Le test ADN désormais pratiqué au Burundi mais sous condition

Vue de ( KIRA Hospital ), Auteur de la photo  » Groupe de Presse Iwacu  »
Au Burundi, le test ADN est une nouveauté introduite par KIRA Hospital en mars 2015. Ce test génétique est le plus souvent sollicité pour des recherches de paternité. Mais les demandeurs semblent ignorer les conditions requises pour faire ce test.

Selon un des biologistes de KIRA Hospital, le test de paternité ADN est le plus sollicité et permet de confirmer que « le père présumé est bien le père biologique de l’enfant sans avoir besoin de tester la mère ». Ce test permet de déterminer si deux personnes ont un lien de paternité génétique en analysant leur ADN. « Chaque individu possède dans ses chromosomes des portions d’ADN qui codent des gènes. Parmi chaque paire de chromosomes d’un individu, il y en aura un qui correspondra aux caractéristiques du père et un autre à celles de la mère » poursuit notre source. Le test de paternité compare donc le profil ADN d’un enfant avec celui de son père présumé et révèle précisément si l’enfant a pu effectivement recevoir son patrimoine génétique du père présumé.

Seul un tribunal peut autoriser un test ADN

Avec l’introduction du test ADN au Burundi, beaucoup de parents se sont rendus au KIRA Hospital pour demander discrètement un test souvent sans que le conjoint ne soit au courant. Notre source biologiste précise cependant qu’ils se sont heurtés à un refus. La raison est simple ajoute notre source « ce test est normalement fait pour des raisons conflictuelles. Pour le faire, il faut d’abord que le couple concerné consulte notre neuropsychiatre pour connaître les motivations et les raisons de ce test ». Il est arrivé que des demandes de test ADN soient rejetées par manque de consentement des deux parents, ajoute notre source. Cet expert précise que pour leur laboratoire, « il y a des formulaires de consentement qui sont dûment remplis et signés par chaque participant au test et pour un enfant mineur, ces formulaires seront signés par les deux parents ».

Aussi, le test ADN se fait normalement « dans le cadre d’une procédure légale, le juge étant seul habilité à en faire la demande ».

Satisfaction des femmes juristes

Selon la coordinatrice de l’Association des Femmes Juristes (AFJ), le test ADN est une preuve tangible pour un enfant qui n’a pas été reconnu par son père. Marie Emerusabe précise que leur association accueille beaucoup de mères à la recherche d’une assistance juridique du fait qu’elles se heurtent au rejet des pères présumés de leur enfant. Pour le premier semestre 2015, l’AFJ a ainsi reçu 30 demandes de mères différentes qui cherchent la reconnaissance de paternité pour leurs enfants.

L’Association des Femmes Juristes estime aussi que le test ADN va permettre des avancées dans les enquêtes pour viol au Burundi. Ces juristes étaient souvent découragées par le fait que « plusieurs présumés auteurs de viol sont libérés faute de preuve tangible de viol ». Marie Emerusabe dit espérer que les juridictions vont désormais considérer la possibilité de tels tests ADN pour rendre justice aux victimes de viol et ainsi diminuer les cas d’impunité face à ce genre de crimes.

L’AFJ précise cependant que le test ADN est cher. Marie Emerusabe indique que leur association cherche des financements pour aider ces mères souvent vulnérables qui n’ont pas les moyens de payer pour ces tests génétiques.