Burundi:La gestion des récoltes dans les associations

[bleu ciel]PPBDI[/bleu ciel]. De petites associations entreprennent des projets d’agriculture et en tirent des profits. Certains pratiquent la culture du riz, d’autres celle des légumes, bref des cultures vendables en mairie de Bujumbura et dans ses environs. La recherche des marchés reste un défi au moment où et les associations et les agronomes chargés de les encadrer ne travaillent pas en synergie. Cela joue sur la quantité produite et freine les gros acheteurs.

Dans son témoignage, Ancile Kanyange de l’association Terambere, située dans la commune urbaine de Ntahangwa en zone Kinama fait savoir qu’être dans une association est une source de développement. Différentes activités y sont entreprises notamment l’agriculture. Ils pratiquent par exemple la culture du riz, des légumes, etc. Depuis son démarrage en 1991, l’association Terambere avec plus de cent femmes est encadrée par des professionnels dans ce domaine. C’est par exemple la présence d’un agronome lors de leur descente sur terrain. Ces femmes détiennent aujourd’hui des propriétés à leurs noms, des champs, des véhicules, du cheptel, etc.
«Notre objectif au début, c’était que les femmes de Kinama et ceux qui adhéraient à l’association puissent avoir un habitat décent», a fait savoir Mme Kanyange. Puis, au file du temps, les femmes ont constaté que pratiquer l’agriculture serait d’une grande importance. A part qu’elles en vendent une partie de la récolte, les femmes associées en bénéficient aussi en nourriture et en moyens financiers.

Elles apprennent comment gérer et conserver la récolte

Dans cette optique, nous avons approché un agronome qui est parmi les encadreurs agricoles de ces femmes dans les associations. « Ces femmes ont du courage et aiment beaucoup le travail. Elles ont juste besoin d’être suivi dans leurs activités pour qu’elles puissent aller de l’avant », a souligné Joseph Ntawumenya, ingénieur agronome. Ainsi, des enseignements leur sont octroyés en ce qui concerne le mode de culture, la gestion et la conservation de la récolte.
Toutefois, ces femmes se plaignent de la situation sécuritaire qui prévaut actuellement. «Cela handicape nos activités. D’habitude, quand nous travaillons, nous voyons des bénéfices. Mais il est difficile d’évaluer nos bénéfices dans cette situation. Nous risquons d’afficher des pertes dans certaines activités», a souligné Mme Kanyange.

Des femmes compétentes sont nombreuses

Quant à la recherche des marchés, d’autres encadreurs les aident à s’orienter et à savoir quelles quantités produires en vue de vendre tout en sachant qu’ils doivent conserver des semences pour la suivante saison culturale. C’est le travail de Gérardine Manirambona, une dame qui s’est donné comme objectif de rassembler ces femmes et de les aider à s’auto-prendre en charge. Dans un entretien qu’elle a accordé au quotidien Le Renouveau, elle fait remarquer que des femmes compétentes sont nombreuses. Certaines travaillent sans soutien, cultivent et ne trouvent pas de marché et finissent par consommer toutes leurs productions, y compris les semences. C’est dans ce cadre que Mme Manirambona les suit, leur cherche des spécialistes pour leur apprendre à mieux gérer ainsi que des marchés pour écouler leurs produits. Notre interlocutrice a fait remarquer que les femmes qui réalisent des projets se heurtent à des défis difficiles à relever car elles travaillent seules. En effet, certaines n’ont pas qui les orienter vers des associations alors que dernières les aident à gagner plus de confiance et à acquérir de l’expérience dans différents domaines.

La culture de légumes comme principale source de revenus

La plupart de ces associations étant basées à Bujumbura, ces femmes se sont concentrées sur des cultures qui ne dépendent pas beaucoup des saisons et qui trouvent facilement le marché dans la capitale. C’est, entre autres, les légumes comme les amarantes, les champignons et bien d’autres.
Pour la culture des champignons, culture qui ne dépend pas des saisons, et qui est pratiqué dans des endroits un peu obscurs aménagés à cette fin, l’agronome Ntawumenya a expliqué que c’est une culture qui ne demande pas grand-chose, mais qui donne de meilleurs rendements. En effet, elle est récoltée en trois semaines ou un mois. Sans oublier qu’après la première récolte, l’on poursuit la récolte sur une même champignonnière pendant une période d’un mois.
Les champignons sont des aliments très nutritifs. Ils contiennent des sels minéraux et des vitamines et sont une intéressante source de protéines. Les champignons comestibles peuvent faire l’objet d’une culture domestique, en intérieur dans une cave, un sous-sol, un garage ou une remise ou n’importe quelle pièce aérée mais sans courants d’air bénéficiant d’une température constante différente selon les espèces cultivées : de 16 à 18°C. Certaines espèces exigent même de fortes chaleurs et supportent jusqu’à 30° où 35°C. Les champignons comestibles se cultivent également en extérieur par exemple sur des souches ou des troncs d’arbres ou sur des bottes de paille. Produire ses propres champignons est moins compliqué qu’on ne l’imagine et demande peu d’investissements.

Un problème de capitaux se pose

La plupart du temps, la production agricole se heurte au manque de marchés. Quand par contre les acheteurs affluent, ce sont des produits qui manquent. Les cultivateurs de champignons rencontrés nous ont fait savoir qu’il peut arriver qu’on leur demande d’apporter 20 kg de champignons. En effet, certains Burundais ont découvert les bienfaits des champignons qui les vendent même dans des boutiques alimentaires. Mais comme les associations s’occupant de l’agriculture ne travaillent pas en synergie comme nous l’a signalé auparavant Mme Manirambona, il est difficile de dénicher une telle quantité à un particulier travaillant seul. En plus, certaines associations ayant des connaissances dans ce domaine ne veulent pas que les autres sachent le secret de leur réussite. « Comme ils en tirent profit et que les champignons se cultivent sur des aires cachées, ils demandent une compensation afin de partager leurs connaissances », a souligné M. Ntawumenya.
En plus, ceux qui ont le courage de faire progresser leurs petites entreprises se heurtent au manque de moyens financiers pour pouvoir accroître leur capital. Les petits agriculteurs font aussi face aux gros entrepreneurs et perdent leurs productions qui périssent. « Les acheteurs marchent avec ceux qui avancent vite et ceux qui trainent perdent », souligne Mme Manirambona. Ainsi, l’avantage pour les vendeurs est que la loi du plus offrant entre en jeu.

Ne pas compter sur le seul gouvernement

« En encadrant les associations, on est dans l’optique d’aider le gouvernement car tout le monde ne doit pas compter sur ce dernier », a fait savoir Gérardine Manirambona, encadreuse des associations. En effet, ceux qui sont encadrés transmettent leurs savoirs aux autres à travers leurs productions. Ils les incitent ainsi à faire comme eux. Toutefois, dans cet encadrement, un défi reste à relever : la concurrence entre les ingénieurs agronomes. « Cela est très désagréable quand on sait que l’on travaille tous pour le compte d’une même nation. Il serait sage que nous travaillions en synergie pour le bien de tous», s’est plaint M. Ntawumenya.