Intervention militaire au Tchad : la France reconnaît avoir « évité un coup d’Etat »

Nouvel éclairage sur l’intervention militaire française contre une colonne de rebelles au Tchad. Face à l’Assemblée nationale française ce mardi, le ministre des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian a reconnu qu’il s’agissait d’une intervention afin “d‘éviter un coup d’Etat” au Tchad.

La semaine dernière, l’armée française a multiplié sur plusieurs jours, des frappes aériennes contre des rebelles de l’Union des forces de la résistance (UFR). À l’annonce de cette intervention qui s’est soldée par la capture de “plus de 250 terroristes, dont quatre principaux chefs”, la saisie plus de quarante véhicules et “plusieurs centaines” d’armes selon l’armée tchadienne, la France évoquait une opération contre une “offensive djihadiste”.

Mais devant les députés français, le ministre français des Affaires étrangères a pour la première fois reconnu que Paris est intervenu pour éviter un “coup d’Etat”. “Il y a eu une attaque d’un groupe rebelle venu du sud libyen, qui est déstabilisé, pour prendre le pouvoir par les armes à N’Djamena et le président Déby nous a demandé par écrit une intervention pour éviter ce coup d’Etat venu du sud libyen, et pour protéger son propre pays”, a-t-il dit à l’Assemblée nationale.

“Ceci est tout à fait conforme au droit international et le Premier ministre en a informé le président du Sénat et de l’Assemblée nationale”, a précisé M. Drian.

Une bataille est perdue mais pas la guerre”

Mais cet argument a du mal à convaincre notamment dans les rangs de l’Assemblée nationale française et des rebelles de l’UFR. Le député Jean-Michel Clément (du groupe Libertés et Territoires) s’est du reste interrogé sur la frontière entre la force du G5 Sahel initiée par la France, et le rôle de l’armée française.

“Il y a un mélange des genres qui n’est pas très rassurant pour les pays dans lesquels nous sommes présents. J’ai presque envie de dire que ça nous rappelle un peu le passé où la France avait quelques interventions qui étaient faites au soutien de causes parfois discutables…”, a-t-il suggéré au micro de RFI.

De son côté, le groupe rebelle a dit compter sur les parlementaires français pour connaître les vraies raisons de l’intervention française. Mais surtout, pour initier une révision “des accords dits de coopération”, selon Youssouf Hamid, le porte-parole de l’UFR.

Dirigé par Timane Erdimi, le neveu du président tchadien Idriss Déby Itno, l’UFR est un groupe armé né en 2009, dont la majorité des membres et des chefs est à l’origine d’une tentative de putsch en 2008 stoppée in extremis aux portes du palais présidentiel de N’Djamena grâce à l’appui de l’allié français.

« Une bataille est perdue mais pas la guerre », a déclaré lundi à l’AFP Youssouf Hamid, porte-parole de l’UFR, après la capture samedi de plusieurs dizaines de ses combattants par l’armée tchadienne.

Mardi, le président Déby a entamé une visite à Abéché, la principale ville de l’Est, pour “s’enquérir de la situation sur le terrain”.

 

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