Je commence en rappelant que « l’objectif de l’intégration des femmes en politique n’est ni de prendre le pouvoir des hommes politiques, ni d’instaurer la domination de celles-ci sur eux dans les sociétés ; mais, plutôt, de promouvoir l’égalité des droits et des libertés de toutes et de tous au sein de la société. De plus, cette implication des femmes en politique a pour but de les faire participer à la gestion des affaires publiques de leurs pays ». La politique du Burundi a attiré mon attention quand je faisais ma maîtrise en mondialisation, développement international et études féministes et du genre. L’augmentation du nombre de femmes au parlement burundais m’a intéressée. J’ai ainsi cherché à savoir si le nombre de femmes en politique (la représentation descriptive) était synonyme de leur influence (la représentation substantielle).
Comme je l’ai montré dans mon premier livre Femmes en politique au Burundi. Leur nombre, leur influence?, il existe un écart entre le nombre et l’influence des femmes en politique dans mon pays d’origine. Et pourtant, la notion de masse critique montre que pour que la culture dans une organisation change, il faut que le nombre d’un groupe qui cherche le changement soit supérieur ou équivalent à un tiers. Il convient de rappeler que la Constitution du Burundi garantit aux femmes un minimum de 30% de sièges au parlement. Donc, le nombre de femmes en politique burundaise est suffisant pour apporter de l’influence.
Les cinq semaines que j’ai passées au Burundi en été 2014 m’ont permises de constater que grâce à l’association des femmes parlementaires, dirigée à l’époque par Honorable Gloriose Berahino, les femmes parlementaires bénéficiaient des ateliers et participaient aux conférences visant à renforcer leurs capacités. Ces formations les outillaient afin de les préparer à user de leur influence. Par contre, depuis le début de la récente crise qui a commencé en avril 2015, je n’ai pas encore entendu parler des activités de ces femmes. Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce qu’elles savent qu’elles sont des agentes du changement dans la société burundaise ? S’occupent-elles seulement des travaux parlementaires classiques à Kigobe en attendant la fin de leur mandat de cinq ans ? Il n’y a rien de mal en restant à Kigobe mais, elles peuvent faire plus que ça – surtout, vu, les moments difficiles que le Burundi est en train de traverser.
Les femmes parlementaires représentent tout le peuple burundais en général et plus particulièrement les 52% de la population burundaise qui sont féminines. Certaines jeunes femmes (par exemple le cas de Jacqueline Hakizimana) sont victimes de cette crise. D’autres sont réfugiées dans les camps de réfugiés au Rwanda et en Tanzanie. Que font les femmes parlementaires pour apporter le message de réconciliation au peuple burundais ? En tant que mères, pourquoi ne se mettent-elles pas débout afin de sensibiliser les jeunes qui sont manipulés par certains politiciens ? À la fin de la crise, que deviendront ces jeunes hommes ? Et, qui en sera victime ? Toute la société burundaise, bien sûr. Que les femmes parlementaires utilisent leur pouvoir de mère et de représentant du peuple en investissant dans les activités visant à sauver du pire à la société burundaise.
Quelques journalistes et organisations non gouvernementales racontent des mensonges sur les autorités burundaises, la communauté internationale est mal informée sur la crise, certains burundais vivant à l’étranger ont peur de rentrer chez eux à cause des rumeurs, etc. Il est temps que les femmes parlementaires jouent un rôle important sur la scène internationale en fournissant, régulièrement, les vraies informations sur leur pays. En considérant que l’un des objectifs de l’intégration des femmes en politique est de les faire participer à la gestion des affaires publiques de leurs pays, je prie les femmes parlementaires burundaises de commencer à être plus actives dans la gestion de la crise burundaise, au niveau national et sur la scène internationale.
Pascasie Minani Passy