UPRONA : la mort d’un géant ou enfin l’euthanasie d’un malade incurable ?

UPRONA : la mort d’un géant ou enfin l’euthanasie d’un malade incurable ?
BUJUMBURA News le 30 juillet 2014

Chers concitoyens, c’est un vrai malheur pour le Burundi où la trahison a toujours été considérée comme flexibilité politique, un symbole d’ouverture et de maturité politique. Pris dans le bon sens, un politicien maximaliste n’a vraiment rien de meilleur. Mais, le problème est qu’au Burundi, un certain laxisme analytique a conduit à cette illusion. Ainsi, l’UPRONA, un parti traître s’est confortablement installé dans une image de leader charismatique de la politique burundaise, un cadre d’ouverture et de bon sens, un haut lieu de « conscience de l’essentiel », permettez-moi d’emprunter l’expression à son illustre auteur que je respecte par ailleurs.

Or, il n’en était rien. Ce parti tomberait toujours dans les même travers si une seconde chance, difficile à espérer dans le contexte protoDDiste, lui était donnée. Ce parti est bâti sur de très mauvaises bases. Il est en effet fondé sur un petit calcul court-termiste consistant à la conquête ou à la conservation des places plutôt lucratives que politiquement stratégiques. Tout cela dans l’unique perspective d’assurer le confort ô combien éphémère d’une certaine classe de ses membres. Madame Nibigira verra dans la crise actuelle le rétrécissement du gâteau. Quelle honnêteté! En fait, des hommes et des femmes d’allure, ici je parle d’Ijunja pour l’Ijambo, je vous renverrais à votre appréciation, se font inconsciemment achetés pour des cacahouètes.

Un peu d’Histoire.

Ne vous attentez pas à ce que je vous embarque dans les « antiquités » de la politique burundaise dont je ne suis nullement témoins, étant trentenaire. Dans ma relative jeunesse, je suis pourtant témoin, non moins intéressé, de certaines étapes de cette chute aux enfers de la mère patrie. Je ne remonterai pas plus loin que les alentours années 2000. À cette époque, la raison commençait à faire semblant de primer les spéculations illusoires. La question burundaise a été ouvertement posée dans un cadre autre que la violence politico-raciste à travers Arusha. Le peu de chose que je partage avec le citoyen C qui n’est pas directement lié aux affaires prouve à suffisance, les bases politiques fragiles de ce parti. Le seul mérite aura été d’accepter une issue politique d’une guerre qui allait finir par coûter cher à ceux qui ne devraient que la mener soit pour question de survie physique ou de reconnaissance politique.

Mais, parlons de cet Arusha. Il se pourrait que dans toute négociation, la logique maximaliste anime toutes les parties au début. Le travail de la médiation est de les amener au milieu par des concessions raisonnables permettant de reconnaitre la légitimité réelle ou supposée des enjeux de la partie en face.

Or, l’UPRONA y est arrivé avec une posture de résignation ou avec une psychologie auto-culpabiliste liée plus à la conscience de la pression internationale sur son pouvoir qu’à ses actes qu’une certaine propagande exagère souvent. Déjà, pendant ces négociations, des voix s’élevaient même en son sein, pour critiquer cette méthodologie de concession sans contrepartie qui lui a valu la réputation de parti des modérés. Je préfère ne pas l’être si modéré veut dire prendre des décisions sub-optimales pour se créer une bonne réputation. Une bonne partie des Tutsi y voyaient leur fin. Ne me prenez pas pour un raciste que je ne suis pas. Je ne fais que parler sincèrement d’une peur qui se partageait sans égard au refus mais à la crainte de l’autre; crainte non déraisonnable vu les périodes de tueries massives que nous traversions encore. Je ne néglige pas la tragédie qu’a vécue l’ethnie hutu à la même période. Mais pour le cas que je développe, eux au moins semblaient en voie d’avoir gain de cause d’autant que l’armée qu’ils accusaient de tous leurs malheurs était en phase de recomposition en leur faveur suite à Arusha. Je me félicite au moins de la décrispation de la tension éthique que je ne mets pas à l’actif du génie réconciliateur de la politique hahaha « centriste » uproniste mais aux maladresses du CNDD-FDD qui nous a matés sans distinction.

Quand l’UPRONA négociait à Arusha, je présume que la logique égoïste des places sans agendas aux gouvernements prenait le pas sur un avenir équilibré de la politique de ce pays. La plupart de ses négociateurs érigés en Key-Players, se voyaient peut-être déjà à la retraite le moment où les conséquences de leur maladresse politique commenceront à frapper dans les milieux qui leur étaient à tort ou à raison assimilés ( les tutsis ou le G10). Mais comme le temps file vite! Tout le monde est encore là, à garder les vaches pour ceux qui en ont encore ou à aller se divertir aux Play-offs Urunani- Kern faute d’autres occupations sérieuses. Les autres ont profité des contacts qu’ils se sont tissés au cours de ces grand-messes arushéennes pour se chercher un exil professionnel. Voilà la corruption de l’esprit uproniste qui se perpétue avec le CNDD-FDD.

Déjà avec Arusha, une première dans une négociation DE PAIX, une signature est apposée à un texte qu’une partie juge inachevé. Ils devraient répondre pourquoi ils menaient une guerre aussi facile à arrêter. Des réserves devant être vidées ont été présentées et reçues par la médiation qui ne doit pas pleurer pour la fin d’une guerre sur une base d’une négociation mauvaise soit-elle.

Et soudainement, une petite panique survient de nulle part quand un éminent colonel entre dans la danse pour rivaliser la première transition avec le grand major. Tous les vrais enjeux sérieux seront sacrifiés, y compris les réserves pour signer en toute hâte un brouillon d’ « acte d’engagement » avec Berhanou Dinka. Objectif : course à la transition. Des ministères, des présidences de sénat, des ambassades, des directions générales, des jeeps, 4X4, belles voitures, gardes… étaient en jeux. Pour quoi en faire? Kuzikamisha pendant 18 minables mois. J’aime notre langue quand ça parle sans political correctness.

Un seul Monsieur, qui garde par ailleurs son nom dans les annales de l’histoires de ce pays a refusé de mettre sa signature là-dessus ; Jean-Baptiste Bagaza. Son PARENA, ces « inyankaburundi », toujours maté par la police pour les mêmes causes que le MSD actuel, a porté sur ses épaules les critiques de tous ceux qui se croyaient naïvement modérés alors qu’ils étaient en réalité des suicidaires. Le PARENA finira par quasi disparaitre de la scène d’un pays qui l’a eu trop tôt. Quand on l’accuse de vieillir ce Monsieur J.B. Bagaza, j’ai un petit rire. Asazanye ijambo dans un pays qui ne le reconnait pas. Même s’il mourait demain, il aura vu claire là où les autres, mêmes certains qui l’ont rejoint par après dans l’ADC-Ikibiri, n’ont vu que leurs intérêts privés. Sinduhije qui croyait naïvement en la conversion du loup en récolte l’exil.

Vous me demanderez pas pourquoi je ne parle que de ces « précieux-ridicules » qu’une certaine opinion qualifie de dinosaures ( hahahah peut-être pour la douce disparition totale de l’espèce). Oui, ce parti a aussi des jeunes. Monsieur Manwangari, qui est peut-être un peu différent de ses pairs a initié leur recrutement sur fonds des réunions souvent bien arrosées à Ku Mugumya. Mais quelle jeunesse? Cette malheureuse jeunesse déjà corrompue à la fin du lycée, des fonctionnaires qui se cherchent une petite promotion de la salle de classe à conseiller au sénat ou au ministère aux affaires superficiels géré par ce parti. Une logique de rétribution du militantisme a animé les adhésions des jeunes à ce parti pendant et après Arusha. Que voulons-nous? Que dire de ces « migrations inter-partisanes » que nous avons su baptiser de « Transhumance politique » de ANNADE à UPRONA, et de UPRONA la journée, au DD le soir comme dans une bonne cérémonie de kubandwa où on est le jour citoyen ordinaire et le soir en haillons et visage masqué pour célébrer Kiranga et ses prêtres.

Je suis désolé pour ceux qui y sont par fidélité au prince. Même ma mère y était jusqu’à sa mort malgré mes insistances. Elle n’aurait pas pu s’affronter si elle maquait à son devoir de mémoire au prince qu’elle a vu de ses yeux allant chercher les citoyens aux fins fonds du Burundi pour leur parler des illustres perspectives qu’il avait pour le pays. Ce prince est mort et son patriotisme a été enterré avec lui du mois au sein de son parti. Soyons conséquent!

Que dire donc de ce parti ? Il est malheureux qu’il meurt au moment où une bonne partie de sa nomenklatura étaient en train de se ressaisir pour ne serait-ce que regretter le débordement du lit d’une rivière qu’ils ont pourtant eu le temps et la possibilité de canaliser sans le faire.

À l’époque j’avais l’âge de l’école secondaire et pourtant je n’avais besoin d’aucune aide pour comprendre que l’UPRONA nous emmène droit au mur. Mais, les gendarmes étaient là pour quiconque oserait crier. Où étaient leurs cerveaux pourtant réputés pour certains d’entre eux? Comme quoi l’essai sur la science sans conscience qui écœurait Rabelais était destiné à l’UPRONA. Je ne parle de l’UPRONA rien que parce qu’il fait partie de l’actualité. Je diagnostique les raisons de sa mort sans pour autant m’en réjouir, comprenez-moi bien. Uwukuravye cane agutera kwikwiza. Je ne sais pas si ça sert à quelques choses pour les concernés.

P.C.