L’actuelle crise est conséquente d’un douloureux passé ″non éclairé″, estime la CVR

L’actuelle crise burundaise est conséquente d’un douloureux passé non éclairé, a estimé mardi à Bujumbura, Mgr Jean-Louis Nahimana (photo), président de la Commission vérité réconciliation(CVR), au cours d’un entretien avec l’ABP.″Année après année, épreuve après épreuve, les souvenirs de ce passé non éclairé et les impunités qu’il couvre, ont affecté de manière sournoise, les perceptions, les attitudes et les comportements des millions de Burundais, acteurs politiques et citoyens ordinaires confondus″, a-t-il précisé.

Le prélat burundais, qui s’exprimait en marge d’une journée de réflexion organisée par la CVR sur la place et le rôle des victimes des diverses crises cycliques violentes (1965, 1972, 1988 et 1993) dans le processus de Justice de transition(JT) au Burundi, a fait remarquer que ce passé ″mal éclairé″, a largement contribué à l’instrumentalisation des jeunes, en tant que victimes, mais aussi comme acteurs à cause de leur fragilité sur la connaissance de la vérité sur les crises du passé.

Pour Mgr Nahimana, la nécessité de faire éclater rapidement la vérité sur les diverses tragédies sanglantes burundaises, milite pour un soutien immédiat aux travaux de la CVR, afin de contribuer au recouvrement d’une paix pérenne et à rompre avec les cycles de violences.Pour lui, la réussite de la mission assignée à la CVR oblige celle-ci à approcher les différents protagonistes politiques sur l’actuelle crise, afin d’aider au déblocage de l’actuelle impasse dans laquelle se trouve le dialogue politique inter-burundais.Mgr Nahimana a demandé à ces protagonistes de revenir à la raison, de penser beaucoup plus à l’intérêt supérieur de la nation et d’éviter de s’enfermer dans leurs intérêts sectaires.

″Je peux me tromper certes, mais c’est mon constat ; j’ai l’impression que nous sommes au Burundi, dans une course pour les postes, si bien qu’on pense moins aux conditions du petit citoyen burundais. Avec une crise qui perdure, ce sont les petites gens qui en payent les pots cassés″, a-t-il souligné, en affirmant que la CVR est disposée à apporter sa pierre angulaire à l’édifice pour que les protagonistes de la crise burundaise s’engagent résolument pour de véritables pourparlers de paix.

Pour le président de la CVR, la réussite du dialogue inter-burundais sera conditionnée par la définition d’un agenda ″sérieux″ engagé à discuter sur les conditions minimales qu’il faut, pour que le Burundi ne continue pas à rééditer tous les cinq ou dix ans, les mêmes crises.

ABP, 30.03.2016