La souveraineté du Burundi pesée par l’UA

Un Conseil de paix et sécurité restreint s’est tenu vendredi 29 janvier à Addis-Abeba, à la veille de l’ouverture du sommet de l’Union africaine. Une douzaine de chefs d’Etat présents ont, sans surprise, discuté du Burundi, du bras de fer entre la Commission de l’UA et le gouvernement de Bujumbura. Ce pays est enlisé dans une crise profonde depuis neuf mois, mais son régime s’obstine à refuser la force de protection décidée par l’UA.

On attendait beaucoup de la réunion consacrée vendredi soir au Burundi, et l’on se prenait presque à rêver d’un consensus. Mais le rendez-vous a accouché d’une souris. Après cinq heures de discussions : rien. Aucune décision arrêtée, mutisme du côté des chefs d’Etat présents.

Finalement, le commissaire Paix et Sécurité de l’UA, l’Algérien Smaïl Chergui, a dû annoncer qu’aucun accord n’était finalisé sur le Burundi et que la question était renvoyée à ce samedi avec l’ouverture du 26e sommet de l’UA.

Au début de la rencontre, pourtant, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a félicité l’Union africaine pour « le signal fort » qu’elle avait adressé à tout le continent lorsqu’en décembre, elle avait autorisé le déploiement d’une force au Burundi.

Mais ensuite, dans le huis clos entre la douzaine de chefs d’Etat africains présents à ce Conseil paix et sécurité de l’UA, plusieurs présidents, dont le Gambien Yahya Jammeh, se sont élevés contre ce qu’ils appellent une « atteinte à la souveraineté d’un pays africain ».

Le ministre des Affaires étrangères burundais Alain Aimé Nyamitwe l’a redit : « A aucune condition nous ne sommes prêts à accepter cette force. » Le gouvernement burundais se dit capable de contrôler son pays. C’est un État souverain.

La souveraineté étant sacrée, certains Etats se rallient à la position burundaise : sans consentement de Bujumbura, pas de déploiement possible.

La crise au Burundi aurait pourtant fait 400 morts selon les Nations unies. Amnesty International vient de publier des images qui, selon l’ONG, prouveraient l’existence de fosses communes. « Comme les armes de destruction massive en Irak, on attend de les voir », a déclaré M. Nyamitwe.

RFI