A l’occasion de la commémoration de l’assassinat du Président Cyprien Ntaryamira

Le président Cyprien Ntaryamira a eu juste deux mois à la présidence du Burundi. Mais il a laissé aux Burundais un principe que nous aurions intérêt à appliquer : la discipline !

A l’occasion de la commémoration de son assassinat, j’ai choisi de relever quelques mots (maux) qui font le malheur de notre pays : le refus de dire la vérité et l’impunité assurée aux criminels. Et si en ces domaines, nous mettions un peu plus de discipline dans notre vie !

Du fruit de ses paroles, chacun tire du bien en abondance et recueille le salaire de son travail.

Au Burundi, nous aimons parler. Notre culture est principalement orale. La maîtrise de la parole est un signe de maturité. On ne dit pas n’importe quoi (irisunitswe n’impemu). Parfois on préfère se taire pour ne pas révéler le fond de sa pensée (ntaguhandwa ku rulimi ikirenge kihari). Car on peut se laisser piéger par ses propres paroles (ijambo rigukunze rikuguma mu nda).

Tout cela est beau, sage et admirable. Mais quand il s’agit de dire la vérité, il faut plus de courage et moins d’hypocrisie.

Et c’est là où nous, les Burundais, avons à changer, à nous améliorer…

La dernière crise, celle communément appelée « crise du troisième mandat », n’aurait pas pris des dimensions aussi dantesques si nous avions été des hommes de parole, des hommes qui osent la vérité.

A cause de ce manque de franchise, plus de 400 vies humaines ont été sacrifiées. 250.000 personnes ont abandonné leurs foyers et pris le chemin de l’exil. Alors, il faudrait que nous parlions de ce défaut qui nous est particulièrement cher : vivre dans le mensonge.

Qui profère la vérité fait éclater la justice; le faux témoin, la fausseté.

Si dès le départ, nous avions été sincères avec nous-mêmes, la question du troisième mandat aurait été rapidement réglée. Mais, pour des ambitions cachées et mal définies, les protagonistes ont usé d’artifices. La fausseté a eu droit de cité. La justice a tourné le dos à la patrie plongée dans les ténèbres des mensonges.

Au lieu d’un conseil de sages, nous avons vu des attroupements de gens qui laissent éclater leur colère… Courtoisement, nous parlerons de manque de retenue ! Beaucoup de nos responsables politiques ont gravement manqué de retenue.

Alors, les nations ont tremblé pour le Burundi : « Ces gens, comme on les connaît, ils vont nous offrir le spectacle affligent d’un génocide ! » Certains semblaient même excités par l’idée d’un génocide à suivre en direct. D’autres ont mis en place des mécanismes pouvant provoquer la folie générale d’un génocide…

Heureusement, la vérité a crevé les écrans des montages malveillants et des propos délirants. Si aujourd’hui, la conflagration attendue n’est pas au rendez-vous, c’est parce des hommes et des femmes audacieux se sont engagés à combattre la rumeur, à défaire le mensonge et à réprimer le crime…

Nous pourrions nous joindre à eux en nous engageant à réhabiliter cet homme d’Etat, feu président Ntaryamira Cyprien, qui a été sacrifié sur l’autel du mensonge. Vingt-deux ans après son attentat, aucune juridiction n’a eu le courage de faire la vérité jusqu’au bout.

La nuit peut être longue mais le jour finit par naître !

Faire la vérité.

Quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de crainte que ses œuvres ne soient démasquées. Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées.

Soyons de ceux qui font la vérité car c’est elle qui nous rendra libres !