Le chef de la Monusco lance un dernier avertissement aux FDLR

(AFP 07/08/14)
Un haut responsable de l’ONU a lancé jeudi devant le Conseil de sécurité un dernier avertissement à un groupe rebelle rwandais actif dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le menaçant d’une action militaire s’il ne dépose pas les armes.

Martin Kobler, chef de la Monusco (Mission de l’ONU en RDCongo), a recommandé que la Mission et les forces gouvernementales congolaises « mènent des actions militaires conjointes contre les factions des FDLR qui ne veulent pas abandonner les armes et agissent contre ceux qui continuent de commettre des violations des droits de l’homme ».

« J’adresse un message aux FDLR: saisissez cette dernière occasion », a-t-il lancé. « Tous les combattants , y compris les dirigeants, doivent désarmer immédiatement (..) et ceux qui sont inculpés doivent rendre des comptes ».

Les FDLR sont un groupe de rebelles composé de Hutus qui ont fui le Rwanda en 1994. Selon la Monusco, ils continuent de semer la terreur dans l’est de la RDC. Leur commandant suprême Sylvestre Mudacumura est recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en RDC.

Les FDLR ont entamé un processus de reddition volontaire, espérant ainsi obtenir un dialogue avec Kigali, qui s’y refuse. Mais à peine 200 combattants ont rendu leurs armes et ce processus est en panne depuis début juin.

Selon M. Kobler, 11.000 combattants du FDLR ont été désarmés et « réintégrés dans la société rwandaise » depuis 2002 et il en reste environ 1.500 en RDC. « Nous sommes proches de la fin » de ce processus, a-t-il souligné. « La fin des FDLR marquera un tournant qui va changer fondamentalement la situation de sécurité dans l’est de la RDC et dans la région ».

Washington avait appelé mardi les FDLR à se rendre sous peine d’actions militaires. Pour Russ Feingold, l’envoyé spécial américain pour les Grands lacs, le groupe doit être démobilisé « au plus tard à la fin de l’année ».

Faisant le bilan de sa mission depuis un an, il a noté « un progrès tangible ». « Un certain nombre de groupes armés ont été renvoyés aux livres d’histoire », a-t-il rappelé en référence notamment au mouvement M23 qui a rendu les armes l’an dernier après avoir essuyé de cuisants revers contre l’armée congolaise.

Mais, a-t-il ajouté, « ces développements positifs ne constituent que le début de l’instauration d’une paix durable dans la région des Grands lacs ».

Dans sa dernière intervention devant le Conseil de sécurité, l’émissaire de l’ONU pour la région des Grands lacs Mary Robinson a elle aussi jugé que les promesses de désarmement des FDLR « sont encore trop peu suivies d’effet pour être crédibles ». « Toutes les forces négatives doivent être éliminées » afin de garantir « une paix irréversible », a-t-elle affirmé.

Mme Robinson, nommée envoyée spéciale de l’Onu pour le changement climatique, cède la place à Said Djinnit.

Le ministre angolais de la Défense Joao Manuel Gonçalves Lourenço, qui participait à la réunion, s’est déclaré « inquiet de la lenteur du processus de désarmement volontaire » des FDLR. L’Angola préside depuis le début de l’année la conférence internationale sur les Grands lacs, une organisation qui rassemble les pays de la région

Le ministre des Affaires étrangères de la RDC Raymond Tshibanda a réclamé « un substantiel redimensionnement à la baisse » de la Monusco, pour faire « des économies importantes dans l’intérêt du maintien de la paix sur d’autres théâtres ».

Interrogé sur ce point, M. Kobler a exclu pour le moment de changer l’effectif militaire de la Mission (19.450 hommes). Il a rappelé qu’une « reconfiguration » de sa composante civile était en cours pour tenir compte du redéploiement de la Monusco vers l’est de la RDC.

La Mission de l’ONU, sur place depuis 1995, est l’une des plus importantes dans le monde, avec plus de 25.600 employés, dont environ 21.200 soldats, observateurs militaires et policiers, et près de 4.000 civils.