Après Paris et Bruxelles, je suis heureux d’être à Genève pour participer au dialogue interactif sur le Burundi les 21 et 22 mars 2016, moment fort de la 31ème session du Conseil des droits de l’homme. En attendant, j’ose mettre mon nez ici et là, surtout quand le Burundi est concerné. Ça se bouscule, ça gazouille et des fois ça chante comme une seringue, quand on accuse le Burundi de « génocide », de « fosses communes » et de je ne sais quoi encore, tout ça, … pour des prunes. Mon soucis est d’expliquer en détails les méandres de ce combat vital des burundaises et burundais pour la dignité, l’unité et la démocratie.
Ce 15 mars, j’étais encore plus heureux de participer à une séance organisée par l’ONG Bangwe et Dialogue, une organisation dirigée par la burundaise Colette Samoya, ancienne Secrétaire générale de l’UFB (Union des Femmes Burundaises) à l’époque du Parti unique, l’Uprona et sous Pierre Buyoya, celle-là même qui a combattu, pendant longtemps, le multipartisme et la liberté d’expression. Mais bon, elle a changé me dit-on même si, au regard des oratrices choisies ce 15 mars, j’ai du mal à avaler la dissertation : ont eu droit au chapitre celles qui tirent à boulets rouges contre le Gouvernement du Burundi, et je n’ai pas mâché mes mots, je le lui ai dit, avec courtoisie. En politique, affirme-t-on encore, tous les coups sont permis. Je l’admets, sans broncher.
Ainsi donc, la burundaise invite Anne Niyuhire, journaliste en exil au Rwanda (sic!), Carine Fyiroko, de la RPA mais qui habite au Burundi et Mme Elyse Ngabire, journaliste du journal IWACU qui affirme être en exil en France à cause d’une publication de Willy Nyamitwe sur Facebook (rires). Je me passe de tout commentaire
Pour ajouter une grande dose de crédibilité à la conférence qui finalement vise à enfoncer ou plutôt à défoncer le Gouvernement du Burundi dans le sillage de la 31ème session du Conseil des droits de l’homme, Mme Colette Samoya s’adjoint des co-organisateurs :
Conseil international des femmes juives,
Medical Care
Mothers Legacy Project
Raddho
Rwandan Women Network Gicukiro
En outre, elle choisi, pour cette conférence, un bon (gros) thème : “Engagement des femmes pour la défense du droit à la liberté d’expression au Burundi”. Mais in fine, le débat n’a été centré que sur un plaidoyer de la Radio Publique Africaine (RPA) puisqu’on a eu droit à une heure d’éloges à l’endroit de “cette voix du peuple que le pouvoir de Bujumbura a éteinte par le feu” dixit Carine Fyiroko et à la publicité du journal IWACU et du fait qu’il a échappé au feu “par chance” selon Elyse Ngabire.
De tout cela il ressort que n’eût été ma présence le débat n’allait être qu’un monologue. Après moult demandes de parole que j’ai fini par obtenir grâce à une question posée par M. Wege, le sage, je prends la parole, réitère mon engagement pour une presse libre, indépendante et professionnelle au Burundi. Ensuite j’ai rappelé à l’audience que ceux qui sont en exil (au Rwanda) ne le sont pas nécessairement parce qu’ils sont “journalistes” et pourchassés par le pouvoir de Bujumbura. Loin de là, ai-je dit. J’ai pris pour exemple le cas de M. Patrick Nduwimana, Directeur de la Radio Bonesha, cité par Mme Carine Fyiroko dans son exposé. Ce journaliste est en exil au Rwanda non pas parce qu’il est persécuté par le pouvoir mais simplement parce qu’il y a des évidences qu’il a trempé au putsch manqué du 13 mai 2015. En effet, “un SMS envoyé au Chef des putschistes est révélateur”. Il était encore 9:00 du matin, le 13 mai, quand il a demandé aux putschistes de protéger “Isanganiro, RPA et Bonesha” et a “recommandé la destruction de la radio-télévision Rema”. Ce que le concerné ne nie d’ailleurs pas, à la seule différence qu’il affirme “avoir exhorté aux putschistes d’aller débrancher les émetteurs de Rema”.
Cette précision, ainsi que d’autres, m’ont permis de montrer à l’audience que le monologue qu’avait prévu l’ONG Bangwe et Dialogue était loin d’être un véritable “dialogue inclusif” un débat contradictoire, mais que la session ne s’inscrivait que dans le cadre d’une campagne de médisance contre le Burundi.
Certes des défis à surmonter existent mais le Burundi dépeint par certaines organisations est loin de ressembler au Burundi réel, exempt de génocide contre les Tutsis, de milice gouvernementale équipée de machettes et de fosses communes dans lesquelles les forces de défense et de sécurité enfouissent des corps sans vie d’innocentes victimes.
Willy Nyamitwe (Facebook)