Marie-Louise Sibazuri à la Francophonie
(Iwacu 24/07/2014)
Référence dans la littérature burundaise, la dramaturge vient d’être nommée ambassadeur déléguée à la Francophonie. Rencontre avec une femme discrète.
Marie-Louise Sibazuri, dramaturge et ambassadeur du Burundi déléguée à la Francophonie. “Une forme de reconnaissance pour mon travail. Cela m’a touchée.” C’est en ces termes que l’écrivain explique comment elle a accueilli sa nomination. Assise dans un bureau austère, dominé par un dessin de Sédar Senghor, elle respire une force tranquille, répond à la conversation d’une voix très posée. Rien ne l’avait prévenue qu’elle passerait du service « Accueil et Visa » de la chancellerie burundaise à Bruxelles, poste qu’elle occupait ces 9 dernières années, au titre d’ambassadeur.
Rien. Ni son prestige de femme de lettres à la riche production voir (encadré), ni ses réseaux, surtout dans les milieux culturels qu’elle a développés au Burundi et en Europe. Son parcours politique ? Il s’arrête en 1997 alors qu’elle est en passe d’entrer au Parlement pour le compte du parti Uprona, dans lequel elle a milité depuis sa jeunesse et lors des premières élections démocratiques burundaises en 1993. « A ce moment, j’ai décidé de continuer avec l’aventure du théâtre radiophonique et de rompre avec le militantisme politique », explique cette mère de quatre enfants qui affirme, depuis, ne plus être membre d’un parti politique.
naissance à Kabarore (Kayanza) en janvier 1960
études au primaire et au secondaire à Kayanza, Ngozi et Gitega
débuts dans le théâtre au lycée de Busiga (Ngozi), en 1975
première pièce composée en 1976
riche production, depuis :
les feuilletons, avec notamment « Umubanyi niwe muryango » (854ème épisode en juillet 2014), « Tuyange twongere » (331 épisodes)
un roman publié, « Les Seins nus » (Belgique, 2014), et deux à venir
un recueil de 100 contes burundais, « Quand la marmite chante »
Jusqu’en 2005, elle se consacrera principalement au feuilleton « Umubanyi ni we muryango » (Ton voisin fait partie de ta famille) qui a bercé les soirées de milliers de foyers au Burundi, depuis plus de dix-sept ans.
Son expérience professionnelle en Belgique lui permettra d’obtenir une licence en Politique et Économie Sociale, à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve. Pour une dramaturge dont l’œuvre littéraire oscille entre le kirundi et le français, la question des langues se pose immanquablement. « Plus nous utilisons de langues, plus le Burundi a d’outils pour réussir son intégration dans la communauté des pays de l’Afrique de l’Est et ailleurs », explique Marie-Louise Sibazuri. Entre l’anglais et le français, pas d’antagonisme, complète-t-elle, puisque « chaque langue nous apporte quelque chose de spécifique. »
La Francophonie ? « Se retrouver autour d’une langue – le français – ne justifie pas l’existence de l’institution. Ce qui est le plus important, c’est tout ce qui est mis en œuvre pour la faire rayonner, pour faire se rencontrer les peuples autour d’elle. »
Quant à la scène culturelle burundaise, « certains secteurs comme le cinéma, la chanson et la peinture sont plus vivants que d’autres. Ce qui me plairait encore plus serait de voir renaître le théâtre dans les écoles. »
Comme s’il y avait une idée derrière …