Rwanda-Burundi : Quand les crimes de Paul Kagame le propulsent au panthéon des tordus de l’histoire

Dans l’histoire de l’humanité beaucoup de noms évoquent aussi bien des comportements psychopathiques que sadiques, meurtriers que tyranniques. Paul Kagame est de ceux-là.

Notre président, plutôt notre Sire, puisqu’il vient d’être proclamé monarque à vie par les deux chambres parlementaires, en plus d’avoir tous ces comportements réunis, il a la réputation d’être un fou furieux et diabolique. D’aucuns n’hésitent plus à lui attribuer le nombre 666, ce fameux symbole de Satan.

J’ai eu la chance d’assister au montage final d’un film qui sortira prochainement et qui parle de guerres dans la région des Grands-Lacs. Dans ce film, un passage m’a fait pleurer. Et de toutes les façons on ne pourra pas (vous ne pourrez pas) regarder ce film sans verser des larmes. A moins d’être sadique, diabolique et vampire de surcroît.

Dans ce passage, un homme, cheveux grisonnants, raconte : « Notre camp des réfugies venait d’être détruit par les soldats du FPR, mon père était malade et ne pouvait pas marcher. Je l’ai porté sur mon dos. Nous nous sommes enfoncés dans la forêt. Au bout de trois jours de marche, nous nous sommes rendus compte que nous tournions en rond. Un moment donné, nous nous sommes retrouvés face à face avec les soldats du FPR. Et là, mon père m’a demandé de le déposer par terre. Il m’a ensuite demandé de lui tendre ma main gauche et ma main droite. Il a craché sur les deux mains et m’a dit ceci : frotte-toi le front et vas. Tu as ma bénédiction. Laisse-moi ici. Il m’a ensuite dit. Mon fils, que Dieu te protège. Aujourd’hui, je le verrai au paradis et la première chose que je lui demanderai c’est de te protéger. Vas. Et moi, j’ai pleuré et j’ai dit à mon père : Papa, s’il faut mourir je mourrai avec toi. Il me dit. Je suis très malade et je n’ai plus de forces. Mais toi, vas. Et si ton corps te refuse des forces, tu seras capable d’aller les chercher là où elles se trouvent, c’est-à-dire, dans ton courage et dans ton cœur. Ton courage et ton cœur t’écouteront parce que tu en es digne. Alors, vas mon fils et que Dieu te protège. Les soldats du FPR se rapprochaient de plus en plus. Alors, j’ai pleuré encore, j’ai embrassé mon père, je l’ai déposé sous l’ombre d’un arbre et je suis parti en courant. Ce fut la dernière fois que j’ai vu mon père. Je ne l’ai plus revu. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Je sais que là où il est, il me protège ».

Tous ces morts, tous ces portés disparus sont à mettre sur le compte de Paul Kagame. Croit-il que le Mapping report a été enterré ? Non, moi, je ne le crois pas. D’ailleurs, je parie que lui non plus ne le croit pas. Et cette réalité doit le hanter jour et nuit redoutant le jour où il n’aura plus d’immunité. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui l’ont poussé au tripatouillage de la constitution. La présidence à vie le mettra hors d’atteinte des juridictions nationales et internationales, croit-il.

Notre cher président a longtemps joué à l’enfant chéri et dorloté jusqu’à afficher une arrogance et une insolence hors du commun. Après avoir infantilisé Joseph Kabila alias Hyppolite Kanambe, après avoir érigé l’Est congolais en province rwandaise, il croyait que tout lui était permis.

A chaque fois, que les caisses de son entreprise (le Rwanda) se retrouvaient vides à cause de sa gabegie, pour les renflouer, il suffisait d’envahir l’Est congolais sous couvert des mouvements rebelles fantoches. Le M23, fut celui de trop.

Tout le monde le sait pour que Paul Kagame trouve sa tranquillité à l’intérieur du Rwanda, il faut qu’il déstabilise ses voisins. Il l’a fait avec son voisin de l’Ouest, la RDC, écrivais-je. Mais là, problème ! Il ne peut plus s’y aventurer comme il le faisait naguère. La brigade d’intervention de l’ONU, la fameuse brigade composée des soldats tanzaniens et sud africains est aux aguets. Et la défaite de Chanzu reste et restera à jamais encrée dans la mémoire collective de la soldatesque de Sultani Makenga, commandant en chef du M23. La récréation était bel et bien terminée.

Mais, comme l’homme veut vivre dans l’opulence en consommant plus qu’il ne gagne, comme il faut entretenir ses deux avions, il fallait trouver un autre point de chute, une autre zone géographique à déstabiliser, quoi : la Tanzanie et le Burundi.

Dans mon article publié le 12 novembre 2014 dont le titre était, « Les dernières jérémiades de Paul Kagame annoncent une fin de règne pathétique », j’avais écris ceci : « Beaucoup d’observateurs affirment que pendant que l’attention du monde occidental est plus tournée vers la guerre contre l’État Islamique en Irak, la guerre en Syrie, en Ukraine et que l’opposition politique rwandaise s’entredéchire, le régime de Paul Kagamé et le FPR sont en train de peaufiner un plan d’une guerre meurtrière contre le Burundi, les réfugiés rwandais en RDC et la Tanzanie ».

Avec le Tanzanie il a essayé allant même jusqu’à menacer son président d’alors Jikaya Kikwete qu’il l’attendra dans un coin reculé pour le cogner, le tuer disons-le carrément. Cependant, comme l’écrit si bien Cecil Kami dans son article intitulé « Les dernières cartouches de Kagame : culpabilisons leurs fils », avec la Tanzanie il fallait y aller prudemment.

Sans doute que le souvenir du sort d’un autre dictateur au verbe répugnant et à l’audace suicidaire, Idi Amin Dada qui a envahi la Tanzanie avant de le payer très cher a poussé l’homme fort du Rwanda à y réfléchir à deux fois. Il fallait donc s’y prendre autrement. Le Burundi d’abord, avec la Tanzanie on verra plus tard.

Le Burundi d’abord parce que Pierre Buyoya et les autres étaient dans le coup. Disons-le tout de suite Buyoya n’a jamais supporté de voir les FDD-CNDD au pouvoir. Il avait été contraint de négocier car il était en train de perdre la guerre. La ville de Bujumbura était encerclée, le monde rural était occupé, il y avait une sorte d’embargo vivrier. Alors, face à cette asphyxie, le pouvoir de Bujumbura n’avait pas d’autre choix que celui d’accepter de négocier avec le FDD à Arusha avec un projet caché de revanche le moment venu.

Les cadavres du lac Rweru, c’est Paul Kagame et ses hommes. Son objectif était de les mettre sur le dos des autorités burundaises pour début du génocide de Tutsis au Burundi. Ce stratagème n’a pas fonctionné. La mort du Général Adolphe Nshimiyimana et du Colonel Jean Bikomagu, c’est encore lui. Embuscades et explosions des grenades dans Bujumbura, c’est toujours lui. Et dans tous ces meurtres, il a fait choux blanc.

Les Imbonerakure tant décriés n’ont pas bougé malgré les provocations à répétition. Il n y aura pas donc un deuxième Rwanda. Et de toute façon le Burundi de Pierre Nkurunziza n’est pas le Rwanda de Juvénal Habyarimana. Il a dû s’en rendre compte. Il fallait qu’il passe à la vitesse supérieure : la médiatisation du génocide en cours au Burundi.

La fameuse conférence de Louis Michel et Marguerite Barankitse à Bruxelles, les déclarations de Pierre Buyoya sur les ondes de la RFI sur le génocide en cours au Burundi. Mais, la plus grande idiotie qui a sonné le glas des aventures meurtrières de Paul Kagame au Burundi fut commise par Maître Bernard Maingain avec ces fameuses images diffusées sur FR3 montrant « les Imbonerakure » en préparation du génocide.

Hélas, on découvrira par la suite que ces images ont été tournées en Afrique de l’Ouest et que la langue parlée n’est pas le Kirundi mais plutôt le Haoussa. C’était quand même osé de la part de l’avocat du diable, Maître Maingain.

Néanmoins, il aura réussi une chose : souiller l’image de la chaîne française qui n’avait pas encore fini de faire le deuil d’avoir été condamné pour avoir diffamé l’Abbé Wenceslas Munyeshyaka. Décidément, FR3 n’a pas de chance avec ses reportages sur la région des Grands-Lacs.

En d’autres temps, les images truquées ont porté leurs fruits. Rappelez-vous, pendant la guerre de 1990 au Rwanda, les propagandistes du FPR montraient partout les images du Liberia où les miliciens de Prince Jonson et ceux de Samuel Doe se massacraient. Ils n’hésitaient pas à affirmer que ce sont les Hutus qui massacraient les Tutsis au Rwanda. Et le monde entier a cru à cette supercherie. Mais, les temps ont changé.

Le Burundi qui a su jouer habilement, lentement mais sûrement, est en train de sortir de l’étau qui se resserrait autour de lui. Le génocide tant voulu par Paul Kagame, Pierre Buyoya, Louis Michel, n’aura pas lieu. Les soldats de l’Union africaine que Paul Kagame voulait de tous ses vœux espérant qu’il y aura parmi eux un autre Romeo Dallaire n’iront pas à Bujumbura. C’est raté. Vient le moment du retour du bâton.

Eh oui, on ne peut pas être un vampire sans pratiquer la magie noire. On ne peut pas pratiquer la magie noire sans avoir la connaissance du retour du bâton et ses conséquences. Paul Kagame devra s’y attendre. Le retour du bâton risque lui être fatal.

En annonçant qu’ils savent que le Rwanda déstabilise le Burundi, les USA viennent de donner le fameux la du diapason : le temps de l’isolement diplomatique est arrivé. On peut se dire que les trucs de Magayane ne sont plus à mille lieux.

Il est vrai que l’homme fort du Rwanda n’a pas dit son dernier mot, qu’il n’a pas vidé ses dernières cartouches, il n’empêche qu’il traverse les moments les plus difficiles de son pouvoir. Certes, il peut toujours compter sur un carré des fidèles inconditionnels. Il peut aussi compter sur ces nouveaux adhérents au FPR du côté de Montréal.

A propos, de ces adhésions, je me pose tout de même une question. Pourquoi monter dans un navire qui est en train de chavirer? Le cœur a ses raisons que la raison ignore, dit-on. Qu’ils adhèrent au FPR actuel, c’est leur droit le plus absolu. Quitte à sombrer avec le navire.

Qu’on me demande ce que je pense de Paul Kagame, je réponds sans hésiter que c’est un personnage cruel et tyrannique, tellement cruel et tyrannique qu’il appartient au panthéon des tordus de l’histoire. En tout état de cause, de lui, l’histoire ne retiendra que sa cruauté avec des centaines des milliers de morts à son actif.

Maurice Shankuru
[Democracy_Human_Rights]
21 février 2016