Il y a un long moment Nubwacu Yves Lionel écrivait : « la commission Diène un scandale diplomatique et juridique », c’était après l’adoption de deux résolutions contradictoires dans une Assemblée générale, sur un même pays : le Burundi. Dans le chef de Doudou Diène il n’a jamais été question des droits de l’homme au Burundi malgré le volume des émoluments qu’il a dû toucher. Pendant tout ce temps de vaches grâces, il n’a jamais effleuré le dossier de 1972. Ni hier, aujourd’hui, ni demain. Il était temps que cette mascarade politico-financière s’arrête.
Comprendre la sphère des défenseurs des droits de l’homme au Burundi
Arrivée au pouvoir après une guerre civile qui a duré plus de dix ans le CNDD-FDD était une inconnue pour la plupart des stratèges des ambassades Occidentaux qui avaient passé la décennie de guerre civile à se filler aux analyses et expertises fournies par les membres des organisations de la ‘’société civile’’ Burundaise elle-même émanation de ce qui était devenue opposition en 1993 avec la brève prise du pouvoir par le frodebu. C’est cette situation qui explique le radicalisme affiché par certains membres de la société civile qui n’ont jamais cautionné, du moins publiquement, les changements démocratiques intervenus au Burundi durant la fin du 20ème siècle et le début du 21ème. Comprendre cette situation est la clef principale de la compréhension de l’imbroglio dans lequel se sont retrouvés les différents experts envoyés par les Nations Unies pour travailler sur le Burundi.
Ceux qui se présentaient comme défenseurs des Droits de l’Homme, donc principaux interlocuteurs de ces experts, n’étaient qu’un ramassis de nostalgique d’anciens régimes qui avaient vu dans les droits de l’homme un instrument pour servir leurs intérêts politiques. Certes la situation des droits de l’homme n’était pas des meilleurs au Burundi et ce depuis le 21/10/1993, mais à cause de l’amplification médiatique des fausses informations fournies par ces sois disant activistes des droits de l’homme, le Burundi s’est vite retrouvé dans la situation que nous connaissons actuellement même si la réalité sur terrain ne le justifie en aucune façon.
Deux résolutions contradictoires dans une Assemblée générale, sur un même pays : le Burundi
Mise en place par la résolution 33/24 du 30 septembre 2016 cette commission dirigée par le Sénégalais DOUDOU Diène était le résultat d’un forcing opéré par certains pays Européen et qui avaient exigé le vote d’une nouvelle résolution après que les pays africains aient réussi le jeudi 28 septembre 2016 à mettre en place une autre commission avec laquelle même le gouvernement du Burundi avait accepté de collaborer. La commission DIENE était le résultat d’un scandale diplomatique, la preuve que le conseil des droits de l’homme des Nations Unies est instrumentalisé à outrance par certaines puissances qui en font un des leviers de leurs politiques étrangères. La Commission des Nations Unies ayant obligation de mettre en place les deux commissions fera sourde oreille sur l’option mise en place par les pays africains pour privilégier celle des pays Occidentaux.
Ce scandale fera date dans les annales de ce Conseil et prouve à suffisance que le Burundi n’était pas vilipendé pour la cause des droits de l’homme mais bel et bien pour quelques intérêts inavouables de quelques puissances Occidentales. Il se doit de noter qu’après ces résolutions contradictoires le président de la commission d’alors Monsieur Fatsa OUGHERGOUZ démissionnera pour être remplacé par Monsieur DOUDOU DIENE. C’était donc sur base d’une telle imposture que l’assemblée générale du conseil des droits des Nations unies allait dorénavant se réunir pour parler du Burundi.
Des violations des droits de l’homme, le génocide de 1972 aurait dû être une de ses préoccupations majeures.
Aux antipodes avec l’esclavagiste de l’Afrique de l’Ouest, la CVR dans le dossier du génocide de 1972 avance à petit pas mais sûrement, comme dit-on, rien ne sert de courir il faut partir à point.
Point d’extraordinaire que Mr Doudou Diène avait toujours adopté une attitude irréaliste quant aux droits de l’homme au Burundi, car dans son chef, des droits de l’homme il n’en a jamais était question, il sert strictement les intérêts de ses patrons, avant-hier esclavagistes, hier colonialistes et aujourd’hui néo-colons.
Pour rappel, historiquement, le Sénégal a été un pays de NEGRIERS NOIRS pendant l’Esclavage. Dans le Livre “PROPRIÉTAIRES D’ESCLAVES EN 1848 Martinique, Guyane, Saint-Barthélemy, Sénégal”, M. Inez Fisher-Blanchet, et M. Oruno Lara, mettent en exergue un tableau avec les noms des SENEGALAIS -NEGRIERS-qui ont été PROPRIETAIRES D’ESCLAVES EN 1848. Une grande majorité de ces familles Sénégalaises NEGRIERES ont été propulsées pendant la COLONISATION par la FRANCE. Après l’indépendance du Sénégal le 20 août 1960, ces familles sont restées en SERVICE pour la FRANCAFRIQUE et aujourd’hui, avec le NEOCOLONIALISME, ce sont les petits enfants de ces derniers, qui occupent, pour la plupart, des postes dans les instances internationales ( ONU, FMI, BANQUE MONDIALE, OMC etc. ) comme des alliés indéfectibles de la France.
Le paradoxe est de voir ces petits fils de NEGRIERS entrain de défendre LES DROITS DE L’HOMME ... Ce que ressentent certains Sénégalais quand il voit un Africain ou un Burundais, c’est le regard qu’avait le NEGRIER SENEGALAIS vis à vis de son ESCLAVE NOIR… Voilà pourquoi le SENEGAL est un pays divisé en DEUX. Ainsi avec une partie du SENEGAL, il est impossible de mener des luttes PANAFRICANISTES pour bâtir l’Union Africaine.
Quant au dossier qui occupe nos propos, il n’est plus que, le Parlement et le Sénat, séance tenante ou le Gouvernement burundais, de déclarer l’effectivité du génocide de 1972 contre les Hutu, après l’accumulation des preuves de cette horreur dont les plus Hautes autorités de l’Etat burundais et des confessions religieuses ont pu voir, toucher et quantifier sur le terrain à travers toute la République, en vue d’entamer, selon le droit international, la procédure de sa reconnaissance officielle.
Rien de nouveau, le soleil se lève toujours sans tenir compte de la cruauté ni de la barbarie du monde, sur les survivants, sur les saccagés de la vie, sur les bourreaux comme sur les saints. La violence intentionnelle et le basculement vers le néant commencent souvent par un phénomène de manipulation sociale, de déshumanisation des futures victimes et s’en suit logiquement une mise à mort. Le génocide de 1972 contre les hutu du Burundi a aussi suivi le même cheminement.
Les fosses communes déjà identifiées par la CVR Burundi: Bubanza :240; Bujumbura :250; Bururi :88; Cankuzo :41; Cibitoke :345; Gitega :640; Karusi :91; Kayanza :322; Kirundo :200; Mairie :74; Makamba :207; Muramvya :315; Muyinga :184; Mwaro :181; Ngozi :337; Rumonge :396 ; Rutana :119 ; Ruyigi :13 ; etc.…
La reconnaissance est importante pour la guérison, pour la restauration humaine de l’âme comme du corps meurtri. Elle permet à la victime de se dire qu’elle compte aussi pour ses semblables, qu’elle fait encore partie du genre humain. Elle induit une ré-humanisation car la reconnaissance provoque chez le sujet une métamorphose, une reconnexion à la vie qui transcende l’horreur et qui permet de récupérer l’énergie et la force pour qu’en tant que survivant de nouveaux horizons s’ouvrent malgré les traumatismes encourus. Être vivant parmi les vivants.
La reconnaissance ouvre la possibilité que les survivants puissent, dans ce nouveau contexte, être accompagnés pour leur guérison par ce qu’on appelle dans le jargon de la psychothérapie, « des passeurs » pour transmettre l’après vie et la mémoire du passé afin de mieux vivre le présent tout en envisageant un autre avenir. Pour cela il faut rester engagé pour la vie et appliqué pour les générations futures. Pour livrer ce combat chacun a sa part de responsabilité. Pour la victime, la reconnaissance de ses souffrances endurées par des tierces personnes, par des institutions habilitées participe à sa guérison en tant qu’humain parmi les humains.
La ré-humanisation doit être portée sur la sollicitude et l’action au travers de la reconnaissance réparatrice sinon on renvoie le sujet à l’horreur. Autrement il faut garder l’ouverture et la possibilité d’aller vers l’humain, la possibilité de se ressembler comme un pilier de résistance à l’innommable pour enfin prendre soin de l’autre comme son semblable. Les Hutu du Burundi rescapés de l’hécatombe de 1972 sont encore dans cette quête de ré-humanisation vivifiante pour exorciser la cruauté et la barbarie endurées en 1972.
Depuis l’indépendance du Burundi un cycle de violence allant crescendo (1962, 1964, 1965, 1969, génocide de 1972, 1988, 1993-) a fait plusieurs victimes et malheureusement à ce jour, c’est l’impunité totale. Cette impunité peut en partie expliquer les violences qu’on observe au Burundi que l’on condamne mais pour lesquelles on n’apporte pas de remède curatif car il est aisément compréhensif que ce cycle de violence a rendu la société traumatique avec des frustrations enfouies et des perturbations psychiques non prises en charge à ce jour. Malheureusement et hélas, ce n’est pas du côté des personnalités comme Mr Doudou Diène qu’on trouvera l’issue à cette problématique, que du contraire.
La reconnaissance du génocide de 1972 permettrait à la société burundaise de faire un arrêt sur l’image et de panser les plaies encore ouvertes chez les rescapés et faire prendre conscience aux bourreaux qu’un crime contre l’humanité ne paye pas, de même, cela permettrait d’aborder sereinement les autres pogroms qui ont endeuillé le Burundi pendant la période qui a suivi cette déchirure de la société burundaise. Cheminer vers une résilience individuelle et collective dans un Burundi ré-humanisé et au bénéfice de tous.
Les massacres de 1972 sont un véritable génocide au regard des textes internationaux en la matière car il y a eu une intention de détruire une composante de la population burundaise par le gouvernement Micombero, une décision marquant le début du génocide notamment le décret du 29 avril 1972, pris à midi et les massacres démarrant à 20h, un mode opératoire qui visiblement avait été mis au point de longue date :les listes des Hutu à tuer, la logistique, la communication, la manipulation de l’information pour faciliter les opérations de ratissage sur tout le territoire national, la diplomatie active qui permettait de garder l’opinion internationale dans l’ignorance, etc. On y trouve aussi les différentes institutions et personnalités internationalement de haut rang qui ont fait des déclarations attestant qu’il s’agissait bel et bien d’un génocide. A ce jour, la procédure n’a pas encore commencé.
Tant que cette plaie ne sera pas refermée on peut affirmer qu’on est vraiment assis sur un volcan qui tôt ou tard finira par se mettre, à nouveau, en éruption et dans ce cas de figure personne ne peut prédire les dégâts mais on est sûr que des dégâts il y en aura. C’est dans ce cadre que l’intime conviction doit être faite que la meilleure prévention pour un Burundi socialement durable passe par la reconnaissance du génocide de 1972 par les instances habilitées également comme un ultime moyen pour commencer le travail titanesque de lutte contre l’impunité au Burundi et de restauration du tissu social pour des vivants parmi les vivants.
Ruvyogo Michel