Alors « cet anniversaire est une occasion propice, conclut Actualité CD, de faire le point sur les progrès réalisés en matière de vérité, de justice et de réparations en RDC au cours des dernières années, sur les obstacles et les défis subsistants, et sur les voies et moyens de les surmonter pour étancher la soif de justice et donner enfin une réelle chance au respect des droits humains. »
Pourquoi cet immobilisme ?
« Malheureusement, 10 ans après, le constat est amer et implacable, relève pour sa part Alphonse Maindo, universitaire et politologue dans une tribune publiée par le site spécialisé sur la RDC Afrikarabia : rien n’a vraiment changé en matière des droits humains, affirme-t-il. Les mêmes crimes se poursuivent allégrement sans désemparer, les victimes sont livrées à elles-mêmes sans aucune réparation ni justice, ni même la simple vérité. Pourquoi 10 ans de silence après ce rapport ? »
Alphonse Maindo y voit plusieurs raisons : « en premier lieu, l’Etat congolais n’a jamais fait de ce rapport son cheval de bataille. Et pour cause, l’Etat congolais est fragile et défaillant, sa justice est inapte à poursuivre les auteurs des crimes. Et puis, nombre d’auteurs présumés de ces crimes occupent des postes importants dans les plus hautes sphères de l’Etat. »
Autre raison : « le manque de financement international et probablement de volonté politique. En effet, pour appliquer les recommandations du Mapping, notamment celles concernant la justice transitionnelle, il faut mobiliser des fonds. Et les principaux bailleurs des fonds ne se bousculent pas. »
Il y a aussi, pointe encore Alphonse Maindo, « l’action de puissants lobbies qui travaillent à congeler voire à fossiliser le Rapport Mapping. Ces lobbies sont mus, pour certains par de gros intérêts économiques et financiers derrière les pillages et trafics des ressources naturelles ayant accompagné ou motivé les crimes décriés. »
Et « en dernier lieu, on retrouve la résistance de certains pays accusés dans le rapport (Rwanda, Ouganda, Burundi, etc.) et de certains individus soupçonnés d’avoir perpétré ces crimes et assumant des hautes responsabilités politiques et/ou sécuritaires dans les Etats de la région. »
Justice !
Alors, « il est temps que les responsables politiques et militaires des crimes les plus graves commis en RDC entre 1993 et 2003 répondent de leurs actes », s’exclame Clément Boursin dans une autre tribune, publiée cette fois par Le Monde Afrique.
Clément Boursin est responsable Afrique de l’ONG ACAT France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture). Pour lui, « l’avènement d’une justice réparatrice est essentiel pour construire la paix dans le pays. Divulguer publiquement les noms de ces responsables, inscrits dans la base de données du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme, pourrait contribuer à les écarter du pouvoir, à les amener devant la justice et à libérer la parole des victimes et des témoins qui ne seraient plus contraints de vivre dans la peur des représailles de leurs bourreaux. Le Rapport Mapping, conclut-il, ne doit plus être un sujet tabou. »