Le Premier ministre belge Elio Di Rupo (photo) a qualifié dimanche de « maladroites » les déclarations du président rwandais Paul Kagame, qui s’en était pris lundi, lors des commémorations du génocide de 1994 dans son pays, à la France et dans une moindre mesure à la Belgique pour leur rôle dans les massacres.
« C’est un discours qui n’a plus lieu d’être et je comprends parfaitement l’attitude de la France », a-t-il affirmé sur le plateau de l’émission « Internationales » de TV5Monde.
La France a annulé une visite prévue lundi dernier à Kigali de sa ministre de la Justice, Christiane Taubira, pour ces commémorations après que M. Kagame eut accusé Paris de « complicité » dans la préparation et l’exécution du génocide. La Belgique était pour sa part représentée par ses ministres des Affaires étrangères et de la Coopération au développement, Didier Reynders et Jean-Pascal Labille.
« On a pris acte de ces déclarations (de M. Kagame) qui sont maladroites », a dit dimanche M. Di Rupo en rappelant les « soupçons » sur le rôle que jouerait le Rwanda dans la déstabilisation de la région des Grands Lacs, dans une allusion au soutien présumé de Kigali à des mouvements rebelles dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
« Je ne fais pas le lien entre les deux, mais cette réalité existe », a ajouté le chef du gouvernement.
M. Kagame s’en était pris lundi à la France sur son rôle toujours controversé durant le génocide, qui a fait entre 800.000 morts, selon l’ONU, et un million, selon Kigali.
Le président rwandais avait aussi fait remonter une partie des causes du génocide à la colonisation européenne.
« Cette idéologie (de faire des distinctions entre les trois ethnies du pays, les Hutus majoritaires, les Tutsis et les Twa, qui ne représentent qu’un pour cent de la population, ndlr) était déjà en place au 19ème siècle et a été enracinée par les missionnaires français qui s’y sont établis » avait-il dit.
Les deux cents ans de la période coloniale (la Belgique a administré le pays, ex-colonie allemande, de 1919 à juillet 1962, date de son indépendance) ont été réduits à une série de caricatures basées sur un passage de la Bible», avait poursuivi M. Kagame. Il avait dénoncé la « théorie coloniale de la société rwandaise qui voulait parfois que l’hostilité entre « Hutu », « Tutsi » et « Twa » soit permanente et nécessaire. C’était le début du génocide des Tutsis auquel nous avons assisté voici vingt ans ».