Dans les enceintes d’un complot de haut niveau

Les temps ont été les plus durs mais ils ont aussi été les plus instructifs de toute l’histoire de ce peuple longtemps meurtri par des guerres fratricides et qui commençait juste à s’en remettre. Ces derniers mois-une année presque, le peuple a infligé une rude leçon à certains hommes de la classe politique et à certains prétendus activistes des sociétés civiles. Il a montré son indivisibilité malgré la pestilence des langues des oiseaux de mauvais augure. Il a fait preuve d’unité devant les circonstances fâcheuses, et grandes et fortes qu’aient été les multiples tentations, il a tenu bon, tête sur les épaules pour ne plus tomber dans le piège des extrémistes qui voulaient tirer profit de la fragilité du tissu social burundais. Des leçons, encore et encore des leçons. Si certains acteurs politiques n’ont eu que désillusion et déception, le fait est que le peuple, dans toute sa diversité et sa majorité, leur a opposé un cuir.

Le conflit burundais est politique. Politique certes mais la faible dose d’ethnicité apportée par certains acteurs politiques y est/était d’une influence tacite. Cette crise n’a jamais été le fruit du hasard. Elle a été préparée depuis fort longtemps- les propos de Sinduhije sur Iwacu en 2012 en dit long- et certains y ont mis les pieds sans savoir le terrain sur lequel ils s’engageaient. Certains hommes politiques ont prouvé leur immaturité et leur inefficacité en ce qui est de la gestion et sauvegarde de l’unité nationale et du renforcement de la réconciliation sociale. Si le conflit actuel est politique, il a été précédé et nourri par des arguments ethniquement tendancieux d’abord de la part de ceux qui combattent le régime du cndd-fdd et puis, d’une manière ou d’une autre par le pouvoir lui-même. Mais, en réalité, ceux qui ont voulu nous créer un conflit ethnique l’ont fait bien avant le début ouvert de la crise-Léonce Ngendakumana et ses correspondances à Ban Ki Moon le prouve à suffisance. Heureusement, c’est grâce à la résistance de tout le peuple que la division a échoué. La diversité des identités ethniques n’est pas en soi un problème. Elle le devient quand certains essaient de s’en servir pour conquérir le pouvoir politique.

Il fallait déshumaniser la jeunesse du parti présidentiel pour jouer la course. Dire d’abord qu’elle a été militairement formée et qu’elle a reçue des armes de la part du gouvernement pour seconder les forces de défense et de sécurité et puis l’assimiler aux fameux INTERAHAMWE du Rwanda pour enfin victimiser une certaine frange de la population en présentant le régime comme véhiculant une « idéologie génocidaire » et « des actes génocidaires ». C’était tout un complot complexe et bien élaboré. Pendant les violentes manifestations, des manifestants ont persécuté, torturé, mutilé, tué et brûlé vifs plusieurs de ceux qui étaient suspectés d’appartenir au parti au pouvoir. Or, c’est cette nonchalance, prenant essentiellement source à l’opposition politique radicale, de catégoriser les gens à partir de leur faciès qui a nourri la fibre ethnique dès lors.

Certains de ceux ayant trempé dans la politique de la division n’ont pas manqué à prophétiser des apocalypses contre le Burundi. On se souviendra des mots d’un certain Pacifique Nininahazwe, à la veille de l’essoufflement de la contestation quand il disait que’ l’échec de la protestation marquera le début inévitable d’une guerre civile’. Il y a donc eu une volonté manifeste pour certains leaders politiques et citoyens de verser dans la division pour des intérêts politiques.

Ce mandat n’était qu’un prétexte, un arbre qui cachait à mal la forêt. Cette cause (un mandat de trop) n’était que de la poudre aux yeux. Personne des leaders de l’opposition n’y a jamais cru. Ce n’est pas Sinduhije et encore moins Nininahazwe qui me contrediront. Si un leader n’ose pas, physiquement et ouvertement, courir les risques pour défendre une cause pour laquelle il incite la jeunesse à mourir, c’est que cette cause est tout sauf noble et que ce leader est tout sauf responsable. A quoi bon citer des grands hommes si on ne peut pas marcher dans les traces de leurs pieds ? On a eu des leaders amateurs, fanatiques et opportunistes qui ont voulu piloter une révolution plus lourde et plus complexe qu’eux.

Des comparaisons hâtives et excessivement erronées tombaient au jour le jour comme des pluies acides. Dire que le Burundi vit/vivait les mêmes moments que le Rwanda de 1994 est/était simplement malhonnête. On se doit d’édifier des différences sociales des deux pays. Contrairement au Rwanda, le Burundi a un accord sur le partage de pouvoir politique et militaire entre les composantes ethniques et l’ethnie, au Burundi, n’est pas un mot tabou, ce qui n’était pas le cas au Rwanda. Il y a une certaine culture de mensonge profondément ancrée dans les veines de certains et c’est elle qui a toujours été la cause des maux qu’a endurés le peuple burundais.

Manquant à nommer la maladie par un nom propre, ils se sont donnés à travestir la vérité, retoucher frontalement et faussement l’histoire de tout un peuple. En substance, c’était tout un paquet de mensonges qu’ils vendaient au monde. C’est cette racine amère qu’il faudra extirper pour guérir. Ça fera certes mal mais ça en vaudra la peine. En attendant les fruits de la CVR et du dialogue inter-burundais pour renforcer ce que le peuple a bien fait, améliorer ce qui n’a pas bien marché et corriger les erreurs historiques qui l’ont embourbé dans le bourbier haineux , afin de ne plus jamais patauger dans cette semoule , le peuple peut se féliciter pour avoir réalisé un exploit héroïque et historique devant les extrémistes de tout genre. Ce n’est certes pas fini car il y a encore des aventuriers qui comptent se faire entendre par la violence mais ils ne gagneront pas. C’est un fait : le complot de haut niveau faisant état de génocide en cours/en préparation a été déjoué/arrêté.

fridolinandres