Burundi – Pierre Nkurikiye : «Ni la police ni l’armée ne sont au service du pouvoir»
La Police nationale du Burundi (PNB) est désignée par diverses ONG et par de nombreux habitants des quartiers contestataires comme l’un des rouages, à Bujumbura, de la répression menée par le régime depuis dix mois. Pierre Nkurikiye, son porte-parole, répond aux critiques.
Jeune Afrique : Que répondez-vous à ceux qui accusent la police burundaise d’être au service du parti au pouvoir ?
Pierre Nkurikiye : Que c’est faux. Ni la police ni l’armée ne sont au service du pouvoir. Il s’agit de la propagande du mouvement insurrectionnel. Si c’était le cas, comment expliquez-vous que des policiers qui se rendent coupables de délits ou de crimes soient arrêtés ? Après chaque blessure ou décès, nous diligentons une enquête menée par des officiers de police judiciaire. Aujourd’hui, plus de 80 policiers font l’objet d’une telle enquête.
Il faut savoir que les policiers sont des cibles. Quarante-cinq d’entre eux ont été tués depuis le mois d’avril 2015 – dont beaucoup par des grenades, en octobre notamment – et 350 ont été blessés. Nous savons qu’au Rwanda on recrute des déplacés burundais et on leur fait suivre un entraînement militaire. Ces criminels reviennent ensuite au Burundi et lancent des grenades dans les quartiers.
« Ceux qui disent que des civils ont été tués sont des menteurs »
Les forces de l’ordre sont accusées d’avoir tué un grand nombre de civils le 11 décembre, après l’attaque de camps militaires par des hommes armés…
Le 11 décembre, la police a mené des missions ordinaires qui ont consisté à limiter les mouvements dans les rues alors que l’armée poursuivait les criminels. Ceux qui disent que des civils ont été tués sont des menteurs. Ce sont des combattants qui ont été tués. Leur objectif était de prendre des armes et de libérer des prisonniers, puis d’attaquer la radio nationale.
De nombreux témoins disent avoir vu des Imbonerakure en tenue de policier. Est-ce possible ?
Ce sont des mensonges. Aucun Imbonerakure n’accompagne les policiers ou les militaires. S’il y a des civils à leurs côtés, ce sont des agents du renseignement. On a également recours à des informateurs, mais cela se fait dans le cadre des comités mixtes de sécurité. Il faut rappeler que la loi burundaise demande à la population de collaborer avec les forces de l’ordre.
Rémi Carayol