La vie politique au Burundi est très riche en inventivité et des termes nouveaux voient le jour spontanément et sont injectés régulièrement dans le vocabulaire courant utilisable et utilisé dans ce pays. Socialement parlant, c’est pour mieux caractériser avec précision les événements sociopolitiques qui s’y déroulent ou qui concernent la vie nationale, permettant de fait d’éviter toute confusion, tellement la précision du contenu du mot ne nécessite pas d’interprétation particulière ou d’écart de compréhension. Retenons dès aujourd’hui la cnaredsation en ifu y’imijira.
Le creuset de cette créativité linguistique trouve son origine dans le fait qu’on a observé qu’il y a souvent dans les affaires chaudes et froides du Burundi, la rencontre de plusieurs groupes d’individus, de plusieurs horizons, ne partageant aucun intérêt social réel évident mais tous ayant la haine sociopolitique comme dénominateur commun envers une cible commune. Il va s’en dire que la cible doit disparaître quel qu’en soit le prix et c’est là qu’une composante majeur de cet ensemble devient déterminante, à savoir celle qui va apporter le liant idéologique et le pognon. Ces dernières années nous avons connu les sans échecs, les sans défaites, les sans capotes, l’iboro, la nyakurisation, l’ikibiri, les rukoti, les mujeri, les sindumuja et aujourd’hui la cnaredsation en ifu y’imijira.
Dit-on que la créativité naît de la rencontre interactive entre des capacités cognitives, certaines caractéristiques émotionnelles et des facteurs environnementaux. Corollairement, son développement est fait de phases de croissance et de déclin mais de façon aléatoirement inégale et non prédictible. Cette interaction est supposée multiplicative, de telle sorte qu’un haut niveau de créativité ne peut être atteint que si la plupart de ces composantes sont à la fois présentes et de niveau élevé. Clarifions ce charabia tout au moins pour la cnaredsation en ifu y’imijira.
Le CNARED était né tambour battant avec le destin escompté de pouvoir grandir le plus vite impossible et de réaliser pour la composante financière, la révolution de couleur au Burundi pacifiquement, violement ou avec un coup d’Etat, tout chemin menant à Rome, en s’appuyant sur les dizaines de millions de dollars qui avaient été investis dans le projet. La proie cible ne pouvait en réchapper et devait accepter son sort ou comme une punition expiatoire. Aussitôt dit, aussitôt fait et le CNARED se mit au travail avec le zèle du converti, la récompense dégageait déjà son arome.
Chemin faisant, il se fait que le fonctionnement a connu au démarrage des soucis de réglage et le rodage ne s’est pas effectué comme il fallait, voilà que certaines pièces essentielles ont commencé à tourner tout en voilant et après un certain temps très court, toutes ces pièces ont grippé. Le CNARED ayant grandi le plus vite impossible et avec ces problèmes de mise en route de l’amalgame, des fuites incontrôlées sont apparues et aujourd’hui on assiste à l’étape finale de cnaredsation en ifu y’imijira.
Ils se disent qu’il reste un maigre espoir de se sauver en tant qu’entité née avec autant de tares, du moins pour ceux qui sont encore suffisamment lucides, c’est la jouer enfant prodigue et rentrer humblement à la maison. Un parent le reste quels que soient les égarements de ses enfants.
Pourvu que la cnaredsation en ifu y’imijira ne fasse plus d’autres victimes.
Ruvyogo Michel