La controverse enfle entre l’association Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentaliés (Parcem) et le gouvernement autour de l’appréciation de la mise en œuvre du cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP II).
Ce lundi 15 décembre, Faustin Ndikumana, directeur exécutif de Parcem, demande aux cadres de l’administration, en tête les ministres de « rendre leur tablier ». Et pour cause, « à une année avant l’expiration du CSLPII, Parcem constate que sa mise en application a été un échec ».
Au fait, c’est le gouvenement lui-même qui donne le fouet à Parcem. Ce bâton est le « Rapport de Suivi des Engagements des Conférences de Genève et Sectorielles ». C’est un document élaboré par le secrétariat permanent du Comité National de Coordination des Aides (CNCA), un service de la Deuxième vice-présidence de la République.
Les chiffres de la controverse
Actuellement les besoins totaux du CSLPII sont estimés à 6.728.404.078USD et les disponibilités à 1.962.648.653 USD, c’est-à-dire un gap de 4.753.783.168 USD, soit 71%.
L’axe de croissance a un gap de financement de 78%. Les secteurs clés comme l’agriculture, le secteur privé, l’énergie et mines accusent un gap respectivement de 60%, 83% et 97%.
Actuellement le CNCA engrange 7 millions USD d’investissements directs étrangers contre 107 millions USD pour le Rwanda.
(Source : un document de Parcem)
Selon Faustin Ndikumana, ce rapport constate « l’incompétence des autorités dirigeantes du pays » car le CNCA déplore « le déficit des capacités institutionnelles et de leadership. » Et de poursuivre : « Il a été démontré que les ministères sectoriels ont du mal à cadrer leurs besoins et de les entrer dans les plafonds des dépenses prévisionnelles définies par le cadrage budgétaire du CSLPII ». La conséquence ? « Les ministères ont des difficultés à assurer une planification cohérente et de définir les priorités », cite toujours le directeur exécutif de Parcem.
Comme dernier argument tiré du rapport, M. Ndikumana rappelle au moins cinq engagements du Burundi pris comme conditionalités des partenaires techniques et financiers. Il s’agit notamment du respect et de la promotion des libertés fondamentales et des garanties des droits individuels. Ces engagements n’ont pas été respectés par le gouvernement, constate M. Ndikumana.
Levée de bouclier du CNCA
Le lendemain, Pamphile Muderega, secrétaire permanent du CNCA, parle de la malhonnêteté intellectuelle de M. Ndikumana : « Le président de Parcem extrapole des phrases du rapport, mais en les retranchant du contexte. »
Il martèle que les chiffres qu’exploite M. Ndikumana sont de 2013, c’est -à-dire qu’ils couvrent deux ans de mise en application du CSLPII au lieu de quatre ans. Bien plus, selon M. Muderega, le programme expire en 2016 et non en 2015 comme prétend M. Ndikumana. Et de se glorifier qu’à la fin d’octobre 2014, les partenaires techniques et financiers avaient déjà fait des engagements s’élevant à 2,4 milliards USD sur une promesse de 3 milliards, soit 79,1%. « Parcem parle pourtant d’une promesse de 6.7 milliards », déplore M. Muderega.
Le CSLPII (2ème génération) un document qui trace les orientations stratégiques et les choix macroéconomiques judicieux pour tirer le Burundi de la pauvreté endémique. C’est un document de mobilisation des fonds. A travers ce document, le Burundi devrait exprimer les besoins concrets nécessitant des appuis directs pour des résultats tangibles.
Le secrétaire permanent du CNCA ne se fait pas de souci pour le décaissement des fonds d’appui-budgétaire (20% du CSLPII) encore moins des fonds dits « appui-projets ». Et d’affirmer en guise de conclusion qu’à la fin de sa mise en oeuvre, le CSLPII sera amplement financé.
Au sujet de la démission du gouvernement et des cadres de l’Etat que demande la Parcem, M. Muderega propose plutôt le renforcement des capacités.