La Parcem a organisé, ce mercredi 12 novembre, une conférence de restitution des principaux résultats issus d’une étude sur l’analyse du travail de l’ agence pour la promotion des investissements (API). Le directeur de ladite agence juge l’étude lacunaire.
Selon Faustin Ndikumana, d’aucuns se posent la question de savoir si depuis la création de l’API (agence pour la promotion des investissements) en 2009, celle-ci « contribue à faire décoller l’économie burundaise. »
D’où l’initiative, explique M. Ndikumana, d’avoir commandité cette étude. « Nous voulons une réponse globale sur plusieurs questions. » Entre autres questions, Faustin Ndikumana cite : Est-ce que les investissements directs étrangers qu’on enregistre sont-ils suffisants depuis la création de l’API ? Est-ce que l’API joue son rôle de stimuler la croissance économique dans notre pays ? Est-ce que les entreprises créées peuvent-elles être identifiées ? Est-ce que celles qui ont bénéficié des exonérations accomplissent leurs devoirs comme il se doit ? L’Etat gagne-t-il en retour ?
Absence de suivi
Lors de la présentation de l’étude, Charles Nihangaza, l’expert qui a réalisé cette étude, n’y est pas allé d’une main morte. D’après lui, l’API devrait accompagner les investisseurs jusqu’à la création effective de leurs entreprises. Or, elle ne se limite qu’à l’octroi des statuts : « Certes l’API analyse rapidement les demandes des investisseurs, mais le problème ce qu’il n’y a pas de suivi. Or ces entrepreneurs rencontrent des problèmes après la création de leurs entreprises et l’API n’est pas au courant. »
L’autre manquement de l’API, indique Charles Nihangaza, est que l’API n’aide pas les investisseurs à surmonter des obstacles qu’ils rencontrent au niveau des autres instances, alors qu’ils devraient le faire. « Ces entreprises ont souvent des problèmes avec l’administration. Créer une entreprise, avoir des statuts ne suffit pas. Il faut qu’il y ait un accompagnement, une plaidoirie. »
Et de conclure que l’API doit servir de conseil du gouvernement pour modifier les réglementations qui bloquent l’activité économique. Cela lui permettrait d’en tirer un grand profit.
L’API s’explique
Antoine Kabura, directeur de l’API, salue l’initiative de la Parcem d’organiser une telle étude. Toutefois, il la juge insuffisante et lacunaire sur plusieurs points : « Chaque étude est située dans le temps et dans l’espace. Or, l’expert ne nous a pas consultés pour qu’on lui donne les vraies données et cela n’est pas correct. »
Pour lui, l’API fait bel et bien un suivi, mais malheureusement l’environnement global et la réglementation ne le permettent pas. « Nous avons deux services, l’un, mis en place récemment, est affecté aux entreprises créées, l’autre est chargé de faire un suivi sur les réalisations des investissements certifiés. »
Le problème, confie Antoine Kabura, c’est que les gens changent leurs adresses sans aviser personne. « Depuis 2012, nous avons enregistré 5000 entreprises et 290 certificats depuis 2010. Comment les suivre tous dans un pays où il n’y a pas de réglementation claire sur les adresses. » Sous d’autres cieux, fait-il savoir, lorsque l’on déménage, l’on se rend à l’administration la plus proche pour se faire rayer et on se fait enregistrer ailleurs pour faciliter le travail de tout le monde. Mais au Burundi, certains ont des numéros d’immatriculation fiscale sans adresse complète. « Comment voulez-vous qu’il y ait un suivi efficace ? »
Concernant la question de savoir si l’API stimule le décollage économique, le directeur de l’API demande à la Parcem de relativiser les choses. Certes, admet-t-il, l’agence a un grand rôle à jouer en faisant la promotion auprès des investisseurs, mais pour décoller même un avion a besoin d’une piste praticable. « Or, chez nous, la sécurité n’est pas encore totale, ce qui freine certains investisseurs. »