Le Rwanda ne se sent pas concerné par les appels aux dirigeants africains de certains pays de la communauté internationale leur demandant de ne pas modifier leurs Constitutions pour se faire réélire. C’est ce qu’a affirmé le président rwandais Paul Kagame dans une interview à Jeune Afrique, publiée ce week-end.
Dans un pays régulièrement épinglé pour son absence de réelle opposition et de liberté d’expression, le président Kagame, qui théoriquement ne peut pas briguer un nouveau mandat en 2017, réaffirme que la décision d’une réforme constitutionnelle appartient au peuple rwandais.
« Nous ne nous sentons pas visés par ce genre de leçons (…) Nul ne peut nous dicter notre conduite », lance Paul Kagame dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique. « Nous n’avons pas la prétention de dire qui doit diriger la France ou les Etats-Unis ; la réciproque doit être vraie », tranche-t-il.
Débattre « démocratiquement »
Faisant écho à ses partisans – qui depuis quelques mois défendent la légalité d’une réforme constitutionnelle – Paul Kagame affirme qu’il est temps pour le pays de « débattre démocratiquement » de ce sujet. Ce dernier en profite aussi pour fustiger « des médias, des chancelleries, des ONG étrangères », qui selon lui « donnent la fâcheuse impression d’être obsédés par cette question. Comme si les affaires intérieures de ce pays les concernaient plus que la population elle-même », poursuit-il.
Interrogé par JA, Paul Kagame a également démenti avoir promis en mai dernier au ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, d’écrire une lettre au président Hollande, lui détaillant ce que le Rwanda reproche à la France pendant le génocide. « Je n’ai aucun engagement », répond Paul Kagame et « surtout pas de ce type, à prendre devant un ministre des Affaires étrangères ». Pourtant, côté français, ont avait affirmé encore il y a quelques semaines attendre la fameuse lettre.