L’association de gynécologie obstétrique du Burundi (AGOB) en collaboration avec le Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR) a organisé son 5ème congrès, édition 2021, en vue de renforcer les connaissances et les pratiques du personnel soignant pour améliorer la qualité des soins maternels et néonatals. Avec l’appui de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la réduction de la mortalité maternelle et néonatale est prometteuse.
334 pour 100 000 naissances vivantes est le niveau de mortalité maternelle, d’après la dernière enquête démographique et de santé 2016-2017.
Sous le thème, « la dissémination des directives de l’OMS dans une approche de l’amélioration de la qualité des soins maternels et néonatals pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale », l’AGOB a organisé, les 9 et 10 décembre 2021 son 5ème congrès, en collaboration avec le Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le Sida, avec l’appui technique et financier de l’organisation mondiale de la santé (OMS).
« C’est dans l’optique de partager les différentes directives de l’OMS qui ont pour objectif d’améliorer la qualité des soins dans les différentes maternités et surtout réduire la mortalité maternelle et néonatale. Parce qu’il y a beaucoup de femmes qui meurent au moment de l’accouchement ou pendant l’accouchement. Alors ces chiffres interpellent toute la nation pour qu’il y ait une diminution de taux de mortalité ». Le renforcement des capacités du personnel de santé devient une priorité, a expliqué Salvator Harerimana, président de l’association de gynécologie obstétrique du Burundi.
La mortalité maternelle et néonatale est évitable
Les causes des décès maternels et infantiles sont connues. Notamment l’hémorragie après l’accouchement, les infections au cours de l’accouchement, l’hypertension durant la grossesse, l’avortement pratiqué dans les mauvaises conditions de sécurité. A celles-ci s’ajoutent : «les problèmes de travail prolongés », comme l’ont si bien expliqué les conférenciers.
Cependant, à en croire les médecins, gynéco-obstétriciens lors de la présentation des exposés, ces décès sont évitables.
Le docteur Hosaie Ndayegamiye, gynécologue à l’Hôpital Militaire de Kamenge a présenté les nouvelles directives liées à l’accouchement et celles liées à l’interruption sécurisée de la grossesse et les soins après avortement. Selon lui, ces nouvelles directives ont mis en évidence les insuffisances du partogramme et que le travail d’accouchement commence à 5 cm au lieu de 4 cm. Les deux lignes d’alerte et d’action ont été supprimées. Et la durée standard de latence n’a pas été établie. L’épisiotomie ne doit pas être pratiquée systématiquement, a-t-il ajouté.
« Un rythme de dilatation d’1 cm/heure au minimum au cours de la phase active est peu réaliste et trop rapide pour certaines femmes et n’est donc pas recommandé pour identifier la progression normale du travail. Les lignes directrices de l’OMS abordent la dispensation de soins liés à l’avortement sécurisé, de la contraception post-avortement et des services de contraception », a-t-il poursuivi.
Le docteur Deogratias, gynécologue au centre hospitalo-universitaire de kamenge, et expert de la prise en charge de cancer du col de l’utérus, a exposé sur les interventions d’auto-soins pour la santé sexuelle et reproductive ainsi que sur le dépistage et traitement du cancer du col de l’utérus. Il a fait savoir que la contraception injectable auto-administrée devrait être mise à disposition en tant qu’approche supplémentaire pour la contraception injectable pour les personnes en âge de procréer. Et que les Directives révisées de l’OMS proposent un dépistage du Papilloma Virus Humain (HPV) responsable de la majorité des lésions pré cancéreuses et cancer du col de l’utérus par dépistage et traitement au lieu de pratiquer la technique de visualisation des lésions par l’acide acétique (IVA), puis la cytologie, la colposcopie et la biopsie.
« Le dépistage de HPV devrait se faire par le test de l’ADN du HPV. Chez les femmes VIH négatif, le dépistage doit se faire à partir de 30 ans et à 25 ans chez les femmes VIH positif. Le rythme de dépistage est de 5 ans à 10 ans si VIH négatif et 3 ans à 5 ans si VIH positif. Le dépistage devrait s’arrêter à 50 ans si la femme a bien suivi ce programme de dépistage et qu’elle est restée négative à cet âge », a-t-il affirmé.
D’ici à 2030, 70 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes
La réduction de la mortalité est l’une des cibles des ODD sur la bonne santé et le bien-être : d’ici à 2030, faire passer le taux mondial de mortalité maternelle en dessous de 70 pour 100 000 naissances vivantes. Et éliminer les décès évitables de nouveau-né.
Selon l’Assistant de la Ministre en charge de la santé publique, Dr Onesphore Nzigirabarya, la santé maternelle reste une préoccupation majeure du fait que la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile demeure très élevée par rapport aux cibles fixées par les Objectifs de Développement Durable (ODD) et il en explique les causes : « Ces taux de décès élevés, sont enregistrés suite aux complications liées à la grossesse, à l’accouchement, celles liées au post-partum mais également à un très faible recours à la contraception. A cela s’ajoute la qualité de l’offre des services fournis par les prestataires sanitaires vis-à-vis des sollicitations des patientes enceintes prêtes à accoucher », a indiqué Dr Nzigirabirya.
Docteur Eugénie Niane, responsable du programme santé maternelle, néonatale et infantile au bureau pays du Burundi, qui a représenté l’OMS, lance un appel à tous les médecins gynéco-obstétriciens afin qu’ils travaillent ensemble pour éliminer les décès maternels, et néonatals: «Les chiffres ne sont pas la réalité. La réalité est encore cachée. Et nous avons constaté qu’il est possible d’accélérer le recul de cette mortalité. Vous l’avez entendu, c’est un couple donc la mère et un nouveau-né. Je vous incite également à travailler aussi en couple (gynécologue-pédiatre) dans la salle de maternité pour sauver l’enfant et la mère. Que cette conférence soit une opportunité de partager les connaissances pour améliorer la qualité des soins maternels et néonatals au Burundi », a noté docteur Eugénie Niane.
Les médecins présents à ce congrès ont demandé au gouvernement de mettre en place une plate-forme incluant tous les acteurs de la santé pour élaborer un plan d’accélération
« Ce plan devrait rassembler tous les acteurs et y mettre tous les moyens techniques et financiers pour pouvoir équiper les centres de santé, les hôpitaux, le plateau technique est insuffisant ou inadapté, il y a aussi la pertinence d’accroître la disponibilité et l’utilisation des services accessibles et de qualité au niveau des hôpitaux de district. Et aussi former le personnel des hôpitaux, car il y a le personnel qui n’a pas des comportements professionnels appropriés et nuisant à la prise en charge des urgences obstétricales. En plus des délais trop longs dans la prise de décision et dans le traitement des complications », a demandé, docteur Zacharie Ndizeye.
L’Assistant de la Ministre en charge de la Santé Publique et de Lutte contre le Sida, Dr Onesphore Nzigirabarya a remercié vivement l’Organisation Mondiale de la Santé pour son appui technique et financier à travers le financement de la Suède pour la tenue de ce congrès et les activités de maintien des services SSR surtout dans ce contexte particulier de Covid-19. L’Association de Gynécologue Obstétrique s’est engagée à accompagner le Ministère de la Santé Publique dans la dissémination et la mise en œuvre de ces nouvelles directives.
Par OMS (Iwacu)