Le cas du Sahara occidental discuté le 13/10/2014 à l’ONU

Discours de son Excellence Mr l’Ambassadeur Albert Shingiro, Représentant permanent du Burundi auprès de l’ONU lors du débat général sur toutes les questions relatives à la décolonisation, points 55, 56, 57, 58 et 59 de l’ordre du jour de la quatrième commission à New York, le 13 octobre 2014

Monsieur le Président,
Distingués délégués
Chers collègues,
1) Comme c’est la première fois que je prends la parole sous votre présidence, je voudrais d’entrée de jeu vous présenter au nom de ma délégation et en mon nom propre, nos sincères félicitations pour votre brillante accession à la présidence de cette importante commission et vous assurer en même temps notre entière coopération tout au long de votre mandat.
2) Permettez-moi également de vous remercier pour votre excellente Déclaration au début de nos travaux qui nous a permis d’apprendre davantage sur les contours des questions qui nous réunissent depuis quelques jours.
3) De même, nous tenons à remercier le Rapporteur du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux pour son intervention qui nous a beaucoup éclairés sur l’application de ladite Déclaration.
4) Monsieur le Président, le conflit du Sahara occidental est depuis longtemps un sujet de discorde au sein de la communauté internationale et ne cesse de nous diviser, mais la montée de l’instabilité et de l’insécurité au Sahel et à sa périphérie appelle de toute urgence le règlement de ce vieux contentieux. En effet, la persistance du conflit entrave l’intégration plus poussée du Maghreb, qui devient plus que jamais indispensable.
5) Comme vous le savez Monsieur le Président, la région du sahel est en ébullition depuis une certaine période à cause de la montée du terrorisme, du trafic de la drogue et des êtres humains et de la criminalité transfrontalière. A l’heure actuelle, il est on ne peut plus évident que les risques de l’exportation, voire même de la délocalisation du terrorisme du sahel vers d’autres régions de l’Afrique occidentale et centrale augmentent au jour le jour. Cette situation appelle plus que jamais à la solidarité et à coopération internationale afin de stopper cette délocalisation du terrorisme vers d’autres régions où certains pays comme vous le savez présentent des faiblesses du point de vue institutionnel avec moins de capacités de contrôler efficacement les flux humains au niveau de leurs frontières.
6) Parlant justement de la montée du terrorisme dans cette partie du monde, nous estimons que seuls les moyens militaires et sécuritaires ne peuvent pas mettre définitivement fin à ce fléau. Ces moyens musclés doivent être accompagnés par des programmes d’éducation à la culture de la paix et à la tolérance dès la jeune enfance afin de faire face aux causes profondes de la propagation de l’extrémisme.
7) Monsieur le Président, tout naturellement, Mon pays le Burundi encourage les parties concernées à entamer de véritables négociations avec les auspices du Secrétaire General des Nations Unies. Pour ce faire, nous estimons que chacune des parties doit accepter le fait qu’elle n’obtiendra pas satisfaction pour la totalité de ses exigences et privilégier plutôt une solution politique négociée mutuellement acceptable, basée sur le réalisme politique et l’esprit de compromis, conformément aux prescrits de la résolution 2152 adoptée le 29 avril par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Des discussions bilatérales doivent continuer avec les parties dans le but d’aider à esquisser les contours d’un compromis acceptable de part et d’autres dans la logique gagnant-gagnant.
8) Monsieur le Président, il faut dire que le contexte du processus de négociation a des dimensions humaines et politiques. Nous invitons le Secrétaire Général à continuer d’encourager l’amélioration des relations entre les deux pays concernés. Ils doivent tirer profits des avantages qui résulteraient de l’embellie de leurs relations et de l’ouverture de leur frontière commune, dans l’intérêt de la région et de la communauté internationale tout entière.
9) Monsieur le Président, ma délégation aimerait souligner la nécessité primordiale de traiter le conflit du Sahara occidental dans le cadre d’une stratégie régionale plus large pour le Sahel.
10) En effet, on rappellera que dans sa résolution 2152 du 29 avril 2014, le Conseil de Sécurité a réitéré que la solution politique de ce vieux différend et le renforcement de la coopération entre les Etats membres de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) contribueront sans nul doute à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel.
11) Nous estimons que la prise en compte de la dimension régionale dans toute approche visant à trouver une solution politique mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental est extrêmement primordiale car il s’agit d’abord et surtout d’un conflit nord-africain. Nous sommes persuadés que l’intégration régionale, notamment grâce au renforcement de l’Union arabe du Maghreb, est un élément clef pour surmonter l’instabilité actuelle et récolter d’importants dividendes économiques, commerciaux et sociaux. Il est hors de tout doute que les progrès sur ce front aideront à renforcer la confiance entre les parties et fourniront un contexte propice au règlement politique harmonieux du conflit sahraoui.
12) A cet égard, l’Envoyé personnel du Secrétaire General devrait multiplier ses contacts avec d’autres pays de la région et les organisations sous régionales, dont l’Union arabe du Maghreb et les autres organisations sous régionales afin de promouvoir l’appropriation régionale de ce différend qui a tant perduré.
13) Monsieur le Président, s’agissant de la question des droits de l’homme, il appartient à toutes les parties de garantir la protection des droits de l’homme. Nous les encourageons vivement à être plus attentives aux problèmes signalés et à promouvoir une culture des droits humains et en faire davantage pour promouvoir et respecter les droits de la personne humaine.
14) A cet effet, ma délégation se félicite du fait que le Maroc coopère avec les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme et maintienne à leur intention une invitation permanente à se rendre dans le territoire. Il en est de même de la récente décision du Roi Mohammed VI d’entériner la recommandation du Conseil national marocain des droits de l’homme selon laquelle les civils ne devraient pas être jugés par des tribunaux militaires.
15) En ce qui concerne le programme de mesures de confiance, les visites réciproques demeurent le moyen le plus apprécié pour que les familles restent en contact. L’expansion du programme de visites familiales, dont le nombre de bénéficiaires a été multiplié par trois, a été particulièrement encourageante.
16) Sur le plan multilatéral, il ne serait pas superflu de saluer le rôle de la MINURSO à maintenir la paix en surveillant efficacement le cessez- le-feu et en rapportant les activités militaires des deux parties et les faits nouveaux intervenant dans sa zone d’opérations.
17) La présence de la MINURSO qui est à la fois garante de la stabilité du cessez-le-feu et témoignage visible de l’engagement de la communauté internationale en faveur du règlement du conflit, continue de s’imposer.
18) Pour conclure Monsieur le Président, nous souhaiterions inviter les parties concernées au premier chef par la question du Sahara occidental de travailler sans relâche sous les bons offices du Secrétaire General des Nations Unies en vue d’aboutir à un règlement politique négocié, juste, durable et mutuellement acceptable. 20- Pour sa part, le Burundi réaffirme son soutien aux résolutions de l’Assemblée Générale des Nations Unies et du Conseil de sécurité sur la question et aux efforts remarquables du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour le Sahara occidental. 21- Mon pays, le Burundi considère que le plan d’autonomie présenté par le Maroc constitue une option réaliste et viable qui pouvait offrir la meilleure chance de parvenir à une solution politique équilibrée et mutuellement acceptable du conflit.
22- En fin, mon pays le Burundi se félicite de ce que les parties se soient engagées à continuer de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue franc dans une logique d’harmonie.
Je vous remercie de votre aimable attention !