Cette commission permanente de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (CNAP) veut réduire les crimes commis avec des armes. Un défenseur des droits de l’Homme reste pessimiste.
Nina Niyubahwe : « Les données serviront à la réduction et à la prévention de la violence armée » ©IwacuNina Niyubahwe : « Les données serviront à la réduction et à la prévention de la violence armée »
L’observatoire de la violence armée au Burundi (OVA) va servir d’outil de mesure de la violence. Cet organe de la CNAP permettra de collecter les données et les saisir pour produire un rapport trimestriel. D’après Nina Niyubahwe, superviseur de l’unité de collecte, saisie et traitement des données à l’OVA Burundi, cela permettra aux autorités du pays, aux partenaires nationaux et internationaux de mettre en œuvre des plans d’action de réduction de la violence armée et ses impacts sur le développement. «Les efforts seront concentrés là où ces violences sont signalées », explique-t-elle.
Nina Niyubahwe affirme que les données sont crédibles : «Elles seront fournies par la police, les médias, les organisations de la société civile, les défenseurs des droits de l’Homme et les antennes provinciales de la commission de désarmement. » Selon elle, cette unité de collecte de données s’intéressera sur les violences commises à l’aide des armes à feu et blanches. Elle ajoute que quatre agents qui font la collecte et la saisie des données sont en train de travailler. «Le rapport trimestriel est attendu en juin de cette année », annonce-t-elle. D’après Nina Niyubahwe, la mise en place de cet observatoire ne signifie pas que la violence armée a augmenté: «Il permet plutôt de la réduire et de faire la prévention. »
Une plus-value laisse à désirer
Anschaire Nikoyagize, qui a mené une enquête sur la prolifération des armes légères et de petit calibre reste pessimiste. Pour lui, les études déjà menées montrent que des armes ont été distribuées sous le régime de Buyoya: «A cette époque, on évoquait le système de l’auto-défense à cause de la guerre civile. » De surcroît, insiste-t-il, d’autres individus ont acheté des armes pour protéger leurs familles. Anschaire Nikoyagize se demande si toutes ces armes ont été déjà retirées de la population. Ce membre de la ligue Iteka propose à la commission de désarmement de retirer d’abord ces armes qui ont des références connues. Selon lui, l’essentiel est de désarmer tous ceux qui détiennent des armes. Quant aux données qui seront publiées trimestriellement, Anschaire Nikoyagize estime qu’elles serviront plus à alerter l’opinion qu’à diminuer la violence armée. Il espère que cet observatoire n’a pas été mis en place pour justifier les budgets.
L’observatoire de la violence armée est un organe qui existe depuis 2007. Il était sous le contrôle du PNUD. Il établissait des statistiques mensuelles sur la violence armée au Burundi. En 2010, la CNAP qui est sous la tutelle du ministère de la Sécurité Publique s’est approprié cet observatoire. Cette commission de désarmement a alors renforcé les moyens. Désormais, l’observatoire bénéficie d’un appui technique d’une ONG britannique (Action on armed violence) et d’un soutien financier de la Norvège, du PNUD et du DSS.