De passage à Bruxelles pour plaider la cause de Bujumbura face à l’Union européenne, Alain Nyamitwe, le ministre burundais des Affaires étrangères, a accepté cette large interview où il n’élude aucune question et réplique du tac au tac.Iwacu remercie notre confrère Damien Roulette de lui permettre de la publier.

Par Damien Roulette

(Cette interview a été enregistrée au soir du 11 décembre. A ce moment-là, le bilan de la répression suite à la triple attaque contre trois camps militaires n’est pas encore connu)

Alain Nyamitwe, avez-vous été surpris par la triple attaque du vendredi 11 décembre ?

alain-nyamitwePas du tout. Depuis, un certain temps, des jeunes de certains quartiers de la capitale s’adonnent à des activités dangereuses en maniant des armes à feu sous l’influence de certains politiciens qui les avaient utilisés il y a quelques mois déjà contre les institutions de la République en menant des manifestations à caractère insurrectionnel qui se sont soldées par un échec début juin.

Vous parlez de « certains politiciens », qui visez-vous nommément ?

Ceux qui se déclarent eux-mêmes de l’opposition radicale. Ils se déclarent ainsi, je ne vois pas pourquoi je les appellerais autrement.

Mais à qui pensez-vous ?

Je crois qu’il est clair que certains politiciens se sont inscrits dans une logique de violence, de changement de régime par la violence. Il s’agit de ceux-là…je crois que vous pouvez faire votre recherche et trouver de qui il s’agit exactement. Mais il y en a plein !

Ce vendredi 11 décembre, c’est l’armée burundaise qui a été visée. Dans quel état est l’armée burundaise aujourd’hui ? On l’a dit tiraillée de l’intérieur…

Ce sont des rumeurs. L’armée a été effectivement éprouvée ce vendredi et je dois dire qu’elle s’en est très bien tirée, avec beaucoup de courage et beaucoup de savoir-faire puisqu’ils ont mis à nu cette attaque. Tiraillée de l’intérieur ? Je pense qu’il s’agit d’une idée reçue dans la mesure où la même armée a fait l’objet, disons, de sollicitations diaboliques –si vous permettez l’expression – au mois de mai lorsqu’il y a eu la tentative de coup d’état. Mais on a vu que celle-ci a été mise en échec par cette même armée. C’est également la même armée qui se bat avec courage et savoir-faire là aussi en Somalie, en RCA… Je pense que c’est la même armée qui va continuer de défendre les couleurs nationales, même à l’intérieur du pays.

Vous avez évoqué les quartiers contestataires. Ce sont des jeunes qui y prennent les armes, qui tirent sur la police la nuit. Est-ce que vous avez l’impression que ce sont les mêmes jeunes qui ont attaqué les camps militaires ? On a l’impression que la nuit, ce n’est pas coordonné tandis qu’ici il y avait une véritable organisation !

Oui, forcément il y a des jeunes puisqu’on en a arrêté quelques-uns. Et ceux-là devront peut-être parler et révéler les noms de ceux qui les ont invités. Mais vous avez certainement appris qu’il y avait également des gens qui essayaient de monter une rébellion armée contre le gouvernement burundais. Mais, rappelez-vous, nous avons déjà été attaqués le 30 décembre 2014 avec pour but la perturbation du processus électoral et la mise en place d’un nouveau gouvernement. A partir du mois d’avril, des manifestations à caractère insurrectionnel pour faire changer le régime par la rue ou par la force, les deux étaient combinés. Le 13 mai, tentative de coup d’état qui a démis le gouvernement de ses fonctions. Le 10 juillet, une attaque dans le nord-ouest du pays. Donc, ce n’est pas tout à fait nouveau, il y a des tentatives de renverser le gouvernement, c’est clair. Mais jusqu’ici, dieu merci, l’armée et la police ont pu travailler ensemble et démontrer qu’ils étaient véritablement des corps nationaux, intégrés et prêts à défendre l’état.

La police descend dans les quartiers donc. Certains témoignages font état d’exactions et de vols lors de ces opérations. Que répondez-vous à cela ?

Vous parlez de l’attaque d’aujourd’hui ?

Pas spécialement, depuis plusieurs semaines…

Vous me le dites, mais je pense que ce genre d’allégations doivent être prouvées. Je pense qu’il est facile de dire que la police pénètre dans les maisons pour voler. Ce que je sais, c’est que la police a effectivement procédé à des descentes dans certains quartiers pour récupérer des armes et des armes ont été saisies. Ça c’est une réalité…

Oui, mais au Burundi on trouve des armes sans aucun problème ou presque. C’est un pays qui sort d’une guerre civile, longue, dévastatrice…

Ce n’est pas sans aucun problème ! Ce serait trop facile. Si c’était le cas, on n’aurait pas eu autant de bruits, autant de dégâts entre guillemets. Qu’il y ait des armes dans les mains de certains civils est une réalité. La preuve est faite avec des armes que l’on récupère dans certains quartiers. Ce qui est aussi certain c’est que non seulement il y a des gens qui ont des armes, mais qu’ils veulent les utiliser contre des civils et contre les institutions. Vous savez aux États-Unis, il y a des armes, les gens ont des armes. Mais on apprend qu’il y a des armes quand ? Quand un forcené tire sur des étudiants ou des noirs en train de prier ! Il est donc important que l’on puisse savoir que lorsque l’on a une arme sans autorisation, il faut la remettre. Je ne connais pas un seul pays au monde où les gens peuvent avoir une arme sans autorisation. Et puis il s’agit d’armes d’assaut, pas d’un simple pistolet. C’est bien qu’il y a une intention de commettre des attentats ou des forfaits contre des cibles bien choisies.

Pourquoi, selon vous, le Burundi continue-t-il de tomber dans la spirale de la violence ?

Permettez que l’on replace les choses dans leur contexte. Le Burundi se trouve aujourd’hui dans une phase post-électorale où des élections, effectivement, des bruits, permettez l’expression. Mais avant cela, il y a eu des tentatives de tentatives de changement de régime par la force. Pas seulement la tentative du 13 mai mais aussi celle du 30 décembre. Figurez-vous que ces deux attaques ont été condamnées par l’Union africaine, parfois on l’oublie. Si cette institution a condamné ces attaques, c’est qu’elle a constaté qu’elles visaient à mettre à rude épreuve la stabilité de l’état. Aujourd’hui, les attaques que l’on connaît ne sont que le prolongement de ces deux premières attaques et visent un changement de régime. Et ce sont des attaques qu’il faut condamner sans réserve. Je suis d’ailleurs étonné de voir que les mêmes politiciens, ici en Belgique notamment, qui s’empressent à condamner ou à critiquer le gouvernement pour tel ou tel acte, se taisent aujourd’hui par rapport à des attaques qui peuvent aussi mettre en danger les vies de leurs citoyens qui se trouvent au Burundi.

Vous n’avez pas mentionné la candidature pour un troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Elle n’a rien à voir avec les violences actuelles ?

Tout d’abord, vous l’appelez troisième mandat, je l’appelle deuxième mandat. Et de deux, je vous l’ai dit, la première attaque datait de bien avant les élections. C’était au mois de décembre. Je peux comprendre que ces violences prennent pour prétexte l’histoire du mandat mais elles visent en réalité un changement de régime par la force.

S’il s’agit du deuxième mandat, qui était à la tête du pays entre 2005 et 2010 ?

Vous voulez peut-être entamer un débat juridique ?

Il y avait bien un président à ce moment-là !

Si vous voulez on peut y aller ! Mais je puis vous certifier qu’il y a eu une décision de justice qui a été confirmée par la justice régionale…

Ça n’a pas été confirmé !

Relisez ! Relisez le texte!

Elle ne remet pas en question mais elle ne confirme pas!

Ce n’est pas grave. Elle ne remet pas en question, ce qui n’est pas peu. Considérons les choses comme elles sont.

Il y a eu la dénonciation du vice-président de la Cour constitutionnelle…

Pfff…Vous savez, la Cour constitutionnelle est composée de sept personnes…

Tout à fait, mais ça signifie que ça a été remis en question !

Pour qu’une décision soit valable, elle doit être votée par quatre voix. Alors, il est parti. Il a dit ce qu’il a dit, personne d’autre ne l’a suivi. Ça ne pose pas question ? Soyons sérieux !

Où en est aujourd’hui le dialogue inter-burundais ?

Bonne question ! La Commission nationale dialogue inter-burundais a commencé son travail et a entamé des consultations notamment avec la facilitation ougandaise du président Museveni pour déterminer ces citoyens burundais qui sont à l’étranger qui souhaiteraient être associés au dialogue mais pour qui, pour des raisons qui leurs sont propres, il est difficile de voir ce dialogue organisé sur le territoire burundais. Nous disons qu’il y a une bonne base pour que tous les citoyens qui souhaiteraient s’exprimer sur des questions d’intérêt national puissent avoir cette opportunité. Nous continuons d’insister, de dire que le dialogue politique n’est pas l’apanage de certains politiciens, d’une certaine élite mais plutôt un débat qui intéresse l’ensemble du peuple burundais. Après tout, on peut se poser la question de la légitimité. Que vaut un politicien qui se trouve en exil par rapport à un élu local au Burundi ? Il faut comprendre les choses de cette manière-là. Nous sommes en train de travailler avec les pays de la région, avec l’union africaine et avec les Nations unies sur les modalités pratiques et correctes qui nous permettront de consolider davantage notre unité, notre nation.

Est-ce qu’à vos yeux le CNARED est un interlocuteur valable ?

C’est quoi encore ça ?

Sérieusement ? Cette coalition d’hommes politiques en exil ou toujours au pays, née à Addis-Abeba…

Je sais, j’ai appris qu’il y a un groupe de politiciens burundais, sponsorisé par certains politiciens en Europe et en Belgique en particulier.

Vous faites dans l’ironie j’imagine, mais elle concerne néanmoins d’anciens membres du Cndd-Fdd !

N’allons pas trop vite en besogne. Je crois que vous mélangez deux choses. Vous mélangez les politiciens qui ont quitté le parti ou le pays pour des raisons qu’on a tous suivies et qui ont un contentieux avec le parti, et non avec le gouvernement. Et le contentieux avec le parti se traite au niveau du parti et il est en train d’être traité. Eux sont à part, ils n’ont pas le même statut que d’autres émanant de partis politiques reconnus, émanant de groupuscules formés pour les besoins de la cause qui ont décidé de mettre en place ce type de structure. Vous savez ces structures sont mises en place depuis le mois d’avril, le mois de mai. Si vous voulez tout savoir, la toute première coalition a été montée au Rwanda entre des putschistes et certains politiciens.

Mais pour vous, aujourd’hui, le CNARED…

Vous l’appelez comme vous voulez, moi ce qui m’importe c’est qu’au Burundi il y a des partis qui sont reconnus par la loi et ces partis sont portés par des citoyens et ces citoyens ont droit à la parole, ça c’est clair. Maintenant, est-ce qu’un fugitif de prison a droit…

Mais, prenons un cas précis. Est-ce que Gervais Rufyikiri est un interlocuteur valable ?

Je connais la personne pour avoir été dans un gouvernement qu’il codirigeait. Maintenant, est-ce qu’il est dans une posture de dialogue.Est-on vraiment dans une logique de belligérance entre Gervais Rufyikiri et le gouvernement, je ne sais pas. C’est à lui de le dire.

On parle de dialogue, pas de belligérance!

C’est kik-kif vous savez. Vous me dites Gervais Rufyikiri…Je dis tous les citoyens burundais. Tous ont droit à être entendus par la commission nationale de dialogue inter-burundais. Tous ! Ce que nous ne sommes pas décidés à envisager, c’est que certains politiciens nous disent « si vous voulez avoir un dialogue, vous devez parler avec tel groupe ou telle personne ». Ça, ça n’ira pas. Personne ne peut nous imposer, personne ne peut imposer à un gouvernement élu ceux avec qui il doit négocier. L’UE, l’UA et l’ONU ont appelé à un dialogue inclusif. Il n’y a pas plus inclusif que ce que la CNDI a mis en place.

Quid de Pacifique Nininahazwe par exemple ?

Je suis ministre des Affaires étrangères, je m’occupe pas des individus. Le gouvernement a mis en place une plateforme..Vous me parlez de l’une ou l’autre personne alors que la diaspora burundaise, rien qu’en Belgique, compte plus de 3000 personnes. Vous avez des chouchous peut-être, mais ça c’est autre chose ! (Rires)

Ce sont vos mots ! Vous avez emmené la délégation burundaise à Bruxelles pour une rencontre avec l’Union européenne. Votre communiqué ne semble pas être du même acabit que celui de l’Union européenne. Comment expliquez-vous ce hiatus ?

C’est très simple : nous ne sommes pas l’Union européenne.

Mais vous êtes satisfait et l’Union européenne ne l’est pas…

Chacun parle de son point de vue. Si on devait tous regarder et décrire cette lampe là-bas. On ne la décrirait pas de la même manière. C’est normal. Mais ce qui nous intéresse, c’est qu‘on a repris le dialogue avec Bruxelles, cela faisait sept mois qu’il n’y en avait pas eu. On a eu l’opportunité de dire à l’UE que certaines informations qu’elle avait utilisées pour prendre ses décisions étaient erronées. On a eu l’occasion de donner les gages d’une relation consolidée, stable et durable. Pour nous, véritablement, il y a motif de satisfaction.

Qu’avez-vous dit concrètement ?

Il y avait neuf thématiques, notamment tout ce qui concernait les radios, les organisations de la société civile, ce qui avait trait à certaines questions dont la libération des prisonniers, etc. On leur a donné toutes les garanties de ce qu’une fois terminées les procédures judiciaires en ce qui concerne ces organes et ces personnes, l’autorité politique prendra toutes les mesures qui s’imposent. Mais il est impossible pour l’autorité politique de changer, d’inverser le processus judiciaire. Ça aurait été faire ce que l’UE nous demande de ne pas faire. On a aussi abordé la question du dialogue. Nous avons expliqué que la CNDI était la meilleure solution parce qu’inclusive. Mais qu’on ne vienne pas nous dire qu’ils ont eux leurs chouchous, si vous me permettez l’expression encore, qui doivent être absolument associés au dialogue, comme si toute la diaspora burundaise était née au mois de juin.

Vous avez mentionné les radios, la société civile. Plusieurs organisations ont leurs comptes gelés, leurs activités sont suspendues. Pourquoi ?

Il s’agit d’une mesure de justice qui a commencé des enquêtes sur le mouvement insurrectionnel fin avril, début mai. Certaines pistes mènent vers certaines organisations de la société civile. Nous, pouvoir politique, ne pouvons pas prendre la décision de lever ces sanctions avant que le processus judiciaire soit terminé.

L’une des menaces de l’Union européenne, c’est la suspension de la coopération avec le Burundi. Celle-ci est estimée à quelque 20% du budget national. Ça ne vous effraie pas ?

Je vais vous dire une chose : ce qui est important pour le Burundi, c’est pas tellement les chiffes…

…c’est tout de même 20% du fonctionnement de l’état…

20%, 40%, 60%, peu importe ! Ce qui importe pour nous, c’est qu’on a un partenaire. Et dans les relations internationales, nous avons besoin de lui. Pas nécessairement pour les sous mais pour le vote aux Nations unies, pour plein de choses. Autant le Burundi a besoin de l’Union européenne, autant, nous l’espérons, les pays de l’Union européenne ont besoin du Burundi. Nous ne sommes pas un petit pays perdu au cœur de l’Afrique qui n’a rien à apporter au sein de la Communauté internationale. Nous participons quand même à la lutte contre le terrorisme, ne l’oubliez pas. Nous sommes le premier pays contributeur de troupes sur le continent africain. Le premier ! Nous avons un rôle important à jouer pour stabiliser la région. Ce qui importe donc, ce ne sont pas les chiffres mais que les relations internationales du Burundi restent dynamiques.

Le président du Sénat a récemment tenu des propos qui ont choqué plusieurs personnes parce qu’ils rappelaient le langage tenu par les interahamwes, par les radios de la haine à l’époque précédent le génocide au Rwanda. Est-ce un dérapage verbal ?

Il y a eu toute une pensée qui a été construite à propos du langage du président du Sénat. Je puis vous dire qu’il n’y avait pas, d’après lui et d’après ses services, qu’il n’y avait pas de message de haine basé sur la différence ethnique. Ce n’était pas son intention et il a clarifié ses propos. Il n’a jamais dressé une partie de la population contre une autre. Il s’adressait à des élus locaux qui était à la fois Hutu et Tutsi.

Mais ça peut provoquer des violences qui sont partisanes et pas nécessairement ethniques.

Non, en l’occurrence, il parlait de la police en disant qu’elle s’était retenue jusque là, qu’elle n’avait pas encore fait le travail. Ce qui a été aussi interprété à outrance, en disant c’est le travail du style génocidaire qu’on avait connu au Rwanda. Je voudrais profiter de cette opportunité pour m’adresser à tous ceux qui liront ces propos que le Burundi est un pays de Hutu, de Tutsi et de Twa et qu’ils vivront ensemble comme ils ont vévu ensemble. Ils ont connu des époques difficile, c’est vrai mais ils ont pu les surmonter. Et vous pouvez le dire et le redire, au Burundi, la ligne de fracture n’est plus la ligne ethnique. Et le président du Sénat est bien conscient que s’il occupe son poste c’est qu’il a obtenu les voix de certains Tutsi, que parmi ses collaborateurs, il y a des Tutsi, dans sa garde il y a des Tutsi, il ne peut pas vivre sans les Tutsi. Le Burundi sans les Tutsis n’est plus le Burundi.

Les relations sont tendues entre le Burundi et la Belgique depuis plusieurs semaines. Des accusations de néocolonialisme ont été proférées à l’encontre de Bruxelles. N’est-ce pas exagéré ? Quel est le lien entre ce qu’il s’est passé dans les années ’50 et ce qu’il se passe aujourd’hui ?

Je crois qu’il y a eu peut-être un petit flou mais ce sont des rapports qui restent normaux, c’est important qu’on puisse aussi le dire. Nous avons eu une période relativement froide. Le gouvernement burundais a demandé à la Belgique de remplacer l’ambassadeur qui était là parce que nous estimions que ce n’était pas la personnalité qu’il fallait. Il y a eu c’est vrai des déclarations du parti qui s’en prenaient à la Belgique suite à, il faut le dire, des provocations inutiles de certains politiciens belges qui non seulement ont pris le parti d’une catégorie de la classe politique burundaise contre une autre. Ils n’ont jamais compris que le Burundi était un pays complexe, qu’il fallait s’assurer que toutes es pièces du puzzle étaient consultées pour faire un puzzle complet. Mais je continue aussi de dire qu’il ne faut pas se leurrer. Nous avons une histoire sucre et sel. On a connu la colonisation qui n’a pas connu que du chocolat. On a connu la mort du prince Rwagasore qui reste inexpliquée.

Mais pourquoi venir avec cet argument-là aujourd’hui ? Quel est le rapport avec la crise actuelle ?

Pourquoi pas aujourd’hui ?

Je vous pose la question…

Pourquoi jamais peut-être…

Est-ce que vous ne mélangez pas deux choses : la justice historique qui a besoin d’être prononcée à un certain moment et la crise actuelle…

Nous n’avons pas mélangé. Qu’il existe des individus qui s’expriment et qui peut-être débordent un peu, c’est possible. Mais si vous faites mention du parti, il y a eu des déclarations dans un contexte tendu mais nous avons clarifié ces propos. J’ai pu m’entretenir avec mon homologue belge (ndlr. Didier Reynders) et lui expliquer que du côté belge il y a certains propos qui ne sont pas de nature à bâtir une relation correcte. Nous avons connu une situation difficile les sept, huit derniers mois, nous nous serions attendus à des positions beaucoup plus rassurantes plutôt que des déclarations de certains politiciens même parfois du gouvernement belge…

Vous êtes déçus des politiciens belges ?

C’est sur, certains ont déçu. Je ne vais même pas mentionner les noms, c’est pas la peine.

Référence à Louis Michel ?

Peu importe. Certains ont déçu, ils ont oublié que le Burundi n’était pas leur pays et qu’ils n’avaient pas de leçon de morale à donner et qu’ils ont d’autres problèmes à régler dans leur pays. Ce qui est certain c’est que le Burundi et la Belgique ont intérêt à avoir des relations normales.

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Nous reproduisons cette interview avec l’accord de notre confrère Damien Roulette.