Kagame vs Ndayishimiye : Pour qui sonne le glas dans la crise congolaise ?

Kagame vs Ndayishimiye : Pour qui sonne le glas dans la crise congolaise ?
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La crise persistante dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est bien plus qu’un simple conflit régional : elle symbolise l’affrontement de deux visions opposées pour l’avenir de la région des Grands Lacs. D’un côté, Paul Kagame, Président du Rwanda, est accusé de soutenir des groupes rebelles comme le M23 afin d’exploiter les ressources minières congolaises. De l’autre, Évariste Ndayishimiye, Président du Burundi, se positionne comme un artisan de la paix, œuvrant activement à la stabilisation régionale. Ces approches divergentes soulèvent une question cruciale : pour qui sonne le glas dans ce bras de fer géopolitique ?

Paul Kagame : une stratégie risquée d’instabilité et de prédation

Depuis des années, Kagame est soupçonné de soutenir la rébellion du M23, active au Nord-Kivu. Des rapports de l’ONU confirment une implication rwandaise dans l’armement et le commandement de ces groupes. Pourtant, ces accusations remontent bien plus loin. En 1996, le Rwanda de Kagame lança une invasion de la RDC (alors Zaïre), sous prétexte de traquer les génocidaires hutus réfugiés. Ce qui suivit fut une série de massacres à grande échelle de civils hutus rwandais et congolais , qualifiés de crimes de guerre, voire de génocide, par des organisations comme Human Rights Watch et un rapport de l’ONU publié en 2010. Ce dernier affirmait que certains crimes pouvaient être requalifiés comme actes de génocide s’ils étaient jugés par un tribunal compétent.

Sur le plan économique, le Rwanda affiche des chiffres impressionnants : plus de 2 000 tonnes de coltan exportées en 2023 et 1,1 milliard de dollars de recettes minières, malgré ses maigres ressources internes. Le contraste est frappant avec la RDC, principale source de ces minerais, souvent extraits dans des zones contrôlées par des milices armées. Ces données alimentent les accusations de pillage systématique.

Cette politique agressive isole progressivement Kigali. En 2025, la RDC rompt ses relations diplomatiques avec le Rwanda. Antony Blinken, secrétaire d’État américain de l’époque, déclare : « Le soutien au M23 est inacceptable. Le Rwanda doit cesser tout appui à ce groupe armé. »

Surtout, les conséquences humaines sont accablantes : plus de 7 000 morts depuis janvier 2025, 7 millions de déplacés internes, et 1,1 million de réfugiés congolais dans les pays voisins, dont 61 000 accueillis au Burundi. Ces chiffres rappellent les pires épisodes de violences ethniques et déplacent la stratégie de Kagame sur le terrain de l’accusation de crimes contre l’humanité à finalité génocidaire.

Évariste Ndayishimiye : un leadership diplomatique en faveur de la paix

À l’opposé, Évariste Ndayishimiye incarne une autre vision de l’Afrique des Grands Lacs. Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, il s’est imposé comme un acteur crédible du dialogue régional. En tant que président en exercice de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), il a organisé des sommets pour faciliter le dialogue entre Kinshasa et les groupes armés. Il a notamment accueilli le Sommet du mécanisme régional de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, déclarant : « Ce n’est pas seulement un problème congolais, c’est un problème régional. »

Le Burundi sous sa direction privilégie les accords bilatéraux légitimes plutôt que l’ingérence. Il collabore militairement avec la RDC sans soutenir aucune rébellion. Le pays est aussi un contributeur majeur aux opérations de maintien de la paix, en Somalie (ATMIS) et en Centrafrique (MINUSCA). En 2022, Ndayishimiye préside le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et est désigné Champion de l’agenda Jeunesse, Paix et Sécurité, plaidant pour l’inclusion des jeunes dans les processus de stabilisation.

Cette diplomatie proactive lui vaut la reconnaissance de la communauté internationale, faisant de lui une figure émergente d’un leadership africain responsable.

Une page se tourne dans les Grands Lacs

Les dynamiques actuelles montrent que la stratégie de Paul Kagame s’essouffle, affaiblie par son coût humain et diplomatique. Alors que les critiques s’intensifient, y compris dans les cercles occidentaux, Évariste Ndayishimiye s’impose comme une alternative de plus en plus crédible.

Le glas ne sonne pas encore de manière définitive, mais il résonne clairement du côté de Kigali. Si la communauté internationale maintient sa pression et que les peuples de la région poursuivent leur quête de paix, c’est bien la voie de la coopération, de la stabilité et de la légitimité, incarnée par Ndayishimiye, qui pourrait l’emporter.

Par Bazikwankana Edmond