Ce n’est plus un secret, le Burundi est un cas particulier à tous égards. Ce petit pays du cœur d’Afrique continue d’étonner le monde en prouvant que sa modeste superficie n’ôte rien de sa grandeur et de son rayonnement dans le concert des Nations. Même le ministre belge des affaires étrangères Didier Reynders n’en comprend plus rien!
Petit, pauvre, mais fier, le Burundi affirme de plus en plus son indépendance vis-à-vis des puissances occidentales qui se sont arrogé le statut de gendarmes du monde et de donneurs de leçons ; et cela avec brio.
En effet, loin de s’isoler du reste de la Communauté Internationale, le Burundi pose ses principes qui doivent régir la coopération entre Etats souverains, égaux et désireux de cohabiter pacifiquement dans le strict respect des normes internationales.
Le Burundi sait qu’il doit beaucoup à la Communauté Internationale, tout particulièrement à l’ONU, l’UA et la sous-région des grands lacs pour leurs louables contributions dans la résolution du conflit politico-ethnique de 1993 à 2005. Le pays ne cesse d’ailleurs d’exprimer sa reconnaissance à l’endroit de tous ceux qui l’ont accompagné durant cette douloureuse période ainsi que pendant la reconstruction post-conflictuelle.
Cependant, le Burundi refuse l’ingérence dans ses affaires intérieures de la part des anciennes puissances coloniales et rejette également les mécanismes internationaux entachés d’iniquité, telle que la Cour pénale internationale (CPI).
Pour ce faire, le Burundi se révolte depuis trois ans contre l’ordre des puissants ; préférant compter sur ses maigres ressources plutôt que de rester le joujou et le cobaye des donneurs d’aides en échange de la réalisation des conditions destinées à maintenir le pays sous dépendance, car étant en permanente instabilité.
Il est certain que, par sa volonté de soutenir à la fois le pouvoir et le contre-pouvoir, l’Europe s’assure de tourner toute la concentration d’une Nation sur les affaires politiques au dépend des efforts de développement. C’est ainsi que l’Europe crée la dépendance à l’aide qui est accordée d’une façon qui cache malicieusement les véritables intérêts poursuivis par les bienfaiteurs.
Ceci dit, en défiant les menaces de ses gentils protecteurs, le Burundi a eu le mérite de rappeler au monde entier que toute Nation, libre et unie, peut relever ses défis et se gouverner sans injonctions de personne.
Les anciennes puissances coloniales se targuent d’avoir les meilleurs systèmes de gouvernance et veulent les imposer au reste du monde, à l’Afrique en particulier, sans considérer les particularités des sociétés concernées ; ce qui crée souvent des chocs, des crises, voire même des conflits sanglants.
En 2015, le Burundi est passé près d’une tragédie que les occidentaux prédisaient, sans tenir compte du fait qu’ils étaient eux-mêmes les responsables de l’imbroglio politique qui a accompagné le processus électoral de 2015. Ils n’ont même pas eu froid aux yeux, lorsque des preuves de leur participation à la déstabilisation du pays ont été mises au grand jour. Ils se sont plutôt contentés d’expliquer qu’il était dans les habitudes de l’Union européenne de soutenir les activistes civils, au nom des libertés d’opinion et d’expression.
C’est bien de soutenir les médias. C’est bien de supporter les organisations de défense et de promotion des droits de la personne humaine et de la bonne gouvernance. Néanmoins, il est illogique d’étendre ce soutien à une insurrection fomentée autour de manipulations d’une jeunesse en quête d’identité et en besoin d’encadrement social ; à moins que l’instabilité constitue l’objectif poursuivie.
C’est dans cet ordre d’idées que le Burundi ne se lamente pas trop de la rupture de l’aide européenne au développement, car l’ingérence aussi s’est estompée. Pour résultat, le pays se stabilise dans tous les domaines, même ceux dans lesquels l’UE se croyait incontournable.
A titre illustratif, depuis ce 7 juin 2018, le Burundi est régi par une nouvelle loi fondamentale, au grand damne des occidentaux qui s’étaient insurgés contre le processus référendaire sur la révision de la Constitution.
Dans son rôle de donneur de leçon, l’UE avait surtout critiqué la possibilité au Chef de l’Etat actuel de briguer deux nouveaux mandats. Le fait que le Président Pierre NKURUNZIZA ait déclaré solennellement, dans un historique discours à la Nation, que mandat prendrait fin en 2020 et qu’il soutiendra son successeur devrait normalement faire taire, une bonne fois pour toute, cette Europe qui persiste à se considérer comme étant le centre et le décideur du monde, faiseuse de paix et de guerre.
Par sa sage décision, le Président Pierre NKURUNZIZA a étonné ses détracteurs qui ne manqueront pas évidemment de trouver d’autres prétextes pour s’attaquer au Peuple burundais et à ses dirigeants.
Au lieu de continuer à se cantonner dans une attitude de bras de fer, l’Europe, qui ne cache plus son soutien à l’opposition burundaise, devrait constater la maturité politique de la société burundaise qui vient de consolider sa culture démocratique en donnant au monde une bonne leçon d’alternance au pouvoir.
Le Ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, l’a déjà compris et a salué l’annonce du Président burundais. Ce qu’il ne comprend pas encore est que la grande majorité des barundi ne veut plus entendre parler de lui, tant qu’il ne conseille pas ses protégés d’opposition burundaise à regagner leur pays et à faire de la politique en respectant les règles du jeu. Une fois à Bujumbura, son envoyé spécial dans la région des grands lacs aura l’occasion de connaitre mieux l’aspiration du Peuple burundais.
Sa visite doit notamment permettre aux dirigeants belges et européens à revenir à la raison, en considérant le Burundi comme un Etat de droit qui mérite le respect de sa souveraineté. C’est au prix de cet effort qu’une réelle coopération pourra s’établir, afin que chaque partie tire le meilleur profit.
Par Appolinaire NISHIRIMBERE , https://theburundian.wordpress.com