Le président Museveni est arrivé hier à Bujumbura. Malgré des heures de retard à son programme, tous les acteurs politiques, les chefs des confessions religieuses et les responsables des organisations de la société civile sont restés en alerte, en stand by. Après l’arrivée du nouveau médiateur désigné par le sommet de l’EAC du 6 juillet dernier, les choses sont allées trop vite. Le Premier Vice-président de la république s’est exprimé pour se féliciter de cette médiation. Il a réitéré la volonté du gouvernement de désarmer tous les jeunes affiliés aux partis politiques, à commencer par les Imbonerakure! Notez que personne ici ne prend les élucubrations de Léonard Ngendakumana ou Didier Nyambariza au sérieux! Pour ce qui est des assaillants, cherchez plutôt du côté de Sinduhije! Seuls les naïfs croient aux menaces de Radjabu ou Manasse Nzobonimpa! Les CNDD-FDD qui ont combattu se connaissent, dit-on!
Il faut rappeler que le président Museveni était venu par avion jusqu’à Kigali avant d’emprunter la voie routière vers le Burundi en passant par Kirundo et Ngozi, ville natale du président Nkurunziza! A Ngozi, une foule en liesse s’est massée le long de la route pour acclamer le président ougandais, très apprécié pour le rôle qu’il a joué par le passé dans l’Initiative régionale pour la fin de la guerre au Burundi. Son père aurait d’ailleurs séjourné à Rumonge ou lui même lorsqu’il menait la guerre de libération avec l’appui de Jean Baptiste Bagaza. « Ce Burundi, Museveni l’aime et veut le savoir en paix ». Parole d’un proche.
A l’hôtel Bel Air de Bujumbura, le président Museveni a attaqué la société civile et l’opposition qui se cachent derrière la revendication du mandat controversé que viserait Nkurunziza au lieu de proposer des programmes de développement du Burundi. Il a critiqué l’Union Africaine qui a promis d’envoyer des experts militaires pour suivre le désarmement des civils mais se fait toujours attendre. Quand on sait maintenant que l’Union Africaine n’a pas déployé les observateurs pour les élections au Burundi, on peut affirmer que le même problème se pose pour lesdits experts! Mais alors, si l’Union Africaine est le cheval de bataille des pays africains, à qui la honte de ces échecs récurrents?
A en croire certains participants aux échanges avec Museveni, il est clair que la conclusion que va proposer ce médiateur prestigieux et influent va peser lourd dans la suite des consultations et des résolutions de l’ONU, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, de la CIRGL et bien entendu de l’EAC. Le président Museveni aurait déjà souligné que le dialogue devait se poursuivre entre protagonistes burundais après les élections présidentielles du 21 juillet et les sénatoriales du 24 juillet. Une manière de rappeler que l’EAC est attaché au respect des échéances fixées par la constitution du Burundi! On peut en déduire que l’EAC a gardé la même position sur le respect dû au verdict de la cour constitutionnelle sur la question du mandat et que cette communauté accorde tout le crédit aux résultats des élections communales et des députés tenues le 29 juin dernier. Ce faisant, l’EAC s’impose et mène le jeu.
C’est ce que les fauteurs de troubles ont compris. Ils ont donné la consigne aux quartiers des manifestations pour un concert nocturne des tirs nourris et des explosions de grenades. Une manière de dire à Museveni: » Nous sommes aussi armés comme ces militaires qui défendent les institutions soutenues par l’EAC! » Ce message était clair mais une tempête dans un verre pour un ancien rebelle comme Museveni! Il sait distinguer les combattants des charlatans. Il a parcouru le pays en voiture hier pour lire sur les visages de la population l’appel à la paix et non le chantage de la guerre. Il sait comment les Occidentaux manipulent pour imposer aux peuples d’Afrique des révolutions sans lendemain. Sans soutien populaire, le printemps arabe au Burundi n’est qu’une illusion.
Parmi ceux qui doivent perdre toute illusion de révolution made in USA figurent les responsables de la société civile. Pacifique Nininahazwe avait soutenu que l’échec des manifestations et du putsch ouvrait la voie à la guerre civile. A l’approche de la visite du président Obama au Kenya, il s’est prononcé en faveur de la reconnaissance de l’homosexualité. Il se rétracte et accuse un piratage de son compte, combien de jours après les faits? Les ténors du « mouvement Arusha » sont plus que jamais préoccupés des révélations faites par bien des habitants des quartiers pris en otage par les manifestants et celles des assaillants faits prisonniers. Certaines langues se délient pour dénoncer la distribution d’argent, des armes et le rôle des agents rwandais!
Il n’est qu’un secret de polichinelle qu’après l’échec de l’insurrection du 8 mars 2014 par Alexis Sinduhije, la société civile avec le FORSC en tête la radio RPA avec Bob Rugurika, Gilbert Niyonkuru (cousin de Pacifique Nininahazwe), le groupe de presse Iwacu, la radio TV Renaissance ont poursuivi le plan de renversement des institutions issues des élections avec l’appui des ambassades européennes et américaines. Les accusations ont porté sur la menace d’un génocide contre les Tutsis, la distribution des armes aux Imbonerakure, la violation de l’Accord d’Arusha. Or, avec le temps, l’EAC est en train de prouver au monde que ces allégations ne cachent qu’une seule réalité: l’appétit du gâteau national! Car avec les élections, le CNDD-FDD se taille la part du lion et bien des opposants politiques et des loups trapis dans la société civile rentrent bredouille! Museveni a insisté sur la solution de l’EAC: le partage à travers un gouvernement d’unité nationale. Une solution qui est sans doute guidée par la sagesse et la maîtrise des démons qui hantent les Burundais.
Museveni poursuit ses échanges à Bujumbura. Mais déjà, il faut noter que les élections vont poursuivre leur bonhomme de chemin. Difficile à ce moment de convaincre Agathon Rwasa, Domitien NDAYIZEYE ou Sylvestre Ntibantunganya de faire campagne ou le gouvernement de reporter les élections. Mais la pression et l’intransigeance de l’EAC peuvent contraindre le Rwanda à cesser tout soutien aux fauteurs des troubles au Burundi d’une part, et obtenir de la coalition Amizero y’Abarundi l’engagement à participer au parlement et au gouvernement d’autre part. C’est déjà la base de cette mise en musique de la solution de l’EAC. Reste à savoir si les Occidentaux vont encaisser l’echec, retirer leur soutien aux fauteurs des troubles et si Kagame va mettre enfin de l’eau dans son vin si aigre! Kagame grand fabricant de réfugiés, pourfendeur des libertés publiques mais donneur de leçons de démocratie au Burundi?
De toute façon, la visite de Museveni a déjà suscité des espoirs solides dont la communauté internationale doit tenir désormais compte. L’échec de la guerre à Kayanza et l’éclatement de la vérité sur d’implication du Rwanda aux côtés des manifestants et des assassinats ont produit le même effet que cette affirmation d’un Français: » la chance des généraux à la guerre fait le bonheur des gouvernements! » Que Dieu protège le peuple burundais des folies de grandeur des opposants et activistes malveillants! Il est grand temps que les armes se taisent et que les bains de sang cessent.
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