Ces derniers temps, certains Burundais fuient le pays. Du côté de Kirundo et Muyinga, ce sont des paysans essentiellement d’ethnie tutsie. Ils passent librement les frontières et sont chaleureusement accueillis par le HCR et les autorités rwandaises. Des camions du HCR sont parqués en attente comme des bus de transport en commun attendant des passagers. Ceux qui fuient sont bien traités, tout le contraire de l’accueil normalement réservé aux demandeurs d’asile par les gouvernements.
A côté de ces paysans, il y a des familles à Bujumbura qui prennent des passeports ou laisser passer, achètent des billets d’avion ou de bus. Ils quittent le pays en toute liberté. Quand je pense dans quelle condition j’ai fui le Burundi, je souhaite bon retour à ces touristes! Ils quittent le pays en se disant que les violences vont éclater. Ils gobent les rumeurs et les menaces des activistes. Si le gouvernement voulait organiser des violences, permettrait-il ces départs?
Le Rwanda s’est empressé d’accorder l’asile politique. Autrement dit, ces réfugiés sont protégés par la Convention de 1951 et doivent éviter de mettre les pieds au Burundi s’ils ne sont pas accompagnés par le HCR. Pour les élections, ils sont hors jeu. Ils peuvent également être arrêtés s’ils rentrent clandestinement! Soit il faut accepter le statut et rester au Rwanda, soit il faut y renoncer et rentrer au bercail. Ceux qui ont encouragé les départs perdent par ailleurs cet électorat.
Aujourd’hui, le CNDD-FDD a tenu son congrès. Il a élu son candidat à la présidentielle. Pendant que le congrès se tenait, la RPA diffusait les mêmes chanson qu’au lendemain du putsch contre Ndadaye en octobre 1993! A la fin des travaux, je suis passé devant les étudiants amassés sur le trottoir devant le campus de Mutanga. Les visages étaient fermés, le ton menaçant! Je portais les tenues des congressistes et un groupe d’étudiants a crié à la trahison. Je me suis arrêté pour dire qu’on est en démocratie et que je suis libre de choisir qui je veux comme président. Les étudiants se sont agités. Ils ont brandi un V de soutien au MSD. J’ai fait le poing. Puis j’ai poursuivi ma route.
Ces étudiants m’ont fait pitié. Ils me rappellent les heures sombres des sans échec. En avril 1995, j’ai failli être lynché dans le même campus. Willy Madirisha avait appelé à arracher les « mauvaises herbes », les étudiants hutus! En lisant dans les regards, j’ai décelé le même extrémisme. Ces étudiants se considèrent comme des intellectuels! Mais quand on organise une interview avec quelque lauréat de cette université, on découvre des diplômés sans bagage intellectuel! Ils sont l’ombre d’eux – mêmes!
En revenant sur le discours de Nkurunziza après son élection comme candidat, il a rappelé que les partis et les associations qui font du grabuge ont été créés dans quelque salon. Mais le CNDD-FDD n’appartient qu’au peuple! Ceux qui promettent des manifestations son attendus de pied ferme. Ils croient défendre l’accord d’Arusha mais tout le monde le sait: ils ont perdu.