Le directeur de la radio privée burundaise RPA, inculpé depuis janvier de « complicité d’assassinat » de trois religieuses italiennes, a été libéré mercredi sous caution, a annoncé à l’AFP l’un de ses avocats.
La Cour d’appel de Bujumbura a accordé au directeur de la Radio publique africaine (RPA), Bob Rugurika, « une liberté provisoire sous caution de 15 millions de francs burundais » (environ 8.000 euros), a déclaré à l’AFP Me Lambert Nigarura.
« Nous sommes satisfaits, même si le dossier reste pendant devant la justice », a-t-il ajouté. « Nous continuons de demander que toute la lumière soit faite sur les vrais assassins des trois sœurs ».
Cette liberté sous caution avait été refusée au journaliste début février par le Tribunal de grande instance de Bujumbura.
Bob Rugurika avait été arrêté le 21 janvier avant d’être incarcéré dans le centre du pays.
Le directeur de la RPA est inculpé de complicité d’assassinat mais aussi de manquement à la solidarité publique, violation du secret d’instruction et recel de malfaiteurs. Il risque jusqu’à 20 ans de prison.
La justice reproche au journaliste la diffusion des aveux d’un homme qui se présente comme l’un des assassins de trois religieuses italiennes de 75, 79 et 83 ans, tuées en septembre dernier à Kamenge, dans le nord de Bujumbura.
Dans ces aveux, celui-ci met en cause de hauts responsables des services secrets burundais.
Cette version prend le contre-pied de celle de la justice burundaise, qui a arrêté un jeune homme dans le quartier de Kamenge peu après les faits. Celui-ci, qui passe pour un « déséquilibré mental », est accusé d’être le responsable de ce triple meurtre et a été écroué.
Cette thèse n’a guère convaincu au Burundi, en raison notamment d’une présence massive de policiers sur les lieux du crime au moment de l’assassinat de la troisième religieuse, tuée plusieurs heures après les deux premières.
La société civile et les médias burundais se sont mobilisés pour la libération du journaliste. L’UE, les États-Unis et plusieurs organisations internationales des droits de l’Homme ont aussi demandé sa remise en liberté.
Le pouvoir burundais est accusé de restreindre l’espace politique et de chercher à museler les médias et la société civile, à quelques mois d’élections cruciales au Burundi.