«Blue Book», le génocide oublié des Hereros et des Namas en Namibie Par Sarah Tisseyre

De la colonisation française à la colonisation allemande. L’écrivain Élise Fontenaille-N’Diaye est l’arrière-petite-fille du général Mangin qui commanda la Force noire sous drapeau français pendant la Première Guerre mondiale. Mais c’est à une ancienne colonie allemande, la Namibie, qu’elle consacre aujourd’hui un roman historique édifiant. « Blue Book » ravive le souvenir d’un génocide oublié, celui des Hereros et des Namas en Namibie, au tout début du 20e siècle. Elle s’appuie pour cela sur un rapport officiel longtemps occulté.

C’est l’histoire d’un document oublié dans une bibliothèque de Pretoria. Le Blue Book, à l’origine, c’est le nom qu’on a donné à un rapport officiel sur les atrocités commises par les soldats allemands en Namibie.

En 1904,le général allemand Lothar von Trotha signe des ordres d’extermination contre les Hereros et les Namas qui ont eu l’audace de se révolter. En quatre ans, 70 % de ces populations disparaissent. Beaucoup sont massacrés. D’autres meurent de faim, de soif et d’épuisement, dans le désert du Kalahari, puis dans des camps de concentration.

Se mobiliser contre l’oubli

En 1917, Thomas O’Reilly, jeune major d’origine irlandaise, ami des Hereros, rassemble des témoignages de première main. Des récits atroces qu’il consigne dans son rapport commandé par les autorités britanniques.

L’écrivain Élise Fontenaille-N’Diaye en publie des extraits, et lui dédie aujourd’hui son ouvrage. Elle a baptisé son roman historique Blue Book, du nom de ce rapport connu des spécialistes, mais pas du grand public. Et en 200 pages, elle ranime le souvenir d’un génocide lui aussi tombé dans l’oubli.