Tel Père, telle Fille

Les vieux démons petit à petit se réveillent, comme le disait si Bien Micombero « Kuvuna rumwe rumwe » l’histoire de la candidature de Nkurunziza est conforme à cet adage, pour ceux qui dirigent le mouvement insurrectionnel, au cas où Nkurunziza se retirerait, après, ils exigeraient autre chose, rumwe rumwe…
On n’est pas à une surprise près, la sortie politique de la Star Belgo-Burundaise de la chanson mérite qu’on s’y intéresse d’avantage, c’est possible que ce n’est que le sommet de l’iceberg.

A la TV belge et lors de la manifestation à Bruxelles en faveur de l’insurrection et des manifestations violentes dans 4 quartiers radicaux à Bujumbura, Kadja Nin déclarait ceci : « J’ai tellement pleuré ces derniers jours, j’ai tellement souffert ces derniers jours. Mais de nous voir là, ensemble aujourd’hui, c’est un réconfort extraordinaire ». La star se mobilise en faveur de l’opposition au Burundi. « Il faut que la communauté internationale ait autant de courage que ces enfants qui sont dans la rue pour venir en aide [au Burundi], a-t-elle insisté au micro du journaliste Emmanuel Dupond ».
Le 18 février 2014 le journal Iwacu avait publié un article sur cette Star qui aujourd’hui donne un éclairage nouveau sur sa personnalité politique. Elle avait débarqué à Bujumbura 1997, pour prendre part à un grand concert organisé pour dire non à l’embargo imposé au régime putschiste de Buyoya par les pays de la sous-région.

Sur la toile nous lisons ceci : fille de Jean Ntiruhwama, ancien ministre du gouvernement de Rwagasore à l’indépendance, aura été sans conteste le grand manitou de la révolution des Bahima au Burundi. C’est lui qui aurait repéré Sylvère Sota fin des années 1950 et qui, par la suite, poussera les jeunes étudiants Bahima burundais à évoluer en France … ( Petite anecdote, à la mort de Feu Rwagasore, d’après un témoin qui était là ce jour là dans la pièce où il a été tué. Quelques minutes avant l’assassinat du Muganwa, Jean Ntiruhwama aurait échangé sa place avec celle de Feu Rwagasore… ).

Le Suisse Monsieur Jean Ziégler sur ce « Coup d’Etat manqué du 18 octobre 1965 », concluait que le coup d’Etat avait été dirigé par des jeunes Barundi, officiers tutsi (des Bahima) brevetés de l’Ecole militaire de Saint-Cyr.
Le 12 mai 1966, Sylvère Sota passe à l’Etat Major Général, et en novembre 1966, en tant que membre important du Conseil National de la Révolution (CNR), instance suprême du pays, il participe avec 4 autres ( Micombero, Shibura Albert, Jean Ntiruhwama, Arthémon Simbananye ) au Coup d’Etat des Bahima Burundais qui mettra fin à la Monarchie millénaire des Barundi – Ingoma Y’Uburundi .

D’après l’entretien donné en janvier 2010 par Guillaume Ruzoviyo, leader du PMP, à son avis, dire que ce sont les militaires qui ont renversé la monarchie est trop simpliste. En réalité, on peut affirmer que les cerveaux du coup d’état étaient des civils, qui ont utilisé les gens d’armes. Parmi les personnalités politiques les plus citées comme les véritables organisateurs du coup, il y a Jean NTIRUHWAMA qui est devenu Ministre de l’Intérieur dans le premier gouvernement républicain et Artémon SIMBANANIYE, Ministre des Affaires Etrangères.

Comme raison d’abattre la monarchie, certains avancent le désir de revanche des HIMA, un clan TUTSI qui aurait été pendant longtemps méprisé et écarté par le roi et les GANWA, c’est-à-dire les membres de la famille royale. NTIRUHWAMA, MICOMBERO et même SIMBANAIYE était en effet du clan HIMA.

Quoi alors d’étonnant que la fille prenne le flambeau dans la continuité de ce qui a été dessiné par son substrat social ? Quoi d’étonnant alors que la fille soutienne le putsch manqué du 13 mai 2015 au Burundi ? Quoi d’étonnant qu’elle soutienne les manifestations violentes avec morts d’hommes au Burundi ? Tout simplement, tel Père, Telle Fille.

Minani Pontien