Quand on observe les manœuvres des rapaces qui tournent autour du Burundi, cet article écrit par une occidentale, met à nu tous les prétendus discours des droits de l’homme, qu’on utilise aujourd’hui un peu partout contre les pays du sud, dans l’espoir de recréer ce temps béni des colonies. Les temps changent mais les hommes ne changent pas de nature, ni d’intérêts, ni de méthodes… Suivons l’évocation ci-après.

Ce titre d’un « tube » de Michel Sardou, et surtout son contenu ironico-grinçant a créé, lors de sa sortie, il y a quelques années des remous et des réactions bien prévisibles dans les milieux des nostalgiques de ces temps aujourd’hui fort heureusement révolus pour la plupart des cas, temps « bénis » pour les profiteurs éhontés qu’ont été, dans leur immense majorité, les colonisateurs européens.
De mon point de vue direct, je pense à la Belgique, bien sûr, mais aussi à la France, pour des raisons bien précises…

Lorsque nous avons « débarqué » sur ces terres lointaines, nous avions l’ambition aussi prétentieuse que folle d’y « apporter la civilisation »… La nôtre, bien évidemment, qui vaut pour ce qu’elle est, en bien comme en mal, mais qui n’est certes pas « LA » civilisation par excellence, celle qui prévaudrait comme un modèle universel, et qui serait en droit d’écraser toutes les autres.

Car c’est bien de cela dont il s’agit en premier lieu : que ce soit dans « notre » bon vieux Congo Belge, ou, pour nos amis français entre autres en Algérie ou au Maroc, il est évident aujourd’hui qu’il y avait, avant l’invasion européenne, des autochtones très civilisés, qui vivaient là bas selon leurs propres règles et coutumes, connaissant, comme tous les humains les joies et les déconvenues liées à toute vie.

Lorsque nous sommes arrivés avec notre légendaire esprit « supérieur » d’européens, nous avons non seulement voulu imposer notre morale, notre religion, nos idées, nos conceptions et, en échange, nous avons pris possession de ces terres immenses, pour en exploiter les richesses… A l’époque, tout le monde trouvait cela normal, personne n’aurait eu l’idée de s’en offusquer. Et aujourd’hui encore vivent en nombre -et souvent assez bien- des nostalgiques de ces « temps bénis », qui parlent le plus souvent de ceux qu’ils ont exploité en des termes qui se devraient d’être sévèrement punis par les lois anti-racistes récemment édictées.

On peut tourner et retourner le problème comme on veut : les actes colonisateurs de nos ancêtres ne peuvent objectivement être qualifiés que de vols cautionnés!
Mais il n’y a pas que cela : il y a les séquelles qui se font sentir aujourd’hui encore de ces colonisations, et je ne parle pas seulement des plus criantes qui se manifestent au travers de guerres ou de génocides, mais de celles, moins directement visibles qui se traduisent par un manque cruel des moyens de soins ou de confort les plus élémentaires.
Nos Universités belges refusent des inscriptions de candidats médecins, numerus clausus oblige! Des médecins, il y en aurait de trop! La sécurité sociale se plaint -a juste titre!- d’abus de toutes sortes qui élargissent sans cesse un « trou » au moins aussi inquiétant que celui de la couche d’ozone…

Et il y a des pays, comme le Maroc par exemple, où des gens comme vous et moi n’ont pas de médecin traitant, n’ont que peu ou pas du tout de suivi médical, doivent « se taper » des centaines de kilomètres en voiture pour aller chez un spécialiste, quand ces spécialistes existent. Des pays dans lesquels nous avons importé, avec un mode de vie à l’Occidentale comme modèle quasi obligé, les principales souffrances psychologiques qui sont susceptibles de l’accompagner, comme le stress, l’angoisse d’un avenir incertain, la dépression, sans donner les moyens de les combattre !

Résultats ? Une détresse croissante chez de nombreuses personnes, une quasi impossibilité de consulter, une médecine mal préparée au traitement de ces problèmes spécifiques, peu de « psys », quelque soit leur discipline, et ceux qui existent trouvant leur pratique entravée par une sorte de superstition ou des préjugés qui, soit dit en passant, sévissait encore chez nous il y a quelques décennies où les « psys », quels qu’ils soient étaient considérés comme les « médecins des fous ». Et les dépressifs comme des « tire au flanc » ou de faux malades…

Situation aberrante ? Oui, évidemment : un souvenir indirect et indécent du « temps béni des colonies »!

Publié le 5 avril 2009 par Jean-Marie Demarque
Psychothérapeute