1. En date du 30 et 31 janvier 2016, il s’est tenu à Addis Abeba en Ethiopie un Sommet des Chef d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine. Entre autres questions analysées, il s’agissait d’approuver ou rejeter la décision unilatérale prise par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union de l’Union Africaine de proposer l’envoi au Burundi d’une force militaire de 5.000 hommes appelée « Mission Africaine de Prévention et de Protection», MAPROBU en sigle.
2. Le Gouvernement du Burundi salue la décision sage du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine de ne pas envoyer de telles troupes sans la demande ni le consentement du peuple burundais qui a jugé inopportune un tel déploiement d’autant plus que les forces de défense et de sécurité burundaises assurent la sécurité de tout le territoire et de toute la population, et même au delà des frontières burundaises sur demande de la communauté internationale.
3. Le Gouvernement du Burundi salue en outre la décision prise par l’Union Africaine d’envoyer une mission de haut niveau au Burundi. Une telle mission avait été pourtant demandée et à maintes reprises par le Gouvernement du Burundi car c’est la seule occasion de se rendre compte de la réalité politico-sécuritaire qui prévaut au Burundi, après avoir visité le pays et sa population.
Et c’est par là que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine aurait dû commencer avant de prendre sur base de rapports erronés et manipulés, la décision inappropriée d’envoyer la MAPROBU, une force qui ne pouvait savoir où se déployer et surtout entre quels belligérants puisqu’il n’y en a pas.
4. Concernant cette manipulation, le Gouvernement dénonce et condamne la persistance des opinions, pour qui l’envoi de ces forces étrangères au Burundi reste une préoccupation principale et qui n’hésitent pas à recourir à des manœuvres malhonnêtes comme la production des rapports falsifiés et accablants jusqu’à produire et diffuser des images truquées dans le but d’influencer les décisions des hautes instances internationales.
5. Le cas le plus frappant est la récente publication, par Amnesty International, une ONG des images qui, selon elle, auraient été prises par un satellite espion, des photos que l’ONG qualifie d’évidence de probables charniers au Burundi, deux jours seulement avant la tenue du sommet des Chefs d’Etats à Addis-Abeba et qui devaient statuer sur l’envoi ou non des forces de la MAPROBU au Burundi.
6. L’ONG Amnesty international n’a fait qu’emboîter le pas à d’autres initiatives similaires. On se souviendra à cet effet qu’à la veille de l’arrivée attendue d’une délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies envoyée en date du 22 janvier 2016 pour se rendre compte de l’état de la sécurité dans le pays et aussi de la nécessité du déploiement de la MAPROBU, la Chaîne de télévision « France 3 » diffusa des extraits très violents et macabres d’une vidéo lui remise par Maître Bernard MAINGAIN, avocat belge qui défend la cause de l’opposition radicale et particulièrement des putschistes du 13 mai 2015, .sur de prétendus crimes commis au Burundi, plus précisément à Karuzi au centre du pays et attribués aux forces de sécurité burundaises, et aux jeunes du parti au pouvoir, appelés Imbonerakure
La diffusion de cette vidéo visait à perturber la visite de la délégation du conseil de Sécurité des Nations Unies et tenter d’influencer négativement ses résultats, mais heureusement sans succès.
7. Le Gouvernement de la République du Burundi voudrait rappeler à l’opinion nationale et internationale que l’ONG Amnesty International n’est pas à son premier coup de produire des rapports négatifs sur le Burundi. En effet, après l’attaque de Cibitoke à l’ouest du Burundi à la fin de l’année 2014 par des terroristes venu de l’est de la RDC, l’ONG n’a pas hésité de sortir un rapport mensonger et accablant contre les forces de l’ordre et la population attaquée, mais sans rien dire sur les agresseurs encore moins les condamner. Il convient de rappeler que ces derniers visaient à perturber les élections de mai 2015 qui étaient en pleine préparation.
8. Le Gouvernement de la République du Burundi condamne cette nouvelle tentative de l’Amnesty International de ternir encore une fois l’image du pays, et trouve que la diffusion de ces prétendues images – satellites montrant la terre ou le sable retournés, dans des régions essentiellement agricoles, ne constituent en aucune manière une preuve matérielle de l’existence de charniers au Burundi. Le choix de la date de leur publication montre clairement que l’ONG voulait créer l’émotion chez les Chefs d’Etats et influencer leur décision.
9. Au cas où Amnesty International œuvre sincèrement pour les droits de l’homme comme elle le prétend et si elle voulait aider à trouver la paix au Burundais, elle devrait orienter les projecteurs et braquer les caméras de ses satellites espions sur les camps de recrutement et d’entraînements de réfugiés burundais au Rwanda voisin, des activités, qui n’hésitent pas d’impliquer même des enfants soldats, ce qui sous d’autres cieux constitue un crime contre l’humanité.
10. Le Gouvernement du Burundi salue encore une fois la sagesse et le pragmatisme avec lesquels les chefs d’Etats ont fait montre face à toutes ces tentatives de manipulation, en privilégiant l’intérêt supérieur de la souveraineté d’un état membre de la famille et de son peuple.
Les chefs d’Etats africains ont bien compris qu’après le Burundi, il n’y a pas de doute que d’autres états africains sont sur la liste en attente de déstabilisation.
11. Par ailleurs, le Gouvernement du Burundi a également accueilli positivement la recommandation du Sommet de poursuivre le Dialogue inter burundais déjà lancé sous les auspices du Président Ougandais Yoweri Kaguta Museveni. A cet effet, le Gouvernement voudrait rappeler qu’il a toujours mis en avant le Dialogue et qu’il n’attend que l’arrivée au Burundi d’une délégation ougandaise pour discuter des modalités pratique de sa poursuite afin de parvenir à des conclusions constructives.
12. Le Gouvernement réaffirme son ferme engagement à protéger tous les citoyens burundais et étrangers vivant sur son territoire, dans le strict respect des droits et de la dignité de la personne humaine et de collaborer avec tous ses partenaires dont l’Union Africaine, pour trouver une solution aux problèmes qui se posent au Burundi, mais dans le respect de sa souveraineté.
13. Pour terminer, le Gouvernement tient à rassurer une fois de plus la Communauté nationale et internationale, qu’il n’ y aura pas de génocide au Burundi, et que le peuple burundais s’opposera par tous les moyens à tous ceux qui voudront imposer ce génocide par quelque voie que ce soit, comme prétexte pour installer un pouvoir qui n’aura pas été l’émanation de sa volonté par voie démocratique.
Bujumbura, 01 février 2016
LE SECRETAIRE GENERAL DU GOUVERNEMENT
ET PORTE PAROLE DU GOUVERNEMENT,
Philippe NZOBONARIBA.