y a un risque de ralentissement prolongé de la croissance mondiale.
Dominique Dewitte