Ces deux dernières semaines le Burundi a été au centre d’un balai diplomatique qui nous a conduit successivement à Genève, New York et Malte. Certains pays Occidentaux avaient décidé de mettre le paquet pour voir leur politique vis-à-vis du Burundi connaître une avancée remarquable compte tenu du contexte diplomatique actuel jugé favorable par les experts de Bruxelles et autres capitales Occidentales intéressées par le Burundi. C’est ce constat qui avait fait dire au porte-parole du président de la République du Burundi et aux Conseillers chargés de la communication qu’ils ne pouvaient attendre rien de bon pour le Burundi dans l’ensemble des rencontres à venir où on parlerait du pays des mille et une collines. Si leur constat pouvait être vrai, compte tenu du contexte, les événements qui allaient suivre ne leur ont pas donné entièrement raison.
En fait les détracteurs du Burundi doivent avoir, en ce moment, un sentiment de déception très prononcé.

Les sorties médiatiques des diplomates occidentaux se trouvant dans la Capitale avaient donné le signal; certains parmi eux dans des contorsions verbales quasi impossibles , ont tenté de montrer que la situation va en s’empirant dans le pays de Mwezi Gisabo. Dans Iwacu-Burundi, l’Ambassadeur Suisse n’avait pas hésité à qualifier la situation actuelle du pays « de pire », allant jusqu’à ignorer le contexte de l’insurrection de certains quartiers de la ville de Bujumbura d’il y a deux ans.
La campagne médiatique pour convaincre de la détérioration de la situation au pays avait trouvé relais auprès des autres médias  »mainstream » comme RFI et VOA qui ne cessaient d’amplifier la crise du carburant des mois d’Avril et Mai derniers.

Soulignons au passage la sortie scandaleuse de Florent Geel, Directeur Afrique de la FIDH dans Paris Match, qui, par on ne sait quel miracle intellectuel, a trouvé qu’il y avait des relents génocidaires dans la campagne de régularisation des mariages illégaux engagée par le Gouvernement du Burundi. Les exemples sont légions où les Occidentaux et les médias qui leur sont proches ont tenté d’instiller dans l’opinion l’idée d’un Burundi à la dérive pour influer sur les différents sommets et autres rencontres qui allaient avoir lieu.

Pourtant malgré ce matraquage médiatique aux allures de propagande pour nuire à l’image du Burundi, d’autres voix font remarquer qu’objectivement les constats faits par les diplomates de l’Union Européenne sont faux. Depuis le début de l’année Bujumbura a accueilli de nombreux sommets et séminaires à caractère international qui ont permis aux participants de voir, par eux-mêmes, la réalité de la situation sécuritaire du pays. Ainsi, la plupart des participants venus des pays Africains ont-ils été surpris de trouver un pays en paix avec lui-même, où la sécurité était bien meilleure que dans certains des pays d’où ils étaient venus. Ces mêmes diplomates Occidentaux se heurtaient au scepticisme de leurs compatriotes qui vivent à Bujumbura. Lorsque Monsieur Wollfram Vetter, le trop engagé représentant de l’Union Européenne, parlait de climat de peur généralisée, ses propos se heurtaient à une réalité qui ne concorde pas avec leur teneur. En effet, comment expliquer une peur généralisée dans une ville bouillonnante d’activités, dont les habitants s’adonnent à toute forme de loisirs, et cela, jour et nuit?

A Bujumbura, ville située sur les rives du lac Tanganyika, la vie est redevenue ce qu’elle a toujours été ; une vie mouvementée où les dancings et restaurants chics rivalisent de créativité pour attirer une clientèle de plus en plus nombreuse et variée. Bujumbura vibre au rythme des vacances déjà. Comment, dans un contexte pareil, parler de climat de peur généralisée? Comment parler de peur généralisée dans un pays où la reprise économique, bien que timide est quand même réelle avec une croissance redevenue positive après deux ans de chiffres négatifs? Incapables de cacher les signes ostentatoires d’une paix et d’une sécurité retrouvées, certains diplomates parlaient de fragilité de la situation. Une expression difficile à saisir la portée car il n’y a pas de situation éternellement figée dans la vie d’une nation. Le retour de la paix et de la sécurité est une réalité dont tout observateur avisé et objectif sait percevoir et cela s’inscrit dans la durée.

Revenons à nos moutons. Que ce soit à Genève, à New York où dans la belle île de Malte, l’Union Européenne suivie par les autres pays membres avait présenté des résolutions dans chacune de ces rencontres où il était question d’accabler le Burundi. Pour cette organisation et ses États membres, il s’agissait d’agir de sorte que le Burundi sort de ces réunions diplomatiquement affaibli pour faciliter leurs actions belliqueuses.

Si à Genève il était question d’une évaluation à mi-parcours d’une enquête faite par la commission mise en place lors de la précédente réunion du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, tout le monde a été plus qu’étonné du ton affirmatif du communiqué fait par le président de la commission d’enquête. Comment comprendre une commission qui fait sienne des témoignages dont elle n’a pas pu corroborer malgré l’origine douteuse de ces derniers?
Sous prétexte que le Gouvernement du Burundi aurait refusé de collaborer avec cette commission, celle-ci s’est contentée d’affirmer sans ambages les témoignages reçus des principaux détracteurs du Gouvernement du Burundi.

En voulant sanctionner Bujumbura pour sa non coopération,
la commission a bâclé son travail. Un comportement qui renforce la défiance du Gouvernement du Burundi vis-à-vis des véritables visées de cette commission dont tout le monde se souvient du forcing de l’Union Européenne pour sa mise en place. En ce moment où les négociations entre Bujumbura et le Haut-Commissariat sont en cours pour une reprise de la collaboration, il aurait été plus judicieux pour les membres de la commission d’éviter une telle fuite en avant. D’autant plus que selon certains observateurs avisés, le contenu des témoignages recueillis est un ramassis de mensonges et de fausses histoires nventées de toutes pièces par certains acteurs de la société civile proche de l’opposition radicale.

Par contre l’échec fut cuisant à New York où le Conseil de sécurité a conclu à une situation sécuritaire bonne pour le Burundi et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter outre mesure pour ce pays. Le manque d’influence de l’Union Européenne dans cet organe central en matière de paix et sécurité des Nations Unies s’est fait sentir. Le caractère alarmant que tentait d’imposer les diplomates européens n’a pas tenu face à la réalité du pays que les autres diplomates présents à New York perçoivent à travers leurs divers canaux d’informations.

Il en sera de même à Malte où les députés des pays membres de l’UE-ACP n’ont pas été convaincus par la propagande contenue dans la résolution proposée par l’Union Européenne. Et pourtant, tout avait été fait pour porter l’estocade et renforcer la panoplie de sanctions prises par les Européens contre le Burundi. Le rejet de la résolution européenne par l’Assemblée à l’origine des accords de Cotonou est un exemple d’abus de la commission de l’Union Européenne dans les sanctions prises contre le Burundi.

L’acharnement de l’Union Européenne a atteint son paroxysme avec le déploiement de son effort diplomatique sans précèdent pour faire adopter des résolutions accablantes contre le Burundi dans les principales instances de prise de décision. Le sentiment d’injustice mélangé à de la rancœur qui habite les Burundais renforce leur conviction qu’il y a derrière beaucoup de non-dits qu’il faudra mettre à jour pour que cette situation prenne fin.

L’Union Européenne cherche à renverser le pouvoir de Bujumbura par tous les moyens en refusant d’abord à notre président le droit constitutionnel de se faire élire pour le deuxième mandat au suffrage universel direct, en organisant une insurrection prolongée par un putsch raté, en menant une guerre des droits de l’homme en dernier lieu. Nous nous attendons à d’autres plans advenant l’échec du dernier.

L’échec de cette campagne de l’Union Européenne dans les trois dernières rencontres devrait faire réfléchir cette organisation qui sombre de plus en plus dans la médiocrité. Ce n’est pas reluisant de se faire contredire par le reste du monde quand on sait que cette Union Européenne compte un pays qui se targue d’être le père des droits de l’homme (je veux dire ici la France) mais qui se prête à tous les jeux pour mettre en place des gouvernements qui lui sont favorables. Que cette Union comprenne que les burundais ont compris le jeu et que rien ne les feront reculer pour défendre leur souveraineté.

Par Yves Lionel Nubwacu