Réfugié syrien devenu photographe indépendant pour l’AFP, Zakaria Abdelkafi est l’auteur de la photo du policier gravement blessé par des manifestants d’extrême-gauche le 1er mai à Paris. « J’ai tout de suite compris l’importance de cette photo », affirme-t-il dans un témoignage publié par l’AFP.
« Ils sont vraiment venus pour casser du flic. Ils étaient heureux de voir un flic brûlé »
Stéphane, un policier présent lors des manifestations
Un CRS a été gravement brûlé lundi lors des manifestations du 1er mai à Paris. L’image a fait le tour du monde. A la base, les policiers étaient venus pour calmer les groupuscules d’extrême gauche. Stéphane Trigallez, un policier présent sur place, a raconté à France Info ce qui s’est passé.
« A chaque fois qu’un fonctionnaire était brûlé, ils explosaient de joie comme s’ils avaient marqué un but en finale de la Coupe du monde. Ils sont vraiment venus pour casser du flic. Ils étaient heureux de voir un flic brûlé. Eux, ils étaient équipés avec des masques à gaz, des protège-tibias et des bâches pour se protéger », dit-il.
Plusieurs policiers ont été blessés, dont Stéphane. Mais, visé par un cocktail Molotov, c’est son collègue qui a été le plus sévèrement atteint, avec une brûlure au troisième degré à la main et au cou et au deuxième degré au visage.
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Le photographe raconte
La photo de l’incident a été prise par Zakaria Abdelkafi, un Syrien originaire d’Alep arrivé en France en décembre 2015. Il a raconté les coulisses de cette photo. Un témoignage fort.
« Je travaille comme photographe pigiste depuis mon arrivée en France. Je couvre beaucoup de manifestations. C’est comme ça que je me suis retrouvé lundi, vers midi, entre les places de la République et de la Bastille. », dit-il. « Ils sont très violents. Ils m’ont pris à partie plusieurs fois, poussé par terre et même frappé. Ce lundi, je les prenais en photos pendant qu’ils étaient en train de détruire des choses, quand l’un d’eux m’a collé une cigarette sur l’objectif. En ce qui me concerne, ils sont juste gênants. Je suis syrien. Et leurs petites bagarres ne sont rien par rapport à ce à quoi j’ai assisté dans mon pays. »
« Je l’ai entendu crier »
« Je n’ai pas vu le cocktail Molotov partir », poursuit-il. « J’ai juste vu le policier enveloppé par les flammes, et j’ai déclenché en rafale. Le policier était en train d’éloigner une cartouche de gaz lacrymogène du pied, quand le cocktail Molotov l’a frappé. Je l’ai entendu crier. Et puis ceux qui l’entouraient se sont aussi mis à crier. Je l’ai photographié jusqu’à ce qu’il soit emmené par les secours. »
Zakaria Abdelkafi se dit très touché par la scène, lui qui a perdu un oeil en Syrie et qui a déjà vu des scènes d’horreur absolue. « J’aimerai aller le voir à l’hôpital, pour lui apporter des fleurs. Pour moi, c’était avant tout un être humain qui brûle, sous mes yeux. Et les manifestants s’en fichaient complètement. Ils continuaient à balancer des trucs sur la police. (…) Je pensais à sa famille en continuant à travailler. J’ai beaucoup d’amis qui ont été défigurés par des brûlures dans des bombardements. Je sais à quoi ça ressemble. »
La photo a fait la Une de nombreux journaux internationaux, dont le New York Times ou le Wall Street Journal.