Les recommandations du sommet de l’EAC mettent la démocratie burundaise entre parenthèses

Un sommet de l’EAC sur le Burundi vient de se tenir à Dar es salaam ce lundi 6 juillet. Seuls deux présidents de la République sur 5 ont répondu présents. Celui du Burundi, du Kenya et du Rwanda ont délégué des plénipotentiaires. Autrement dit, les décisions ou recommandations prises sont censées réunir les conditions posées par le traité et les protocoles de la communauté Est Africaine. Il faut ajouter la présence du représentant du président d’Afrique du Sud, du représentant du président d’Angola et du représentant spécial de l’Union Africaine et de l’ONU. Le facilitateur vomi par un camp au dialogue, Bathily, était présent. L’ambassadeur Justice Warrioba (grand artisan de l’empire Hima dans la région des Grands ) et Kiplagat étaient là. On se demande pourquoi ils sont toujours consultés alors qu’ils avaient été démasqués dans leur plan de faire avaler les chefs d’Etat un rapport des procureurs du Rwanda et d’Ouganda sur le verdict de la cour constitutionnelle!

Le sommet s’est penché sur la crise au Burundi. Au moment où depuis le Kenya, le général Léonard Ngendakumana revendique les actes de guérilla urbaine à Bujumbura et même un terrorisme sanglant! Une revendication qui vient rejoindre la déclaration de guerre contre le Burundi faite par un autre général depuis Kigali ou Kampala! Ces faits graves s’ajoutent aux positions belliqueuses de Kagame contre Nkurunziza. Kigali héberge d’ailleurs tous les activistes et un certain nombre d’opposants qui ont trempé dans la tentative de putsch du 13 mai dernier. Seule la Tanzanie est favorable aux élections.

Abdoulaye Bathily

Le sommet vient de désigner le président Museveni comme médiateur. Il recommande un report de la présidentielle au 30 juillet. Une date qui avait été convenue entre l’opposition et le quartete dirigé par Bathily, Sezibera, Ntumba Luaba et Ibrahima Fall. Ce report n’est pas opportun. Car l’opposition recourt aux manoeuvres dilatoires pour pousser au dépassement des échéances constitutionnelles. Bathily a beau dire que le vide institutionnel n’est pas possible, c’est compter sans la mauvaise foi de l’opposition et des activistes. Une fois ce report accordé, rien n’est sûr que l’opposition va reconnaître la décision de la cour constitutionnelle. La stratégie consistera à exiger un nouveau candidat du CNDD-FDD et un nouveau délai pour mieux organiser les élections y compris les communales et celles des députés. Reprendre tout le processus avec une nouvelle équipe de la CENI, des médias privés financés par les Occidentaux et des observateurs hostiles au CNDD-FDD, ce serait l’alternance sur fond de ruses! Ces négociations que Museveni compte diriger avec l’appui de Warrioba, Kiplagat, Sezibera et Ntumba Luaba n’augurent rien de bon pour la majorité des Burundais.

Museveni est un homme d’expérience. C’est un homme des sales besognes des Occidentaux. Il n’était pas etranger à l’assassinat de Habyarimana. S’il s’est rendu à Dar es, c’était juste pour recevoir officiellement cette bénédiction sinon il est déjà impliqué parfois en faveur de Nkurunziza, parfois à l’écoute des Occidentaux. D’ailleurs, pourquoi n’avoir pas réitéré le message de félicitations des ambassadeurs de l’EAC à Bujumbura quant au bon déroulement des élections des conseillers communaux et des députés? Validation implicite par le sommet? Même piège que la validation implicite de la candidature de Nkurunziza! Les spéculations vont ainsi bon train.

Bathily fait la diversion en disant que l’EAC n’est pas à la hauteur de la crise burundaise. Ce Sénégalais est arrivé au Burundi avec une mission impérative des Américains et des Français de réussir le même exploit que ce qu’il a fait contre Abdoulaye Wade. Il a directement soutenu l’opposition et les activistes. Mais il s’est trompé de terrain. Il parle d’armée divisée, de détérioration de la sécurité. Il ne dit aucun mot sur les seigneurs de guerre qui s’auto proclament comme pour une compétition sportive. Il sait que l’armée et les forces de l’ordre veillent et défendent vaillamment les frontières et les institutions. Ses sorties mediatiques malveillantes ne sont que des appuis apportés aux activistes et aux fauteurs de troubles. C’est ce qu’il était venu faire au Burundi. Mais si le gouvernement cède, ce ne sera pas signe de bonne volonté mais de faiblesse. Avec des ambassadeurs occidentaux qui manquent aux usages diplomatiques, à quoi bon jouer les saintes nitouches? Pas de report SVP!