1. Je respecte l’Eglise Catholique, ma mère et les Évêques catholiques qui sont les bergers du peuple de Dieu. Leurs conseils aident d’une manière ou d’une autre dans la consolidation de la Paix et du développement intégral de l’être humain tel que circonscrit dans l’encyclique du Pape Paul VI, Populorum Progression.
Étant aussi des sages de par leur âge et leur expérience, ils sont mieux outillés. Nous leur remercions des conseils qu’ils ne cessent de nous prodiguer.
2, Néanmoins, la lettre d’hier est entachée de plusieurs irrégularités qui la dénaturent et l’empêchent d’être une lettre des pasteurs du peuple de Dieu du 21e siècle.
3. En voici trois points qui ont retenu mon attention: a ) La CVR(Commission Vérité et Réconciliation), b) La laïcité de l’Etat burundais et c) l’Accord d’Arusha.
4. Quant à la CVR, leurs excellences les évêques catholiques du Burundi montrent leur désespoir que cette auguste Commission est incompétente de pourvoir aux objectifs de réconcilier les burundais. Pourquoi cette perte de foi en une commission récemment mise en place ? La cause est connue. Souvenez-vous des questions et l’analyse des parlementaires lors de la présentation du rapport général de la CVR. Les élus du peuple burundais ont manifesté l’insatisfaction par rapport aux prestations de la CVR sortant. Ils ont alors recommandé la prolongation du mandat de la CVR, de la période sur laquelle enquêter,de l’augmentation des commissaires et des moyens financiers. La nouvelle CVR rénovée n’a pas actuellement à sa tête un prélat catholique, d’où la perte, selon eux, de cette crédibilité de la CVR.
Toutefois, nous connaissons que les hommes et les femmes, commissaires actuels de la CVR sont chevronnés et experientiels, voire même sages et prêts à aider les burundais à se réconcilier entre eux et à renouer avec la nouvelle ère. D’ailleurs, nous les connaissons de leurs nobles prestations dans l’histoire du Burundi. Il est alors très tôt de s’embourber dans une tour d’Ivoire et d’être fagocité par des préjugés. Laissons-les travailler et nous leur reconnaîtrons de leurs actes.
5. Quant à la laïcité de l’Etat burundais, autrement dit selon la Constitution actuelle, la République du Burundi est un Etat Laïc, c’est à dire que le mode de gouvernance du Burundi n’est pas lié à aucun texte sacré comme le Coran(Charia) ou la Bible par exemple.
Les évêques catholiques que nous respectons beaucoup ont esquivé dans leur lettre qu’une partie des burundais vont prier par force dans la religion du Président S. E Pierre Nkurunziza afin de chercher des postes politiques ou qu’ils sont tout simplement obligés d’y aller pour protéger leurs postes politiques. Catholique de naissance que je suis, je réfute cette assertion et m’insurge violemment contre cette donne qui a dans l’histoire de l’Eglise fait beaucoup de victimes lors des croisades et d’interposition religieuse pendant le Moyen-Age. L’on se souviendra également de la fameuse Inquisition qui était le tribunal où étaient jugés et condamnés ceux qui refusaient d’adhérer au christianisme.
Les burundais vont prier là où ils veulent volontairement, personne ne les y contraint.
J’ai senti même une lance dans le cœur lorsque j’ai lu entre les lignes dans cette lettre, que ceux qui vont prier ailleurs(peut être dans l’Eglise le Rocher) font de l’idolâtrie. Ce qui est vraiment péjoratif et insupportable, compte tenu de l’évolution philosophique de la doctrine chrétienne et sous la lecture de l’oecuménisme que prêche l’Eglise Catholique.
Il s’en sort un grand risque si cet esprit de radicalisation chrétienne perdure que les chrétiens catholiques et protestants peuvent, un jour, s’entredechirer à cause de la foi, à l’instar du Nigeria actuel où chrétiens et musulmans se tuent avec les armes à cause des divisions sectorielles nées des divergences de croyances.
J’appelle alors, ces éminentes personnalités de se ressaisir et de prêcher la Réconciliation et l’Amour du prochain, sans distinction de religions.
6. Quant à l’Accord d’Arusha qui, pour eux, semble avoir été rejeté, je ne m’y éternise pas, car, la nouvelle constitution de 2018 a sacrifié tous ses articles à renforcer l’esprit d’Arusha.
Il suffit de revoir les articles concernant la structure des corps de défense et de sécurité, les deux chambres du parlement burundais, la muse en place des membres du gouvernement, des membres de différentes institutions judiciaires, des membres de diverses commissions nationales spécialisées,… L’esprit d’Arusha a été toujours respecté et les burundais travaillent ensemble dans le respect mutuel sans distinction d’ethnies. Je n’y vois par conséquent rien qui peut intriguer ces éminents évêques catholiques. Au contraire, il faut qu’ils prennent le temps de revisiter leurs nominations dans divers services ecclésiastiques pour voir qu’ils servent d’exemple en vue de continuer à réconcilier les burundais, spécialement les catholiques.
7. Enfin, ils montrent que certains burundais vivent sous la peur et n’ont pas droit de s’exprimer librement. C’est très grotesque de dire cela car, aucun burundais ne voit son droit d’expression bafoué, sauf ceux qui veulent effectivement nuire aux intérêts supérieurs de la nation, ceux qui veulent toujours montrer que le Burundi brûle, ceux qui prêchent la guerre. Je sais alors que même au sein de l’Eglise Catholique ces gens là ne sont pas les bienvenus.
Je voudrais alors inviter les respectueux évêques catholiques du Burundi de tirer les leçons de l’histoire récente de 2015. Ils savent que n’eût été la bravoure et le patriotisme de certains burundais, de toutes les religions confondues, le Burundi allait devenir l’enfer éternel car, le plan déjoué était de plonger le Burundi dans le Génocide et une guerre fratricide sanglante plus que même celle de 1993 quand les ennemis de la démocratie ont egosillé le premier président élu democratiquement.
Ces évêques catholiques le savent plus que moi que la crise de 1972 n’a pas épargné le monde religieux.
Nous connaissons des listes non exhaustives des prêtres, frères et sœurs tués en 1972 à cause de leur appartenance ethnique. Qui sait que si le plan 2015 aurait réussi, qu’il n’allait emporter même les hommes et femmes de Dieu dévoués à la cause divine ? Est ce que si l’impensable s’était abattu sur le Burundi en 2015, la situation actuelle serait-elle bonne ?? Car, selon ces évêques, la situation actuelle du Burundi est très mauvaise, lit-on.
J’invite également les élus du peuple burundais de continuer à visiter ces évêques pour enfin en découdre avec cet esprit séparatiste qui semble planer sur les relations Église Catholique et L’Etat burundais.
Que le peuple burundais puisse continuer à respecter ces évêques, tout en leur disant la vérité sur la vie socio-politico-securitaire du Burundi.
Fait à Bujumbura, le 26 Décembre 2018
Par NDARUZANIYE François-Xavier.