Celui qui a dit que le CNARED n’a pas de head, ne s’est pas trompé, depuis la création de cette structure squelettique qui est le CNARED, nombreux sont ceux qui ont pronostiqué qu’il n’ira pas loin. Pourquoi? Parce que tout simplement c’était un ensemble non mathématique. Pour preuve, il vient de se disloquer pour des raisons de calculs politiciens différents, pour des raisons ethniques, pour des raisons de rivalités et pour des raisons de cohabitation quasiment impossible, vue les origines politiques et surtout le passé politique des uns et des autres qui sont diamétralement opposés.

Tous ces ingrédients ont créé ce que les chimistes appellent l’entropie. Le groupe le plus extrémiste tutsi de cette structure en mettant en avant Nyangoma comme chef d’orchestre, avait pour objectif de le faire jouer le méprisable rôle de Kanyarengwe au sein du FPR. Mais comme Nyangoma est sur la liste des hutu accusés d’avoir piloté le massacre des tutsi après l’assassinat du président Ndadaye, laquelle liste dressée par les anti démocrates extrémistes tutsi (ACgenocide cirimoso, PA amasekanya, l’Uprona, etc…), il (Nyangoma) a eu le réflexe de s’entourer de collaborateurs hutu qui eux aussi ont joué un rôle non négligeable dans la crise burundaise, par exemple Anicet Niyonkuru qui avec le fameux journal Nyabusorongo, ne cessait d’appeler les hutu à la vigilance et à la résistance face l’armée mono-ethnique tutsi.

En plus de cela, les frondeurs du CNDD-FDD qui dans leurs esprits se réclament toujours membres effectifs de ce parti et qui ont accompagné le président Nkurunziza avec loyauté jusqu’à la fin de la deuxième législature ou mandat, on cite ici par exemple Pie Ntavyohanyuma, Gervais Rufyikiri et Onesime Nduwimana. Ajouter à cela le groupe de Hussein Radjabu qui n’a pas encore oublié l’humiliation qu’il a subie dans l’hémicycle de Kigobe en 2007, pilotée par Onesime Nduwimana alors vice-président du parlement et afin le groupe de Busokoza Bernard l’un des putschistes de 1993 contre Ndadaye, sans oublier le Frodebu pur et le Frodebu Nyakuri et tout le bazar.

Alors sans être naïf, même si l’on peut accepter le postulat qui dit qu’ en politique tout est possible, qui pouvait croire que ce CNARED survivra? Peut être le royaume de Belgique qui y met des moyens colossaux pour coller les morceaux mais sans succès.

Les ambitions des tutsi comme Pacifique Nininahazwe et sa bande, c’est de diminuer le pouvoir des hutu en changeant les règles de jeu démocratique connues, comme le système « un homme une voix », qui ne donne pas semble-t-il de chance à un tutsi extrémiste de gagner les élections car les hutu représentant plus de 85% de la population burundaise contre moins de 14% pour les tutsi. D’où leur projet de d’abord soumettre le peuple hutu par une ruse de les diviser, c’est pourquoi on les entend dire que certains hutu acquis à la cause tutsi sont appelés  » abahutu b’intore » les hutu modérés que les hutu sont des génocidaires et que les tutsi qui sont proches des hutu ils les appellent  » abatutsi b’imperekeza » qui suivent comme des moutons la cadence hutu, ils veulent alors démanteler tout le système CNDD-FDD qu’ils croient incarner la lutte hutu, par tous les moyens possibles même celui de provoquer un génocide contre leur propre ethnie.

C’est pourquoi voyant que les pourparlers commencent et voyant que les ambitions des hutu du CNARED se focalisent uniquement sur le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza, dans cette configuration, les Nininahazwe Pacifique et sa bande n’auront plus de chance d’arriver à leur target, étant donné qu’ils se sont investis vigoureusement en hypothéquant à leurs risques et périls des jeunes tutsi des quartiers de Bujumbura, dont les survivants commencent d’ailleurs à demander des comptes. Ils (Nininahazwe et sa bande) pensent donc que quitter la coquille CNARED leur permettra de se démarquer de ces hutu mais aussi de peser lourd dans leurs revendications sans oublier qu’ils pourront retrouver leurs bailleurs traditionnels qui avaient coupé le robinet suite à leur entrée dans le CNARED.

Pour ce qui reste de cette structure, ce ne sont que des ventriotes politiciens qui ont sur leurs langues le goût du pouvoir qu’ils avaient exercé et qui ont un sentiment de nostalgie de retrouver les postes politiques. Surtout que les habitudes des gouvernements de transition, les habitudes de négociations sans fin, les habitudes de croire que quand on a les armes à feu, on peut tout avoir, qu’il suffit de terroriser la population pour que les négociations soient, ces habitudes de chercher toujours à contourner les élections populaires, sont des mauvaises habitudes encrées dans leurs ADN.

Avec de tels appétits de lions, avec un tel nombre de ceux qui veulent le gâteau, avec de telles rivalités internes que les occidentaux essaient de souder mais en vain, comment ce qui reste du CNARED pourra-t-il résister à la dislocation totale et définitive?

En tout cas ce qui est visible et incontestable, c’est que Pierre Nkurunziza a vaincu, il ne lui reste plus qu’à convaincre et à être vigilant car ces pourparlers peuvent être un somnifère puissant, « Abansi bakamuca muryahumye ».

Bacinoni Roberto